vendredi 29 juillet 2011

Quel voyage !

Ce vendredi gris et pluvieux sera consacré à la lecture. J’avais terminé la première partie intitulée Du jardin à la tasse, et même si beaucoup d’informations ne m’étaient pas inconnues, je trouve intéressant de découvrir les nuances apportées par les différents auteurs. Parfois même des précisions précieuses, comme ici ce qui concerne le cultivar : "Contraction de l’expression cultivated variety, le terme "cultivar" est utilisé pour définir la variété d’une espèce végétale qui est obtenue par hybridation ou mutation (naturelle ou artificielle) et sélectionnée pour ses caractéristiques particulières. Etant donné que ces caractéristiques ne sont pas nécessairement transmissibles par la semence, pour conserver le même bagage génétique, on doit reproduire le cultivar par bouturage." (In Thé, histoire, terroirs, saveurs page 20), j’ai enfin compris exactement en quoi cela consiste. J’ai aussi appris qu’il existait une 3e variété de théier, le Camellia sinensis var. cambodiensis, et cela, je ne l’avais encore lu nulle part ailleurs (voir p. 20). Je m’apprête maintenant à découvrir la 2e partie D’un terroir à l’autre. Et comme je vais partir en Chine, il faut trouver un thé de lecture adapté. Mais d’abord la théière, typiquement chinoise, qui va servir de réceptacle. J’aime sa forme ronde et bien sûr sa couleur et déjà rien qu’en la regardant, je m’imprègne de ce pays qui a vu naître cette boisson mythique. Après avoir infusé un Jing Shan cha, je commence ce voyage intellectuel et gustatif. Je découvre un phrase de Lu Yu qui m’a fait bien rire: parlant du thé "soupe" il dit : "de tels breuvages ne valent pas plus que des rinçures de gouttière et de caniveaux" (p. 39) … voilà qui a le mérite d’être on ne peut plus clair. J’alterne lecture et écoute de musique, et j’admire une fois encore le détail de ces dahlias comme autant de soleils, qui remplacent celui qui a oublié de se réveiller depuis des jours. Les pages défilent, les théières successives se vident. J’arrive à présent à la dernière tasse de ce Jing Shan Cha, et c’est très bien parce qu’il est temps pour moi d’aller préparer le repas. Un dernier regard à ces superbes feuilles avant de les rendre à la terre. Me revoilà et pour continuer ma lecture arrêtée juste avant les Pu Er, j’en choisis un que je vais infuser en théière cette fois. Le décor est planté, le thé est versé, il dégage ce parfum terreux après la pluie, et la couleur acajou me donne envie d’y goûter : à la force se mêle une certaine douceur sucrée de chocolat, que se passe-t-il ? C’est la première fois que je note cette saveur que j’aime… Et dans ce chapitre aussi j’ai appris que le Pu Er se délocalisait: "Aujourd’hui, bien que le Pu Er reste principalement un produit du Yunnan, d’autres régions comme le Guangxi, le Guangdong et le nord du Vietnam en produisent aussi". (p. 66) Et là, je dis aïe, aïe, aïe en pensant que les chiens ne font pas des chats… Depuis le début de ma lecture, j’espère trouver de délicieuses expressions ou mots typiquement canadiens mais jusqu’ici rien. Il y a bien eu transvider, synonyme de transvaser, mais inusité de ce côté de l’océan, et voilà que concernant l’intérieur du couvercle du zhong, il est question de "l’endos qui est utilisé pour sentir les parfums" (p. 74). Jamais entendu ce joli mot, je vais donc voir sa signification dans le dictionnaire, Larousse (2005) l’ignore mais je le trouve dans le Robert avec une signification différente : "(...) c’est une mention portée au dos d’un titre à ordre", je vous fais grâce de la suite. Très loin donc du couvercle du zhong mais je le retiens, je trouve cela joli et je m’en resservirai ! C’est ici que je termine la lecture de cette partie qui m’a fait voyager en Chine, et de quelle belle manière, je n’ai pas lu les pages consacrées à la description des thés chinois, j’y reviendrai plus tard. Un autre genre de travail m’attend : la relecture du mémoire d’un étudiant de ma chère Lingling consacré à Modiano… Mais avant cela, petit rituel avant de rendre les feuilles à la terre : les admirer une dernière fois en pensant au travail de ces artistes amoureux de ce qu’ils font avec ces simples" feuilles…

mercredi 27 juillet 2011

Thé partagé, moment privilégié

Aujourd’hui, j’avais programmé la lecture de mon livre canadien.Mais d’abord choisir un thé de lecture, ce sera ce fabuleux Yunnan ramené de... La Porte Rouge à Strasbourg!Mais mon projet va être perturbé par une belle surprise : mon mari me rend visite dans mon salon bleu-thé. Nous partageons ce thé fabuleux infusé dans cette théière que j’aime particulièrement, elle était blanche au départ mais j’ai fait graver cette superbe phrase : "Le thé n’était pas seulement un remède pour combattre la somnolence. C’était un moyen d’aider l’homme à retourner à sa source, cette heure dans le rythme du jour quand le prince et le paysan partagent les mêmes pensées et le même bonheur en se préparant à retourner à leur destin" Lu Yu (733-804). Les tasses sont assorties et l’une d’elle est un cadeau de mon amie Guylaine, elle y a fait écrire: "Je suis le thé, je dilue le spleen et je parfume le bonheur". Je montre les feuilles de ce Yunnan d’or, il est impressionné par la couleur des feuilles sèches, ce thé porte bien son nom : Yunnan d’Or. Moments d’échange, moments privilégiés. Après le départ de Xavier, je repense à cette dégustation de lundi et j’admire les cartes du Club reçues de Françoise ce jour-là, elles ont été créées par Nikosan. J’attends avec impatience le programme pour les 10 ans de ce club si précieux pour moi. La lecture du livre sera pour plus tard...

mardi 26 juillet 2011

C'était hier, c'était à Strasbourg, c'était fou, mais que du bonheur !

Hier en rentrant, j’étais encore trop envahie d’émotions que je ne pouvais aligner un mot pour parler de cette improbable journée. Ma nuit fut très courte également, les images me revenaient en boucle, comme un beau rêve éveillé ! Il y a quelques jours, je reçois un courriel très alléchant : Nicolas me demande si je veux l’accompagner à … Strasbourg pour une dégustation de thé, me poser ce genre de question, c’est y répondre ! Tout excitée, je l’annonce à mon mari, qui après avoir su que nous ferions l’aller-retour en une journée en voiture, n’a eu qu’une réponse : "c’est comme cela que tu te reposes ? Tu es de plus en plus folle", je lui donne raison. Nicolas vient me chercher à 9 heures et nous voilà partis vers le bonheur. Première surprise, tandis que Françoise est installée à l’arrière, plongée dans sa lecture, nous commençons à parler de thé et puis, je ne sais comment, la conversation a bifurqué (je devrais dire dérapé…), Nicolas s’est mis à parler de bière ! Et en connaisseur ! J’ai plus appris sur ce liquide en quelques minutes que pendant tout le reste de ma vie. Il faut dire que j’ai cette boisson en horreur, associée qu’elle est pour moi à des hommes "mono-neuronaux" (si pas un pour deux), regardant un match de foot accoutrés de marcels. Je ne vous dis pas les fous rires et l’étonnement qui furent les miens en les entendant parler de ce qui est pour eux une délicieuse boisson. Ils sont plus belges que moi ! C’est dans une joyeuse ambiance que nous arrivons à Strasbourg après 4h30 de route et 2 arrêts. Voiture garée dans le parking de la rue Fossé des Tanneurs, à un jet de pierre de notre destination finale, la Galerie de Nikosan. Arrêt très (trop) bref au Thé des Muses pour saluer Michel, et nous pénétrons enfin dans ce lieu magique. Tout est prêt pour nous accueillir, et de quelle belle façon ! Et voilà les "responsables" de ce déplacement fou, Stéphane invité par Nikosan à venir nous faire vivre en vrai ce qu’il partage avec tant de passion sur son blog http://teamasters.blogspot.com/ (à consulter sans modération), voilà pourquoi il était impensable de rater cela ! Je n’ai malheureusement pas de quoi illustrer le propos qui suit, mais de connivence avec Niko, je n’ai rien dit à ma Cerise préférée de ma présence, je sais maintenant qu’elle n’est pas cardiaque ! Je revois sa tête en m’apercevant, bonheur de ces trop courtes retrouvailles… Niko et Stéphane nous préparent maintenant un Li Shan,comme thé d’accueil, cela commence fort. Sous l’œil attentif des participants, pris par l’atmosphère particulière de cette préparation tout à la fois simple et combien apaisante. Je ne vais pas relater ici tous les enseignements reçus, je veux rester dans l’ambiance de ce partage. Les infusions se succèdent, les questions également. Je m’attache particulièrement aux gestes de Stéphane, si fluides, si harmonieux. Ambiance très enjouée ici, normal, Fabienne n’est pas loin… Les feuilles infusées occupent maintenant tout l’espace de cette belle porcelaine ivoire. Quelques précisions sur ces grandes feuilles cueillies à la main, le bourgeon et une ou deux feuilles : plus les tiers sont en hauteur, plus les feuilles sont grandes. Arrive maintenant une expérience intéressante : infusion du même thé l’un sorti directement du sachet, l’autre contenu dans une jarre en porcelaine. C’est une jarre qui date de la dynastie Ming (1368-1644). Déjà en la voyant, j’ai eu un choc. Mais quand je l’ai eue en main j’ai vraiment ressenti cette émotion esthétique intense, la même que celle face aux chawans de l’exposition Japon, saveurs et sérénité au Musée Cernuschi en ... 1995 ! J’avais l’impression, presque la certitude qu’elle était vivante, qu’elle me racontait sa longue histoire, et je voyais son créateur en filigrane. Je pense que d’autres aussi ont été touchés, Nicolas ,Françoise Fabienne par exemple. Et ce qui est extraordinaire, c’est que le couvercle est intact alors que c’est ce qui manque en général aux objets anciens. Le thé choisi est Hung Shui.Infusé à partir de la jarre ou du sachet. Stéphane nous a fait gouter la différence et à la réaction des participants, elle était notable, mais moi je n’ai rien perçu que la saveur douce et sucrée du thé, j’avais les yeux rivés sur cette jarre qui me bouleversait. C’est dans ces moments intenses que je suis prête à croire que j’ai dû dans une autre vie, vivre à l’époque Ming, j'aime assez cette idée… Revenons à présent dans l’Ici et Maintenant pour assister à la préparation de ce même thé, en théière cette fois. Les feuilles sont posées sur une belle coupelle ancienne.Gestes lents et précis, harmonie et sérénité. Le temps d’admirer la beauté des objets qui vont magnifier le thé. Différentes attitudes pendant l’infusion, certains sont concentrés, d’autres papotent discrètement. Puis vient le moment de la dégustation, la photo parle pour moi. Et voilà le clap de fin, cela ne se voit pas au premier coup d’œil, mais ces magnifiques petits bols contiennent bien du thé, il ne manque que ma chère Françoise, c’est elle qui prend cette surprenante photo. Merci mille fois à toi Niko qui n'est pas là non plus, il prend la photo également, d’avoir permis cette rencontre intemporelle. Et merci aussi à toi Stéphane, ce fut un bonheur de te rencontrer. Je n’oublie pas Françoise et Nicolas sans qui je n’aurais pas vécu de tels moments. Et je repense une fois encore à cette belle phrase : les gens du thé sont une même famille, je l’ai vérifié une fois encore.

dimanche 24 juillet 2011

Un superbe dimanche, bien rempli et plein d'émotions

Première surprise, il fait moins mouillé que prévu mais encore trop frisquet à mon goût. Le choix de mon thé de lecture est vite fait, ce sera le Royal London Blend. La théière lui va bien, elle fait très anglaise même si rien ne l’indique, elle est née d'un artiste trop timide ou qui voulait garder l'anonymat... Tout en sirotant ce thé tonique, je pense d'abord avec émotion d'où il vient et avec qui je l'ai découvert... mais aussi à ce qui m’attend ce midi, j’ai hâte. En regardant les feuilles infusées, je me demande de quels thés est constitué ce blend, vu sa saveur corsée et chocolatée, je suppose qu’il doit y avoir de l’Assam. Il est bientôt temps de me rendre à mon rendez-vous. Retrouvailles avec ma chère Ling-Ling, cette fois dans un restaurant thaï, et comme chaque fois, sourires, rires garantis. Et nourriture délicieuse. Cette fois-ci, c’est la seule fois qu’on se voit, elle part mardi continuer ses recherches à Paris. Le temps passe très vite, trop vite et c’est bientôt le moment de la séparation. Merci à toi ma chère Ling-Ling pour ces moments intemporels toujours si riches de gaieté et d’émotion. Retour à la maison dans ce lieu de calme et de sérénité. Je commence à lire Thé, histoire, terroirs, saveurs, j’en reparlerai plus tard. Avant-hier, je l’ai feuilleté de la première à la dernière page en ne ragardant que les images, promesses de plaisir. Une fois encore je contemple ce qui restait de cet énigmatique Yu Zhe. Au flash, déclenché par mégarde, cela ressemble à des câpres. Toutes ces petites billes ont été infusées de la même manière, mais je constate 3 stades de développement des feuilles, décidément ce thé reste pour moi un mystère… Et une pensée émue pour Vanessa qui m’a fait découvrir ce thé si particulier aux saveurs sucrées, acidulées, réglissées mais qui ne me fait toujours pas penser à du Oolong...

jeudi 21 juillet 2011

Aujourd'hui, ce fut la fête ici

Surprise ce matin, le soleil a fait son apparition, c’est pourtant le 21 juillet...Confortablement installée dans mon salon bleu-thé, j’ai préparé un Suancha et je m’apprête à feuilleter pour la énième fois Toute la sagesse des sentences et proverbes chinois. Mais je suis bientôt submergée par l’émotion, c’est le dernier cadeau de mon amie Nicole, déjà plus d’un an qu’elle est redevenue une poussière d’étoile, elle avait 64 ans, nous nous connaissions depuis les primaires. Plutôt que de lire le livre, je me suis remémorée tous les bons moments passés ensemble. Cet après-midi, je reçois ma Pieuvre préférée. J’ai donc choisi un thé digne d’elle, un Jin Shan Cha que j’infuse en zhong. Ceci est la première infusion, il y en a eu 4 autres, la dernière est incroyablement sucrée. Tout en dégustant ce nectar, elle me parle de son voyage au Canada, plus précisément à Montréal et ses environs. Mais aussi des huiles essentielles qui pourront m’aider à retrouver des forces, je suis preneuse évidemment ! Elle n’est pas revenue les mains vides, elle m’a ramené ce livre que j’ai hâte de découvrir, ce sera pour demain. Merci à toi pour cette gentillesse naturelle qui te caractérise si bien, pour ce que tu es pour moi, ma chère Pieuvre. Et bon séjour à Ouessant, on se reverra au mois d’août. Une petite précision, je viens de regarder le journal télévisé, la drache nationale était bien de la partie mais seulement dans la capitale, ici à peine quelques gouttes en fin d’après-midi…