Je
reprends la plume après un long coup de fil de quelqu'un qui se
reconnaîtra et qui m'a non seulement bien fait rire mais qui m'a
donné envie de me sortir de cette flemme, non pas vis-à-vis de ma
drogue que j'ai continué à savourer sans aucune modération mais
parce que j'avais les nerfs à fleur de peau (au propre), et c'est
peu de le dire ! En effet, pas question que je profite de ce
merveilleux été, "le soleil est toxique dans votre
cas", ça c'est la théorie et je ne souffre pas de la chaleur dans
ma campagne mais je suis pire que saint Thomas, je ne crois que ce
que je teste. Mal m'en a pris, ma main droite a imité Elephant-man,
j'ai appris que le très léger coup de soleil que je n'ai même pas
senti est en réalité un brûlure au premier degré, qu'on appelle
en langage savant érythème actinique ! ce qui a renforcé les
douleurs ! Le problème c'est que mes neurones ont besoin du
soleil pour se recharger... Que choisir ? D'autant que mon mari
veille ! Mais ce coup de fil a changé la donne, je prendrai mon
mal en patience jusque vendredi, c'est plus que raisonnable, non ?
C'est de mon salon bleu-thé que j'admire ce ciel de la même
couleur avant de me livrer à mes rituels :
choisir un thé
d'après mon envie du moment : dans l'écrin, un merveilleux
Sencha Uraka griffé ThéÔdor,
une musique
en harmonie : très zen qui évoque le nature de là-bas
et
cette superbe carte reçue de ma jeune sœur Vinciane qui chaque
année déniche des motifs qui ont toujours le même thème, dont je
ne me lasse pas... MERCI Vince, je le boirai à toi qui agrandis
chaque année depuis "un certain temps" ma collection.
Bol après bol, je retrouve les saveurs si typées de ce thé
d'excellence, entre notes marines et végétales prononcées avec
cette saveur beurrée improbable. Je savoure avec gourmandise ce
nectar en pensant à mon bonheur de vivre intensément ces moments
d'éternité.
Sur l'étiquette du Fossé fleuri,
il est conseillé 2 infusions...
j'ai doublé et le dernier
passage bien qu'atténué, reste encore très goûteux, l'énergie
d'abord, la douceur enfin mais de bout en bout l'extase ! Et ces
feuilles qui ont tout donné vont à présent finir leur vie dans la
vinaigrette de ce midi. Cet après-midi, infusion à froid d'un autre
thé de circonstance, On va se revoir en pensant à
vendredi...
Et je reprends ce roman au style sobre qui décrit si
bien l'âme humaine, sa cruauté mais aussi comme une sorte de
rédemption au contact du véritable choc de civilisation entre des
êtres frustres, imbus d'eux-mêmes ne se posant aucune question sur
ce monde pur qu'ils sont en train de détruire d'un côté et ce
monde pur en phase avec la nature qui ne peut lutter contre cette
destruction mais restent si dignes. Je relis seulement les passages
qui m'ont le plus marquée, j'ai hâte d'avoir l'avis de ma chère
Cathy sur cette littérature japonaise que j'apprivoise petit à
petit.
Après le souper, retour sur ma terrasse sous un ciel
encore bleu que traversent des traits blancs laissés par les grands
oiseaux de métal.
Dans la théière du Hojicha griffé Azumaya
que je savoure dans cette jolie tasse, souvenir d'un beau geste
d'amitié qui donne au nectar une saveur
particulière :http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2016/08/la-vie-est-pleine-de-grands-bonheurs-au.html.
J'ai aussi posé ce livre sur la table, je l'ai lu quasi de bout
en bout adorant ce dialogue entre Mamoune-Jeanne et Jade, avec en
filigrane le visage aimé de ma chère Grand-Mère ; mais
pourquoi ne pas avoir écouté le judicieux conseil de mon ami
Jean-Claude de ne pas lire les 5 dernières pages. Cela m'apprendra,
ma déception, immense, me poursuit encore aujourd'hui, cet épilogue
a tout cassé et provoqué en moi un sentiment de colère, j'aurais
aimé ne l'avoir jamais lu ! J'aurais voulu relire les 90% du
roman pour voir si j'aurais pu percevoir les indices de cette fin
incompréhensible. Je n'y ai finalement pas touché, c'est sans doute
trop tôt encore. Mais j'y viendrai un jour, ne fut-ce que pour
revivre les moments magiques de profonde émotion ressentie jusqu'à
ces pages que je veux oublier !
Le ciel commence à
rougeoyer, j'achève ma théière en pensant à ma filleule dont
c'est aujourd'hui le non-anniversaire, nous fêterons donc cela un
jour qui ne représentera rien si ce n'est le bonheur de nous
revoir ! Mes pensées vont aussi vers un bel adolescent qui fête
aujourd'hui son anniversaire. Je leur souhaite à tous les deux plein
de bonheurs !
Il peut pleuvoir sur les pelouses du jardin
et sur les vitres
(j'aurai bientôt H2O = message codé...), je m'en fiche ce matin,
moi j'ai mon thé
et la musique de là-bas pour me réchauffer,
bien à l’abri dans mon salon bleu-thé.
Tandis que je savoure
ce fabuleux Yunnan golden Pearls, mes pensées font un bond en
arrière,
au pays de l'excellence, de la beauté et de
l’authenticité... où j'ai failli ne jamais arriver... j'en ai
encore des frissons rétrospectifs,
mais rien de mieux qu'une
deuxième théière pour me redonner chaud. C'est un des thés
préférés de Catherine (avec les Pu Er), il faut qu'elle se
dépêche de venir y goûter sinon l'écrin sera vide et nous serons
"obligées" de retourner là-bas... Le disque est
terminé, la théière aussi et en le rangeant, je suis tombée sur
celui-là,
une autre invitation au voyage par dessus les mers
avec ce thé de
Kyushu, aux notes si typiques de là-bas, à la fois celle du
gazon fraîchement coupé et celles plus iodées, mer et terre...
dans l'autre pays du raffinement.
la boîte est vide maintenant,
il est temps que je reprenne mon récit épique, il faut le dire.
Entre émotions, beaucoup, et frissons, un peu! Je ne le savais pas
en prenant le train hier, je me sentais tellement bien, plus la
moindre douleur à la main, même pas un léger picotement.
Arrivée à Ottignies, terminus du premier train, je m'apprête à
monter dans celui qui me mènera à Namur, la marche est très haute
et je agrippe à la poignée pour monter quand une douleur fulgurante
me traverse la main qui me fait tout lâcher. Pour ne pas tomber en
arrière, je me penche en avant et cogne ma jambe droite sur l'angle
de la marche en fer. Heureusement, des voyageurs compatissants, et en
particulier un jeune homme africain m'ont aidée à me remettre
debout et à monter dans ce train. J'étais un peu dans les vapes
quand une famille espagnole m'a montré le sang qui coulait le long
de ma jambe et salissait mon pantalon. Ils ont alors nettoyé les 2
plaies, sorti des sparadraps de leur trousse de voyage et ont essayé
d'arrêter l'hémorragie, comment est-il possible que cela puisse
saigner autant ? J'étais éperdue de reconnaissance envers eux
qui durant toute la durée du voyage se sont inquiété, il paraît
que j'étais "toute blanche" m'a dit le jeune homme au
large sourire et à la peau d'ébène. J'étais tellement touchée
que j'ai voulu lui glisser un billet pour qu'il puisse boire à ma
santé. Il a refusé catégoriquement me disant que ce n'était ni
dans sa culture ni dans ses valeurs. Je n'ai pas insisté de peur de
le vexer, j'ai voulu en savoir plus sur cette culture, il est
tchadien, étudiant à l'univ de Namur et son prénom est ...
Trésor ! Il a absolument voulu m'accompagner jusqu'à la sortie
de la gare de Namur où m'attendait l'ami avec lequel j'avais
rendez-vous. Je savais qu'il n'avait que très peu de temps, nous
devions partager le repas de midi dans un petit restaurant thaï, je
lui ai alors proposé de remettre ce bon moment à une autre fois vu
ce qui m'était arrivé, il m'a accompagnée jusqu'à la place du
Marché, tout à côté du Fossé fleuri. En attendant
mes copines, je m'installe dans la véranda qui me rappelle des
moments magiques avec ma Grenouille préférée
(http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2016/07/intenses-retrolfactions-et-beaucoup.html
) Et qui vois-je arriver dans la boutique, Luc son mari. Ravie de le
revoir, il vient chercher la commande de sa femme qui me donne
l'occasion de lui envoyer un chien de ma chienne suite à son
surprenant cadeau lors d'une soirée qui le fut tout autant :
http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2016/08/as-tu-compte-les-etoiles-filantes.html
J'avais demandé à Luc de ne rien lui dire mais...
Et notamment
ce lustre impressionnant. Je ne savais pas à ce moment-là que mes
copines soulèveraient un autre point, celui du nettoyage des
vitres ! J'ai alors appris qu'il existait un produit magique qui
porte un nom "chimique" H2O. Il me le faut, c'est avec
l'argenterie et les sanitaires, la seule chose que j'aime faire dans
le ménage. Ce ne fut heureusement pas le seul sujet de conversation.
Je profite du peu de moment libre de notre hôtesse pour immortaliser
ces instants avec Catherine et Marie-Urielle que je rencontre
régulièrement entre autres au cours de cuisine-santé et de Carine
que je n'avais plus vue depuis près de 10 ans. Dans les tasses, Thé
des Princes pour Marie-Urielle, Dong Ding pour Catherine,
Long Jing pour Carine et Sencha Uraka pour moi.
A
voir nos visages, pas besoin de décrire l'ambiance... Nous devrions
être six mais Catherine nous annonce l'absence de Chris qui a du mal
à se remettre de son anesthésie, nous attendons encore Maryse. On
papote, on papote, heureuses de nous revoir dans ce lieu d'excellence
et ... de perdition. Évoquant des souvenirs impérissables de nos
escapades théinées, instants de joyeuse nostalgie comme à Paris, à
Lille, à Londres et à Berlare pour n'en citer que quelques-uns.
Mais aussi de souvenirs gustatifs à propos de
chocolat très noir lors d'un atelier Thés-Chocolats chez Anne-marie
Nihoul : tout était +++ sauf quand elle nous a proposé de
goûter du noir de très noir, J'ai mis le tout petit morceau sous la
langue pour faire passer ce goût innommable pour moi, Catherine,
elle, stoïquement l'a mangé.
Il n'y a pas que des thés ici,
il y a aussi du chocolat, et pas n'importe lequel... Martine nous
apporte une assiette sur laquelle elle a en disposé 4 sortes de de
75 à 100% de criola, une des sortes de cacao utilisée pour leur
fabrication
tout en resservant les thés.
J'observe
attentivement les mimiques
de mes copines, les nos° 1 et 2
passent,
le 3ème aussi mais sans coup de cœur,
sauf pour
Carine qui est amatrice de chocolat noir, et cela se voit sur son
visage... Quant à moi, étonnée de voir comment passent les 2
premiers très petits morceaux, par contre le 3ème... Heureusement
j'avais le thé pour faire passer le goût, normal, je suis fan, et
même addict du chocolat au lait !
Et voilà l'effet de la
puissance 4...
Moi, je n'ai pas pu, j'ai recraché le morceau et
j'ai caché dans ma petite serviette noire, ce qui a provoqué
l'hilarité de Catherine
sous le regard un rien étonné
de Marie-Urielle
et le sourire de plus en plus expressif de
Carine, c'est sans doute cela la béatitude...
Mais voilà que
Martine arrive avec une brique,
et un plateau sur lequel
sont posés 6 petits bols qu'elle remplit pendant que toutes, à
l'exception notoire d'une d'entre nous salivent déjà.
Elle
nous parle avec enthousiasme de cette brique 1998, un Pu Er
récolté évidemment dans le Yunnan mais traité à sec à Taïwan.
Ici aussi, j'observe mes copines et particulièrement Carine
qui nous explique qu'elle a encore du mal à apprivoiser ce thé
particulier.
Mais elle s'accroche, on voit seulement à son
visage qu'elle préfère nettement le chocolat...
Martine, elle,
parle avec passion de son Pu Er préféré. Personnellement je
m'attendais à une explosion de saveurs en bouche, mais j'ai été
déçue par ce thé de 18 ans pourtant que j'ai trouvé agressif
alors que j'aime les Pu Er. Je suis certaine qu'il a intérêt
à vieillir.
Mais voici celle que l'on n'attendait plus, Maryse
rayonnante dans ses couleurs d'été, au moins elle ne s'est pas fiée aux prévisions météo. Il faut dire qu'il fait
magnifiquement beau contrairement à ce qu'on avait annoncé !
Nous voulons lui faire partager nos "émotions gustatives
chocolatées",
un peu vache non, sauf qu'elle aime le
chocolat noir, elle n'est pas fille d’artisan boulanger, pâtissier,
chocolatier pour rien. Et elle sait mettre des mots précis sur ce
qu'elle goûte. Arrivée au stade 4, elle lui trouve un goût
salé/acidulé
du coup Catherine veut y goûter à nouveau... No
comment !
Martine prend quelques minutes de répit pour
discuter avec elle. Nous avons encore soif et lui demandons de nous
proposer l'une ou l'autre surprise,
Entre Thé blanc et
un autre Pu Er.
Ou alors, le contenu de ce dernier écrin
dont les parfums subtils font déjà frémir nos narines. Le choix
est unanime, ce sera ce absolutly fabulous Yesheng Bai Ya griffé
Olivier Schneider (tout comme tous les autres Pu Er
du Fossé fleuri. Je le connais bien (
http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2015/03/voyage-aux-pays-des-thes-blancs.html
)
mais il y avait belle lurette que je n'en avais plus, il
allongera donc la liste de mes thés à emporter ! .
Je ne
trouve pas de mots, nos sourires voire nos rires le font pour moi.
Il a fait l'unanimité pour son parfum, il fait de même pour
ses saveurs subtiles.
Et une carafe vide (deux plutôt) en sont la preuve !
Et les commentaires sur l'aspect tout à fait particulier de ces
bourgeons suivent.
Martine n'a malheureusement pas pu se joindre à
nous, la boutique ne désemplit toujours pas, mais pourquoi ne
suis-je pas étonnée ?
Il est malheureusement déjà temps
de nous quitter,
après avoir fait chauffer nos cartes en
écoutant les derniers conseils de notre charmante hôtesse.
Dites les
filles cette photo ne vous rappelle rien ? A moi oui, LA
crèmerie (entre autres) à Paris, Cha Yuan à
Lille, et que dire de Londres ! MERCI pour ces heures qui ont
passé comme des minutes dans la joie des retrouvailles et des potins
de toutes sortes au milieu desquels notre passion commune ! Et
n'oubliez pas : on s'est promis de ne plus rester aussi
longtemps sans nous voir !
C'est sous un soleil radieux sans la pluie annoncée que
nous rejoignons la voiture de Catherine tout en admirant la
cathédrale Saint-Aubin, Carine nous signale que c'est la dernière
fois qu'on la voit si bien, elle doit être restaurée et sera
couverte d’échafaudages "pendant un certain temps", et en Belgique, on ne sait que trop ce que cette expression très peu précise signifie...
Ce soir, je voulais infuser un de mes trésors
mais j'avais
aussi acheté ce chocolat si particulier
et j'ai pensé qu'un
seul thé s'harmoniserait très bien avec ses notes de cannelle, le
"scandaleux" Scandale découvert il y a un certain temps déjà:
http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2013/03/un-debut-de-week-end-comme-jen-voudrais.html
que j'employais avec parcimonie (oui, oui cela m'arrive parfois), la
boîte est presque vide et je le réservais pour la cuisine pour
inviter à nouveau ces amis chers qui ont tant aimé cette
association :
http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2013/04/une-fois-encore-je-ne-trouve-pasles-mots.html
Mais maintenant que je sais que je peux le retrouver au Fossé
fleuri, je ne m'en prive pas, d'autant que l'association avec
le chocolat est parfaite. Et la théière n'est pas choisie au
hasard, la tortue en Chine a une symbolique forte, c'est un signe de
longévité... Quelle plus belle fin pour un tel week-end que je
souhaite renouveler à l'infini !