vendredi 18 novembre 2011

Thés, lectures et beaux souvenirs

Après le petit-déjeuner sans œuf à la coque, je n'en avais plus envie, retour dans mon cocon pour continuer mes découvertes. Les cadeaux dans leurs écrins et des sachets de dégustation, merci à mon généreux donateur. Je les sors précautionneusement, elles contiennent beaucoup d'émotions gustatives en perspective. Les sacs derrière en contiennent d'autres qui se retrouveront bientôt au pied du sapin, plaisir d'offrir en sachant comment ce sera reçu, dans cette gamme il est difficile de se tromper...Je ne toucherai pas à ces jolies boîtes griffées ThéOdor pour le moment, je les range dans leur niche sous celles de l'ancienne collection. Ce matin, j'ai l'humeur voyageuse et changeante aussi, je choisis donc le Yunnan Hue que je ne connais pas et une petite théière.Dès l'ouverture du sachet, le terroir si typique de cette région caresse mes narines, les magnifiques feuilles sèches sont comme des promesses gustatives intenses. Tout ce que j'aime se retrouve dans la tasse: chaleur, force en même temps qu'une certaine douceur que je ne retrouve pas dans mes 2 autres Yunnan me semble-t-il. Cela me donne l'idée de faire plus tard une dégustation comparée des trois: encore du plaisir à venir..La théière est à présent vide, j'ai envie de lecture, et de thé évidemment. Cette fois, ce sera celui que m'a offert Ségolène lors de notre rencontre samedi dernier chez Thés de Chine. Et la théière dans laquelle j'avais infusé pour la première fois ce thé si particulier qu'à l'époque, vu son odeur de lait, j'ai eu peur de ne pas apprécier. ( http://la-theiere-nomade.blogspot.com/2008/08/date-symbolique-thire-symbolique.html ) A l'époque, mon amie Lingling m'en avait expliqué la symbolique. Je commence ma lecture par un fou rire, ce que c'est d'être en avance sur son temps! Une première partie consacrée aux origines et à l'histoire: ce n'est pas pour rien que j'ai ressorti cette boîte (vide depuis longtemps, mais je les collectionne aussi et à l'époque, son contenu a servi dans des cocktails aux fruits et comme thés glacés). La date correspond exactement à la fin de la première guerre de l'opium, pas joli, joli ce qui s'est passé là-bas. Et dire qu'un des enjeux de ces guerres était le thé! "C'est que l'empire du milieu (...) n'avait que faire des produits manufacturés anglais, dans le même temps qu'augmentait dangereusement la demande anglaise de thé et de soieries, financée à ce stade par l'opium indien vendu dans le Sud-est asiatique par les contrebandiers de l'opium - un véritable blanchiment de la drogue avant la lettre" (page 36). Et plus loin, "simultanément, la quasi-disparition, depuis 1784, des taxes d'importation sur le thé en Angleterre avait provoqué une explosion de la consommation. Le commerce de l'opium devenait ainsi le pilier du commerce du thé (...)" (page 44). Vient ensuite la description détaillée des "objets nécessaires au fumeur"... Ils sont tellement beaux que déjà en visitant l'exposition je me suis demandé si je n’allais pas" virer ma cuti"... La pipe: celles représentées constituent pour la plupart de vraies œuvres d'art, mais les tortues ont payé un lourd tribut. Les fourneaux. Les lampes. Les aiguilles. Les boîtes à opium (bien plus petites que celles à thé donc plus faciles à collectionner...). "Théière au thème du pavot, fourneau, outils et allumettes".Le tout début de la partie consacrée au rituel peut s'appliquer au thé: "Entre recherche esthétique et quête spirituelle, le rituel devait être précis pour obtenir un effet optimum et les outils devaient faire l'objet d'un soin particulier. Le petit monde du fumeur d'opium possédait, en effet, ses rites et rassemblait des catégories différentes d'objets à usages précis". Je m'assiérais bien à la petite table du fond, le thé semble m'attendre... Il est encore question de thé dans la très intéressante partie intitulée "La drogue opium" (page 126): C'est ainsi que le fumeur de peu de moyens refait avec le dross, par décoction dans le thé ou l'alcool, un nouvel opium à fumer, et cette pratique, renouvelée trois, quatre, voire cinq fois, est celle qui l'intoxique". Dans la partie intitulée "Les sensations éprouvées", je retrouve aussi ce qui peut parfaitement s'appliquer au thé (page 152): "(...) A la première inhalation, et assez rapidement, une chaleur envahit le fumeur, pénétrant tous ses membres du fait d'une plus grande rapidité de la circulation du sang. S'instaure alors très forte impression de repos intérieur, d'équilibre parfait du système musculaire et nerveux, accompagnée d'une harmonie de toutes les fonctions avec une perspicacité des sens, de l'œil et de l'ouïe et une extrême palpabilité des doigts. La présence mémorielle des faits s'en trouve magnifiée. Une intelligence et une compréhension des choses se fait plus rapide et plus limpide, assortie d'un raisonnement plus perspicace". Et plus loin s'explique la présence des théières: " (...) on a constaté dans la plupart des cas que l'opium n'empêchait pas de s'alimenter ni de boire, raison essentielle de la présence fréquente sur le plateau d'une théière permettant au fumeur d'étancher sa soif." J'ai dévoré d'une traite ce livre magnifique, bien plus qu'un simple catalogue d'exposition qui se termine ainsi: "Paradoxalement, depuis le départ de l'occupant japonais, qui avait orchestré le dernier trafic, la Chine moderne ne fume plus!" Je ne peux que vous encourager à aller voir cette superbe exposition au Louvre des Antiquaires: 2, Place du Palais Royal, jusqu'au 27 novembre. Ou de vous procurer le livre dont le papier glacé dégage une sensualité complété par les illustrations, témoins du savoir-faire des artistes qui ont façonné ces merveilleux objets. Il va rejoindre ma bibliothèque consacrée aux livres sur le thé, et quelques exceptions de qualité. Quant à ce Milky oolong qui a accompagné ma lecture, je l'ai redécouvert avec plaisir. Merci Ségolène pour ton "cadeau coup de cœur", il est venu à point, je n'en avais plus. Quant j'ai voulu déposer les feuilles dans la jardinière après 2 passages, elles sentaient encore tellement que j'ai risqué une 3e infusion, et j'ai bien fait! Si elle a moins de force que les 2 premières, j'ai l'impression de boire de la vanille liquide, avec cependant encore et toujours ce goût milky, surprenant et très agréable, la théière employée fait quand même +/- 60 cl... Et ce soir, je quitte ThéOdor pour Toraya et d'autres beaux souvenirs. Mais là, ô surprise: je lis que le sarrasin est produit en Chine... mais fabriqué au Japon! Peu importe, ce sera de toute manière excellent. Les graines sèches sentent la noisette grillée. J'aurais aimé un yokan aux pommes, mais... alors, je le remplace par mes kokeishis, pas pour les manger, seulement pour faire un petit clin d'œil à ma chère Framboise. Et je commence la lecture de ce petit livre, je l'abandonne vite, je n'accroche pas. Je grignote quelques petites graines, mais j'arrête très vite, je ne suis pas une perruche...Je pensais d'abord entamer la lecture de ce deuxième livre mais je commence à fatiguer, je me contente donc de regarder les belles images pendant que mon bain coule. Encore une longue journée comme je les aime...

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonsoir Francine,
Photos sublimes comme d'habitude !!
Quels beaux voyages nous pouvons faire à travers ton blog ! Que du bonheur !
Et grand merci pour ton mail ;-)
A bientôt
Nathalie de Lorraine

Lihua pour les Arts et la Culture Chinoise a dit…

Bravo pour cet article.
Il serait peut-être intéressant de préparer ce milky oolong façon gonfucha.

Francine a dit…

@ Nathalie: merci, c'est un vrai plaisir pour moi de partager ma passion et les découvertes qu'elle entraîne. Bon WE, bons thés.

@ Lihua: merci pour le conseil, mais cette fois il fut un thé de lecture et j'ai été très surprise par sa réaction en "grande" théière et sa "longue vie"...