dimanche 20 novembre 2011

La vie, d'un bout à l'autre...

J’attendais cette rencontre avec impatience, je ne savais pas qu’elle serait empreinte de gravité et d’authenticité et qu’elle nous ramènerait à l’essentiel : le sens de la vie. D’habitude, quand nous nous rencontrons, nous redevenons des adolescentes attardées, un peu fofolles malgré nos âges : elle est mon aînée de 3 mois. Mais aujourd’hui, il en fut tout autrement. Quand nous nous sommes vues à Paris, je l’ai trouvée fatiguée, mais le bonheur peut être égoïste : alors quand j’ai vu ses traits tirés, je lui ai demandé si cela allait, je me suis contentée de sa réponse… Sur un petit nuage, je ne me suis pas posé de question, aujourd’hui je sais : Chantal, en rémission depuis 6 ans en est à sa 3e récidive et cette fois "c’est la bonne", comme elle dit avec un sourire que je connais bien, elle ne répond plus au traitement… "Mais la bête ne m’aura pas si facilement". Quand je lui ai demandé pourquoi elle ne m’avait rien dit dimanche passé, elle m’a répondu qu’elle ne voulait pas gâcher mon plaisir d’être à Paris, que cela ne changerait rien : beau geste d’amitié, c’est tout elle cela. Nos échanges ont donc été graves et existentiels aujourd’hui. Nous n’avons aucun tabou entre nous et nous avons parlé de l’aménagement de sa fin de vie. Nous avons abordé l’autre bout de la vie : tout comme moi, elle aime trop la vraie vie pour se voir diminuée, dépendante, en trop grande souffrance. Nous n'avons pas de pensée définitive sur l'après mort, mais notre crédo c'est de vivre intensément le présent. Je lui ai parlé de Lucy-Jane (http://la-theiere-nomade.blogspot.com/2011/08/dun-monde-lautre-entre-impuissance.html). Elle m’a alors demandé d’être sa personne de confiance pour s’assurer que ses volontés soient respectées, j’ai accepté bien sûr, heureuse de pouvoir lui rendre ce service si particulier, même si je sais que ce ne sera pas simple. Depuis août 2002, un document légal existe, intitulé "Déclaration de volonté pour ma fin de vie". Quand elle l’a rempli, elle s’est sentie en paix et nous avons alors parlé de la vie, des petits et grands bonheurs de nos routes déjà longues. De l’amitié aussi, qu’elle comme moi cultivons avec passion. Et de nos voyages : elle a vécu 5 ans au Japon, je lui ai proposé de regarder le reportage quotidien de Nikosan (http://www.nikosan.com/2011/11/19/chakai-au-parc-ritsourin ). Elle a adoré. De même le repas mais je n’ai pas envie d’en parler maintenant, je referai ces plats à la fois simples et savoureux. Nous avons aussi partagé le thé, et avant de partir, plus détendue, une infusion de sarrasin. Une journée particulière où les mots authentiques, et des regards francs et appuyés ont pris toute leur valeur.

4 commentaires:

Thé noir a dit…

Ce ne sera pas simple, en effet. Je suis de tout coeur avec vous deux devant ce chemin plein d'ornières et de leçons. Je recommande la lecture de ces livres au même titre: La dernière leçon (extraits http://2teaspoons.blogspot.com/2007/03/la-dernire-leon.html).
Kris

BrigitteD a dit…

Peu de mots pour t'exprimer ce qu'on ressent à la lecture de ton blog aujourd'hui , tu es quelqu'un d'exceptionnelle et c'est vraiment rare et précieux ...Avec toute mon amitié Brigitte

Anonyme a dit…

Que dire de plus ...
Peut être, simplement,que mes pensées affectueuses vous accompagnent,mon Amie & l'Amie de mon Amie.
Ta Cerise préférée.

Francine a dit…

@ Kris, Tes mots simples et vrais me vont droit au coeur...

@ Brigitte: merci

@ ma cerise préférée: je te reconnais bien là et ecla me fait du bien

@ vous trois: le thé est ici un excellent dérivatif