mardi 31 juillet 2012

Pour prolonger le bonheur

L'atterrissage a été un peu dur, hier j'ai repris contact avec le quotidien, pluvieux, pas très passionnant, mais nécessaire quand on ne vit pas seule... Je n'ai pas voulu déballer mes trésors dans la précipitation, heureusement j’avais les merveilleux souvenirs. Récompense aujourd'hui, je réintègre mon salon bleu-thé.
 Il fait gris dehors, mais les soleils, enfin ouverts, mettent une jolie tache de couleur et font la joie des insectes.
Bientôt, ce sera au tour des mésanges de venir manger leurs graines à même la source si cette fleur a le temps de mûrir avant l'hiver !
C’est avec beaucoup d’émotion que j’installe ce qu’il faut pour préparer mon premier trésor.
Le fameux Long Jing grand cru découvert samedi chez Terre de Chine. (http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2012/07/aujourdhui-jai-tutoye-les-etoiles.html). Après avoir chauffé les ustensiles, j’y dépose 4 g et déjà apparait le parfum de jeune gazon fraîchement tondu.
Les infusions commencent. Je suis impatiente...
 La liqueur est d’une douceur intense et les feuilles après le premier passage se sont déjà bien ouvertes,
Deuxième passage : les feuilles ont des nuances de vert assez intense.
Ce qu’il y a dans le zhong illustre bien cette jolie phrase : « le thé est un parfum qui se boit ».
 Tous mes sens sont en éveil : la musique de Bach complète bien les émotions gustatives intenses et celles des souvenirs de ce jour béni où dans ce coin de Chine, j’ai découvert ce nectar. Et une belle et très improbable rencontre.
 Troisième infusion.
 Je suis au Paradis, toujours cette douceur et des saveurs subtiles de petits légumes primeurs : asperge ? artichaut ? Peu importe. Plaisir des sens.
Je prends le temps d’admirer le 4e bain de ces belles avant de reposer le couvercle.
 Les arômes végétaux sont toujours présents mais s’y ajoute maintenant une note sucrée…
Pour ce 5e passage, j’ai augmenté le temps d’infusion, toujours autant de douceurs et de saveurs, un peu atténuées cependant et toujours absolument aucune astringence.
 Repos bien mérité pour ces feuilles qui n’en finissent pas de me surprendre. Elles n’ont pas encore tout donné mais je n’ai très momentanément plus soif.
Je n’ai pas résisté très longtemps…
Cette 6e infusion, de 4 minutes, sera la dernière. Les belles ont vraiment tout donné. Je suis comblée au-delà des mots par les ressources de ces feuilles. Mes pensées émues vont aussi à celui qui, à la source, a savouré, avec le même bonheur, ce grand thé. Transmission de pensées...
Un regard prononcé à celles qui pendant des heures m’ont comblée. Et des pensées reconnaissantes à ces cueilleuses aux doigts de fées
...  et à ceux qui les ont transformées avec tant de savoir-faire.
 Il est temps maintenant de les rendre à la terre. Je me rappelle ce proverbe bouddhique qui dit : « La feuille tombée retourne à sa racine ». Tout est dit. Quand j’ai de gros coups de cœur comme celui-ci, j’ai envie d’honorer la maison qui les a provoqués en vous la recommandant, pour que vous aussi puissiez vivre de tels moments. Alors, si vous voulez en savoir plus sur ce thé d’exception, et bien d’autres, n’hésitez pas à pousser la porte de ce lieu magique, vous y serez accueillis et conseillés comme je le suis toujours depuis ma première visite, il y a bien longtemps déjà. http://www.terredechine.com/, Et puis on y fait aussi des rencontres improbables… Carine, il y a un certain temps et Josée tout récemment.  Ce mois de juillet se termine  vraiment en beauté. Et le mois d'août prmet aussi!... (= message codé)

lundi 30 juillet 2012

Le lendemain de la veille, fin de ce périple absolutly fabulous!

Et voilà, Paris, c’est fini me voici à nouveau dans le Thalys qui me ramène au bercail, la tête pleine et le cœur comblé par ce retour aux sources : toutes ces belles rencontres, ces regards, ces découvertes gustatives. La dernière a eu lieu tantôt : j’avais rendez-vous avec Yasu Kakegawa, 12, rue Simon Le Franc, tout à côté de Beaubourg. J’avais hâte d’y être, j’étais en manque ! Ce matin, je devais résoudre le casse-tête de la valise abandonnée hier et j’ai donc pris le petit-déjeuner à l’hôtel, petit sachet jaune garanti.
J’y suis arrivée un peu à l’avance,
 je suis donc allée renifler l’ambiance de ce quartier
autour de cette chose hideuse (mais ça n’engage que moi).
 La boutique est minuscule mais déjà ieur ien qu'elle recèle des trésors.
Je suis accueillie chaleureusement et Yasu m’offre un thé d’accueil, un Honyama Koshun très rafraîchissant. "Un nouveau "cépage" qui est cultivé à 300 / 400 mètres d’altitude.
Accompagné de patates douces sous forme de bâtonnets et de galettes que j’ai reçues en partant, je les découvrirai demain.
Le deuxième thé proposé est un Shigeta Genmaïchathé et riz « milky queen", tous deux produits par Shigeta à Shizuoka".
C’est la première fois que je savoure un Genmaïcha de cette finesse.
Le riz est incroyablement bon me servira en cuisine, c'est certain. nfusion...
Conditionné en sachet de 50g…
Il fait désormais partie de ma collection.
Le Kengo Kanayakaori est issu de théiers poussant à 500 mètres d’altitude.
L’infusion est assez prononcée, je n’y décèle ni notes fruitées ni fleuries, mais je ne suis toujours pas douée dans ce domaine…
Un Tamakawa Yokosawa maintenant.
La liqueur est une vraie révélation, au deuxième passage, je perçois comme une note sucrée. Et là mon hôte me déclare qu’il s’agit de cette fameuse saveur umami dont j’ai beaucoup entendu parler mais que je ne parvenais pas à détecter.
Egalement conditionné en sachet de 50g.
Egalement aussi dans ma collection maintenant en souvenir de LA découverte du jour.
Celui-ci est un Suiko Seicha, "un thé cueilli à la main".
Voilà les belles qui m’ont permis de percer le secret de l’umami.
 Je suis attentivement les gestes précis de Yusa, je bois ses paroles en même temps que ce breuvage d’exception.
 Un mot sur sa façon de magnifier les feuilles. La Mont-Rocous est pour lui la meilleure. Il la fait bouillir puis met la dose nécessaire dans le pot de réserve.
Il la transvase dans un deuxième récipient.
De cette manière elle est à bonne température pour infuser le thé.
Le thé suivant se nomme simplement Thé du Japon 2012 : "ce thé, produit au printemps 2012 avec des théiers centenaires, nous donne une idée du thé avant l’introduction de la notion "cultivar"."
Parfois, après infusion, le thé est d’abord transvasé dans le pot de réserve (dont je n'ai pas retenu le nom… Cathy, je compte sur toi et il faut d'ailleurs que tu passes par ici, c'est impératif!)
Ou alors, comme ici, versé directement dans les petits bols de porcelaine.
Comme chaque fois que je regarde ces feuilles qui ont tout donné, je suis admirative du travail réalisé en amont : combien de mains expertes a-t-il fallu pour donner de tels résultats ?
Last but not least : ce Tsukiji Yamakai, « cueilli à la main, puissant, complexe et beaucoup d’umami » présenté dans une petite coupelle.
Et, surprise de taille, une première infusion à froid dans cette même coupelle !
Les feuilles sont juste recouvertes.
A peine quelques gouttes dans chaque bol mais une saveur très intense, émotions gustative indescriptible, j’en ai les larmes aux yeux ! Il faut dire que depuis près de 2 heures, je nage dans le bonheur, je ne suis pas loin d’Horaisan.
Deuxième passage, encore à température ambiante.
Comment peut-il se dégager autant de saveur alors que la mère du thé est froide ? Même s’il y a beaucoup de feuilles, cela paraît incompréhensible, mais sur le moment, je ne me pose plus ce genre de question, je vis l’instant. Intensément !
 La troisième infusion se fait à chaud après avoir transvasé les feuilles dans une kyushu.
Le temps de jeter un œil sur l’étagère.
Aux objets de la vitrine,

comme autant de tentations auxquelles j’ai résisté… cette fois, je remercie chaleureusement mon hôte, j’ai terminé mon périple en beauté. Un proverbe japonais dit : « On commence à vieillir quand on finit d’apprendre », j’en suis encore loin donc ! Par contre, je suis loin d’avoir retenu tous les enseignements reçus ! C’est à chaque fois la même chose : au début, très concentrée, j’enregistre tout puis, prise par cette atmosphère si particulière, je vis en symbiose complète avec cette liqueur et si je perçois les mots bien sûr, ils ne s’imprègnent plus vraiment. Je me rappelle seulement maintenant qu’un des thés est constitué d’un cultivar d’Assam associé au cultivar japonais. Il faudra donc que je retourne !
Un dernier rendez-vous avec mon amie Marianne, qui s’envole lundi. Je lui avais d’abord proposé de m’accompagner au Japon mais elle a décliné, elle n’est pas très thé japonais et pour tout dire pas très thé du tout !
En l’attendant, j’ai de quoi m’occuper
et me rincer l’œil.
Je demande la carte des thés, je ne m’attends pas à grand-chose après ce que je viens de vivre...
 Je finis par choisir un thé à la menthe infusé directement dans la théière.
La théière est vide et toujours pas de Marianne, la batterie de mon GSM est plate, je ne peux donc pas l’appeler… et je ne connais pas son numéro par coeur. 
Ce n’est que dans le Thalys que j’ai su qu’elle a eu un problème de fuite d’eau, et un dimanche à Paris, ce n’est pas vraiment le bon moment (si tant est que cela l’est jamais… ! Par contre, pas de Wifi, merci Thalys, je ne pourrai donc pas envoyer ce billet, ce sera alors pour demain, cette soirée est consacrée à mon mari et aux mille questions qu’il me posera. Ce qui n’a pas manqué ! Avec une variante hier soir : quand je lui parlais de mes incontournables, il m’a dit : "Encore! mais n’étais-tu pas déjà allé là l’autre fois ?" J’ai failli m’étrangler tellement j’ai ri, je buvais un Dong Ding.