jeudi 31 juillet 2008
Le thé du Capitaine, tonnerre de brest!
Le parfum des feuilles infusées est moins prenant et une odeur de marée s'en dégage, les morceaux d'algues se présentent sous forme de brindilles et, chose curieuse, il y a des feuilles vertes qui n'ont aucune saveur, du moins pour mes papilles,est-ce du thé ou alors des algues? L’infusion même, d'un orangé prononcé, ne goûtait d’abord que l’orange; mais une fois cette saveur forte (comme le vocabulaire du célèbre Capitaine) un peu passée, une légère saveur de marée apparait. Rafraîchissante en cette fin de journée torride. Je ne pense cependant pas que LE capitaine aurait aimé ce breuvage, tonnerre de brest, ce n'est pas du whisky voyons.
Je ne l’ai pas transvasé dans un verre mais dans une 2e théière, une " Tea for one", appellation que je préfère nettement à "Egoïste", je ne sais d’où vient ce terme saugrenu. J’ai choisi cette théière parce que c’est aussi un cadeau de Guylaine, je m’en sers seulement en été pour boire des thés verts "ordinaires", le plus souvent sur la terrasse ou dans le jardin, c’est plus facile que le gaiwan qu’il faut remplir plusieurs fois.
mercredi 30 juillet 2008
C'était la première...
En rentrant, la première chose que j’ai vue, c’est la théière mutilée mais je n’ai plus ressenti ce pincement au cœur et mon cerveau s’est remis à fonctionner, j’ai voulu l’honorer une dernière fois. Je suis allée l’immortaliser dans la serre, au milieu de cette plante qu’elle a transformée pour nous en faire apprécier toute la saveur. Je ne sais pas si je parviendrai à la jeter et m’en servir comme vase est dangereux mais je la vois avec d’autres yeux non pas vides et tristes mais complices en me remémorant tous les bons moments avec elle. Quant à « Tonnerre de Brest », il infuse maintenant dans une autre théière en verre, je le boirai ce soir ou demain en pensant à ces moments trop courts mais imprimés en moi pour l’éternité. Et pour moi, c’est comme si l’ancienne lui transmettait le flambeau, chaque fois que je me servirai de cette petite " Tea for one ", je penserai à l’autre, la tristesse en moins, la reconnaissance en plus.
Merci Guylaine d'avoir provoqué cette résurrection...
lundi 21 juillet 2008
Une découverte: un Bi Lo Chun de ... Taiwan
dimanche 20 juillet 2008
Un "Te de cacao", un "chocolathé"?
La première bonne surprise, c’est que la cellophane, avant même d’être ouverte, embaumait littéralement le chocolat. Cela m’a immédiatement rappelé ma jeunesse et une visite faite à la firme Côte d’Or, LE chocolat belge (de l’époque, on l’a expatrié aujourd’hui). J’ai retrouvé exactement la même odeur envoûtante en même temps que légèrement écœurante. En effet, lors de cette visite, nous pouvions goûter à tout et tant que l'on voulait (et qu'on pouvait), ce dont on ne s’est pas privé, mais c’est devenu très vite impossible, nous étions comme imbibées par cette odeur prenante, rien que de respirer nous donnait l’impression de manger cette friandise tant aimée. J’ai découvert ce jour-là les délices de l’écœurement.
Le contenu était lui aussi surprenant ! En le voyant, j’ai eu l’impression que quelqu’un (peut-être même un animal, un singe par exemple) avait soigneusement récolté les enveloppes des "graines" de cacao ainsi que la pellicule de celles-ci pour en remplir le sachet. L’odeur, toujours aussi prenante, m’étonnait : comment pouvait-elle être aussi forte alors que je ne voyais que des "déchets" ?
De thé, par contre, aucune trace ! Forcément, j'ai le sachet à côté de moi et je viens de lire : "Ingredientes : cascara de Cacao tostada".
Je décide cependant de suivre les indications du sachet, du moins ce que j’en ai saisi, et de préparer ce breuvage. Version originale : "Coloque una cucharita de Te de Cacao porc ada taza de agua hirviendo, déjela en reposo, cuele y endulce a su gusto con azucar o miel". Ma traduction, sans doute très approximative : mettre une petite cuillère de Te de Cacao dans un tasse d’eau bouillante, infuser et laisser reposer, y ajouter sucre ou miel selon le goût.
J’observe ce breuvage bizarre, l’eau commence à se colorer en brun tirant sur le gris et une fine pellicule apparaît à la surface, ce n’est pas très appétissant mais l’odeur persiste mais, curieuse et gourmande comme je suis, je décide quand même d’y tremper mes lèvres, et mon audace a payé : la saveur est celle d’un cacao amer à la première gorgée mais celui-ci ne garde pas du tout l’amertume et c’est assez agréable à boire… et tient longtemps en bouche, à peu près une heure sépare la dernière gorgée du le moment où j’écris, et j’ai toujours cette saveur en bouche. De plus, chose très curieuse, j’avais faim au moment de préparer ce Te improbable, elle a totalement disparu !!!
Les "feuilles" par contre étaient devenues très foncées et l’odeur qui s’en dégageait était encore plus forte, j’en ai alors goûté une, c’était positivement immangeable, plus aucune saveur de chocolat mais bien de brûlé. Voilà tout ce que je peux dire de ce Te de Cacao.
Par contre Chocolathé existe, je l’ai rencontré mais cela fait partie de mes belles rencontres, ce sera pour plus tard...
mardi 15 juillet 2008
"Il suffit de passer le pont..."
Un jardin de thé à Lille: Cha Yuan
Après avoir anticipé le plaisir en regardant la vitrine, on pénètre dans cette ancienne maison superbement rénovée et nous quittons alors "le bruit du monde" pour entrer dans ce havre de paix chaleureux et accueillant, un lieu hors du temps. Une vraie caverne d’Ali Baba où l’on peut trouver de nombreux thés, plus de 300, des plus rares aux plus humbles, chinois, japonais, indiens, népalais mais aussi venu d'Amérique et d'Afrique du Sud, d'autres plantes comme le maté et le Rooibos. Sans oublier, comme le montre la photo suivante, tout ce dont on a besoin pour lui rendre hommage en l’infusant correctement. Une brochure décrivant chaque thé peut vous guider dans vos choix. Mais aussi une étagère "senteurs" remplie de petites boîtes pleines de thé vous permet de les humer avant de vous décider.
L’âme de ce lieu ? Jean-Benoît Bourrel, à l’image du lieu, si professionnel, passionné par son sujet dont il parle avec fougue et qu’il fait découvrir avec talent et modestie à tout qui s’y intéresse. Et cela, toujours avec un large sourire qui en dit long sur son état d’esprit. Ceci termine la première partie de mon récit, comme une mise en bouche, une envie d'aller plus loin. Suivez-moi, il suffit de passer le pont...
lundi 14 juillet 2008
La belle histoire d'une théière relookée, d'un thé de méditation et d'un grand geste d'amitié
vendredi 11 juillet 2008
Un thé vert ... bolivien!
Mais le thé, même en ce moment de doute et de tristesse, a sur moi un effet salvateur : en dégustant ce breuvage, je me sens apaisée.
Je n’en ferai pas une analyse gustative classique ici, sachez seulement que j’ai suivi les indications du sachet : 75 – 80° pendant 3 minutes ; je l’ai fait infuser 2 fois ; la première à 70° la 2e à 80°. Plus de précisions, ce sera pour plus tard. Les photos vous donnent déjà des informations visuelles…
jeudi 10 juillet 2008
Thé vert, thé amer qu'ils ont dit. Moi je dis écoeurant...
Dégustation du Jun Shan Yin Zhen, un thé jaune plein de surprises
Si ces ouvrages traitent du même sujet, certains détails ou la manière de présenter les choses varie d’après les auteurs et je trouve intéressant de confronter les points de vue voire parfois de relever certaines divergences. Et comme la plupart de ces livres sont superbement illustrés, c’est toujours pour moi un grand plaisir de les relire.
1. BECAUD N., Le thé, la culture chinoise du thé, Lyon, Ed. S. Bachès, 2004.
2. CHEN W., Le thé, joyau de l’empire du milieu, Paris, Quimtao, 2000.
3. GAUTIER L., Le thé, arômes et saveurs du monde, Genève, Aubanel, 2005.
4. MONTSEREN J., Guide de l'amateur de thé, Paris, Solar, 1999.
5. SCALA O., Thés, cultures, senteurs, saveurs, Paris, Solar, 2005.
J’ai déjà donné quelques renseignements sur l’un des deux thés jaunes, le Meng Ding Huang le 16 mai dernier et suite, je complète donc ici à l’aide des livres cités plus haut. Concernant la description du Jun Shan Yin Zhen (Aiguilles d’Argent de la Montagne de L’Empereur) j’ai choisi de citer chaque auteur qui apporte une précision : "Il fait partie des 10 thés chinois les plus célèbres. Il est cultivé dans la province du Hunan sur l’ile Junshan dans le lac Dong Ting. Ce thé est entièrement composé de bourgeons de forme droite recouverts de duvet. L’empereur Qianlong appréciait tout particulièrement ce thé. Chaque année, il fallait lui en livrer 18 livres", N. Bécaud p. 28.
Jean Montseren nous parle de la montagne de L'empereur: "La légende raconte qu’il y a 4 mille ans les 2 veuves de l’empereur Shun, traversant le lac en barque pour ramener le corps de leur défunt époux, auraient été entraînées par une lame et seraient tombées à l’eau. Afin de les ramener à la surface et de les sauver de la noyade, des coquillages se seraient regroupés, formant une colline, le mont de l’empereur, haute de près de 80 mètres", p.181.
"Grand cru parmi les grands crus, ce Yi Zhen extraordinaire appelé aussi "Plume jaune", est cultivé sur 1km² de surface. Il faut cinquante mille bourgeons pour faire 1kg. Ce fut d’ailleurs tout le poids de la récolte de 1871, année de la visite de l’empereur. Celui-ci fut si séduit qu’il ordonna 9 kg par an de ces divines plumes au titre de son tribut. Aujourd’hui les théiers - des "Dabai" - produisent 300kg, extrêmement convoités dans le monde entier", O. Scala, p.120.
L’ingénieure agronome qu’est L. Gautier nous apprend que: "Sa transformation débute comme celle du thé vert chinois sauf que la fixation de la feuille à haute température humide se passe sous couvert de paille (15 minutes). Elle est suivie par un pseudo-repos prolongé toujours sous couvert pendant lequel une légère fermentation se produit (1 jour). Puis le thé est délicatement roulé en aiguilles (20 minutes) et séché (20 minutes)", p.97.
Passons maintenant à mes dégustations, de véritables expériences… j’ai en effet voulu tester les différents temps d’infusion proposés dans les livres consultés. J’ai d’abord commencé par suivre les indications notées sur le sachet de l’Heure bleue : "Eau à 70°, 3 à 5 minutes ou plus… Peut s’infuser 3 ou 4 fois", sitôt lu, sitôt exécuté, j’ai donc pris 2 gaiwans de 10cl, j’y ai mis 2.5g de Jun Shan Yin Zhen et l’ai fait infuser une 1e fois, l’un à 3’, l’autre à 5’. Les feuilles sèches sont vert très pâle argentées, certaines même dorées, toutes sont veloutées ; en les humant, j’ai eu l’impression de sentir le gazon coupé et séché. L’infusion à 3’ me fait penser à la guimauve de mon enfance, celle à 5’ m’a fait penser à la fleur du tilleul, je m’impressionne, d’habitude je ne suis pas aussi inspirée ni "productive". Les feuilles infusées sont assez semblables, elles ont viré au vert jade pâle. Je n’ai pas senti de différence de goût lors de la 2e infusion. Je n'ai pas observé non plus de changement dans la couleur de l'infusion. Ni d'ailleurs dans l'aspect des feuilles mais en dégustant ce breuvage avec délice et volupté, je pense au savoir-faire de ces cueilleuses si habiles, sans qui je ne goûterais pas à ce plaisir. Une question, une fois de plus: ont-elles la possibilité elles aussi de déguster un tel nectar? J'ai peur de la réponse... Mais que faire? Par contre lors de la 3e infusion, la couleur de celle-ci a foncé et, pour celle à 5’ elle a viré à l’orange clair ; quant au goût, j’ai trouvé la 1e plus sucrée et la celle à 5’ m’a fait penser à de l’abricot. J'ai été vraiment inspirée pour une fois, peut-être Lu Yu y est-il pour quelque chose, il est présent chaque fois que je me livre à une dégustation "dans les règles". Passons maintenant à la dernière expérience, la plus curieuse et la plus excitante : l’infusion de 5g dans un verre (20cl) pendant 20 minutes ! Je cite à ce propos d’abord O. Scala : "Ceux qui ont la chance d’avoir quelques grammes de ce thé peuvent contempler le ballet extraordinaire de ses feuilles ; posées au fond d’un verre haut et recouvertes d’eau chaude, elles montent et descendent 3 fois de suite. Leur mouvement spontané dure une vingtaine de minutes…précisément le temps d’infusion nécessaire pour ce breuvage, qui se savoure avec les yeux, le nez et la bouche", page 120. Ce n’était pas systématique pour tous les bourgeons, moins de la moitié de ceux-ci m’a offert ce spectacle curieux.
Wei Chen ne dit pas autre chose, à quelques détails près… : "Lorsqu’on verse de l’eau bouillante dans la tasse, le bout des bourgeons pointe hors de l’eau, quelques minutes après, ils se renversent horizontalement dans l’infusion et restent debout dans l’eau, un instant après ils montent et descendent pour remonter et redescendre trois fois de suite avant de tomber définitivement au fond de la tasse. On donne avec plaisir un surnom à ce thé : "Trois montées et trois descentes". De temps en temps quelques bulles d’air sortent des bourgeons et s’éclatent à la surface de l’infusion, dégageant un arome enivrant. Les bourgeons restent enfin debout au fond de la tasse, comme de multiples jeunes pousses de bambous ou arbres qui rivalisent d’ardeur pour monter vers le ciel. Tout en dégustant la saveur succulente, on regarde dans la tasse, un immense plaisir envahit l’esprit. Un grand bonheur" p.122. Comme vous le remarquez sur la photo, la plupart des bourgeons se dresse vers le haut, et c’était encore plus remarquable avant que je ne déplace le verre pour l’immortaliser. Je n'ai pas vu de bulles. Par contre, j’ai été surprise et un peu déçue par l’infusion, je n’ai retrouvé ni la subtilité ni la fraîcheur des infusions en zhong. J’ai alors décidé de la laisser refroidir complètement, le résultat était encore plus curieux, j’ai eu l’impression de boire un liquide "piquant" comme l’eau gazeuse, plus du tout une infusion duveteuse et veloutée mais par contre très rafraîchissante malgré la sensation de la râpe…
Avant de terminer ce long chapitre, je voudrais vous faire partager le plaisir que j’ai eu à lire ce qui suit, il s’agit du "moment". Et ici, O. Scala se fait poète : "Ce Yin Zhen est vraiment un thé pour le soir. Sa légèreté et sa fraîcheur le rendent encore plus appréciable l’été (je veux bien le croire…mais je n’ai pu le vivre, il fait à peine 15°). On le déguste à petites gorgées pour en extraire toute la subtilité, quand on veut célébrer le simple bonheur fugace d’un coucher de soleil ou un moment de pure tranquillité". J. Montseren, dont c’est la façon habituelle de décrire la manière de préparer les thés, nous donne son "conseil de pratique : 2.5g pour 10cl, de 5 à 15 mn (à la lumière d’une bougie rouge / au charme des fleurs ultimes) dans une eau attisée (70°C). Moment privilégié : quand on appelle les parfums"... p.182.
Quant à moi, je vous appelle à me faire part de vos impressions, constatations si vous décidez d'expérimenter ce thé vraiment pas ordinaire. Bonne dégustation.
mardi 8 juillet 2008
Une semaine déjà...
Et le rapport avec le thé, vous demandez-vous sans doute? La photo suivante vous répond. Pour me remercier d'avoir pu organiser cette fête ici, il m’a offert cette superbe théière, très anglaise, même si je lis sur le fond : "Reg. N° 15541 AUSTRALIA". C’est une ancienne Royal Winton Queen Anne, je l’adore ! Il fallait trouver un thé à la hauteur de ce superbe cadeau. Cela ne s’est pas imposé immédiatement à moi, j’avais d’abord imaginé un Margareth’s Hope ou un Puttabong, mais même ces grands Darjeeling me semblaient trop "communs". Je l’ai alors installée dans mon salon bleu-thé en attendant l’inspiration et cet après-midi, au moment où j’ai pénétré dans ce lieu magique, j’ai trouvé : ce sera un Yin Zhen du Hunan, je l’ai découvert lors de la dégustation du 1er juin à l’Heure bleue (vous connaissez maintenant) et j’ai été immédiatement séduite par sa finesse, j’avais l’impression de tapisser mon palais de velours. Depuis, j'en bois régulièrement soit dans un gaiwan soit dans un verre. C’est en tremblant un peu que j’ai préparé l’infusion, allais-je retrouver les mêmes sensations en théière de 80 cl ? Eh bien non MAIS c’était tout aussi troublant, j’ai eu l’impression de découvrir un thé inconnu, à la fois subtil et très prenant, plus que probablement lié à la rétro-olfaction… des émotions, celles éprouvées lorsque j’ai reçu ce cadeau ! Je continuerai donc à infuser ce magnifique Yin Zhen dans cette théière mais je n’en parlerai pas ici, j’ai fait plusieurs expériences avec ce thé fabuleux, je conterai mes surprenantes aventures très prochainement. Je me contente maintenant de déguster ce breuvage en pensant à Stéphane avec reconnaissance. Je déteste l'engin sur lequel il est parti, j'en ai peur, pas de lui qui est prudent mais des autres... Et pourtant, s'il avait eu un side-car, je l'aurais bien accompagné,allez comprendre!
Par contre, en sirotant LE breuvage, j'imaginais celles que le contenu de cette merveille a comblées.... Dans mon rêve éveillé, Victoria était Reine et quelques nobles dames d'âge mûr, installées confortablement malgré leurs encombrantes robes longues à frou-frou succombaient avec délice et oserais-je le dire, volupté, au rituel du Five o Clock avant de reprendre qui sa tapisserie, qui sa broderie ou sa dentelle, tout en devisant de choses et d'autres. Ah, si je savais broder, je reproduirais ces motifs un peu surranés mais tellement touchants sur un napperon pour y déposer "Queen Anne" ou pour lui offrir un cache-coeur (ces très british tea cosy).
dimanche 6 juillet 2008
Un dimanche pas comme les autres à l'Heure bleue
Monsieur thé nous propose d’abord un Kukicha, les brindilles jaunâtres sont très belles et contrastent avec les feuilles d’un vert profond : 2g dans 10cl d’eau à 65-70° ; 3 infusions. J’assiste impressionnée à l’échange entre Anne-Marie et Olivier qui, humant l’infusion perçoivent une odeur de marron chaud et de la châtaigne grillée au goût. J’aime les écouter comparer leurs sensations olfactives, j’en suis incapable et j’admire donc ce talent. Par contre, je reconnais dans la 3e infusion l’aspect grillé qui me fait penser à un Genmaïcha, pas mal, non... Nous découvrons ensuite un Tenko Kabusé (thé couvert quelques temps avant la récolte par une toile perforée empêchant le soleil direct ce qui permet aux feuilles de garder intacts tous leurs composants entre autres la chlorophylle si j’ai bien retenu ce que j’ai lu; on parle aussi de thé de pénombre.) Ici aussi : 2g dans 10cl d’eau à 60-65. Je crois percevoir des odeurs de prairie ou de gazon là où Anne-Marie et Olivier perçoivent un léger goût de fumet de poisson mais c’est toujours aussi intéressant pour moi de les écouter. On se rejoint par contre sur la texture du breuvage, plus dense que le Kukicha.
La 3e dégustation est double : 2 Sencha, un Kabusé et un Wazuka. Infusés en même temps, cela nous permet de les comparer, la couleur de l’infusion (le Kabusé plus vert, le Wazuka plus jaune, l’odeur (le foin pour Anne-Marie et moi, des notes marines pour Monsieur Thé) et le goût. Ici encore, les 2 "nez" ont perçu une attaque très foin, suivi très vite par des odeurs et une saveur de Mer du Nord, comme s’ils étaient sur l’estacade d’Ostende. Moi je sentais une odeur de… framboise (un de mes fruits préférés), ce qu’a confirmé Monsieur Thé, et là, je suis plutôt fière. Beaucoup d'autres échanges, riches, intenses, que je ne peux reproduire ici, ce que vous avez lu n'est qu'un petit aperçu, le reste est en moi, en nous. Voilà ce qui se passe le dimanche à l’Heure bleue. J’aime ces moments de découverte et de partage autour de cette boisson qui n’a pas fini de nous surprendre. Je vous encourage vraiment à venir vivre ces moments instructifs et conviviaux, peut-être se rencontrera-t-on un dimanche...
Désolée pour la mauvaise qualité de certaines photos...
De L'Heure bleue, l'instant créateur à l'Heure bleue, le temps du thé
Mais qui est exactement Madame Bijou? Voici son parcours : des études sérieuses qui ont fait de Muriel une "Consultante en management et logistique". Mais déjà derrière la raison pointait la passion : sa maman, passionnée par les brocantes, lui fait découvrir ce monde, l’adolescente qu’elle était est fascinée par les perles, les colliers qu’elle reconstitue, elle en crée même (déjà) et va les vendre au Marché aux puces tout en continuant ses sérieuses études. Son sérieux diplôme en main, elle décroche un travail qui l’est tout autant, il lui apporte reconnaissance sociale, situation financière plus que confortable, qualité de vie, bref une vie très conventionnelle. Elle tient 12 ans mais cette "qualité " de vie-là ne la satisfait pas, elle est faite pour créer. C’est Monsieur Thé qui la pousse à passer de la raison à la passion, sa passion. Et c’est ainsi qu’elle a quitté cette voie facile mais pas assez épanouissante et qu’elle est devenue Madame Bijou, je ne vous en dis pas plus, la photo parle d’elle-même.
A Monsieur Thé maintenant. Après des études de philosophie, Olivier décroche un poste d’assistant aux facultés universitaires de Namur mais pour lui aussi cette vie académique était trop "académique", une voie toute tracée, un statut social, une vie rangée mais finalement peu satisfaisante. Il quitte son poste à la fin de son contrat et devient Consultant en éthique médicale à l’Université catholique de Lille. Son travail lui prend +/- 2 jours par semaine. Mais comment est née sa passion pour le thé ? Il a fait un Master à Leeds, et c’est lors de son séjour là-bas qu’il a découvert "les petits thés mondains et les barquettes de biscuits anglais" (cette jolie formule est de lui) avec les étudiants du cru. C’était essentiellement du Witthard parfumé mais petit à petit il s’est mis aux thés nature. Il découvre aussi le fameux Five o clock, ce moment où tout s’arrête et pendant lequel tout Anglais digne de ce nom déguste sa tasse de thé (noir avec lait et/ou sucre), mais à côté de ce rituel sympathique il y a aussi une profonde philosophie : pour eux, ce break leur montre également que le monde peut tourner sans eux, qu’ils ne sont pas indispensables. Belle leçon de modestie, non ? Rentré au pays, il a suivi les cours du Palais des Thés à Paris et a rencontré Guillaume Leleu, le talentueux et créatif propriétaire des Thés "ThéOdor" (http://www.theodor.fr/). Voilà comment un philosophe est devenu Monsieur Thé.
Et, pour terminer cette première partie, voici les renseignements pratiques : Avenue des Arts, 12 – 1210 Bruxelles ; Tél. : 02 223 40 75. Ouvert du lundi au vendredi de 12 à 18 heures et le 1er dimanche du mois de 10 à 18 heures. Métro ligne 1 – Arts-Loi (2 minutes à pied) ou Ligne 2 – Madou (1 minute à pied).
Il ne vous reste plus qu’à aller découvrir cette boutique si singulière où vous serez accueilli par ce couple de passionnés dans une ambiance très "heure bleue".
samedi 5 juillet 2008
"Là où 2 ou 3 se réunissent en mon nom, je suis au milieu d'eux"...
Après cela, direction le premier étage et mon salon bleu-thé. Nous avons tout naturellement opté pour un Pu Er cuit. Fanou est perplexe face à ces Pu Er : comment les reconnaître, qu’acheter ? Qui est assez connaisseur pour répondre à ces questions… Il est assez aisé de décrire les thés verts, Oolong, rouges, mais quid des thés noirs ? Voilà une piste à creuser, ni Benoit ni moi n'avons de réponse assez précise. Je leur montre alors un livre magnifique sur ces thés si particuliers acheté à Taipei: photos superbes mais texte en mandarin, ils ont regardé les images (qui font rêver) et nous avons échangé nos connaissances. Je parlerai plus tard du livre et des "roues" qui ont retenu notre attention mais j’ai besoin de Ling-Ling, ma traductrice préférée pour percer les mystères de ces thés compressés, du moins à partir des textes. Mais malheureusement le temps passe très (trop) vite, et après 4 infusions seulement nous devons nous séparer à regret en nous promettant de nous revoir. Après leur départ, j'ai continué les infusions - 9 au total - je pourrais encore pousser plus loin mais je vais suivre les conseils de Benoit, remplir la théière d'eau froide et laisser infuser le thé toute la nuit, je suis curieuse de goûter le résultat.
A propos: qui était au milieu de nous???