dimanche 30 novembre 2008

Un fabuleux Tie Kwan Yin d'automne

En revenant d’une visite à ma petite mère, je suis passée devant Tea for Two et oh miracle, une place pour ma voiture juste face à la porte, je n’ai pu résister à la tentation et j’ai bien fait ! Je m’apprêtais à regarder la carte quand Stéphane, l’un des deux hôtes de ce lieu, tout juste rentré de Chine me présente 2 trésors : un thé vert et un Tie Kwan Yin d’automne, je choisis ce dernier tant l’odeur qui se dégage du sachet est déjà capiteuse, ce qui me saute instantanément aux narines est un parfum de… jacinthe et de lilas ! Et bien sûr, le matériel pour l’infuser en Gong Fu. Les feuilles se présentent sous forme de grosses perles assez vertes avec quelques-unes très foncées. Il est tellement odorant que je l’infuse une première fois 15 secondes seulement. Le résultat est incroyable, malgré la pâleur de l’infusion, à peine jaunâtre, la saveur est très subtile, ce qui m’étonne un peu pour un thé d’automne, ce qui ressort maintenant est une saveur miellée, beurrée aussi. Je ne perçois plus ni la jacinthe ni le lilas mais encore des notes fleuries que je ne peux définir exactement. La 2e infusion (30 secondes) embaume déjà "à travers la théière", c’est une odeur de pâte à tarte… je crois rêver ! C’est la première fois que je peux être à ce point précise. L’infusion est légèrement plus jaune, j’ai même l’impression qu’elle est un peu huileuse, et la saveur correspond vraiment à l’odeur. Des 3e et 4e infusions (1 minute chacune), rien à dire si ce n’est que la saveur est moins prononcée mais tout aussi subtile. Je pousse les 5e et 6e infusions à 1’30, le liquide prend une couleur plus orangée mais toujours aucune amertume, c’est une saveur de pêche qui apparaît maintenant. Les feuilles se sont à présent presque entièrement déroulées. On les dirait huileuses, très joli camaïeu de verts. Et entre chaque infusion, je me nourris des paroles d’Alexandra David-Néel. Mais l’heure passe, je quitte à regret ce lieu dont je reparlerai très prochainement. J'aurais pu terminer ce mois plus mal... Encore un mot, cette maison de thé fête cette année ses 15 ans d’existence et à cette occasion le site a été entièrement reconstruit, je vous le recommande donc : Tea For Two

samedi 29 novembre 2008

Thé du Vietnam, à table...

Avant de dévorer La table du Thé, je veux déguster ce thé vert vietnamien bio, je l’ai découvert à La Route du Thé vendredi passé. J’ai donc comme chaque fois préparé mon matériel sous l’œil amusé de Lu Yu : 3g de thé, 20cl d’eau à 80° pendant 2 minutes. Ce que j’ai ressenti à la première infusion ressemble à s’y méprendre à ce que j’avais éprouvé lors de la dégustation du Pu Er cru 2008 chez Terre de Chine, cette astringence était telle qu’il m’était impossible de discerner quoi que ce soit d’autre. La couleur de l’infusion est orangée La seconde infusion est pareille tant au niveau du "goût" que de la couleur. Quand, enfin, la 3e fait apparaître un goût légèrement fumé, et me fait penser un peu au merveilleux Pu Er vert du Laos, de chez ThéOdor mais en plus brut, plus sauvage. Ce thé ne ressemble en rien à l’autre thé vietnamien qui m’avait été offert il y a quelque temps. Les feuilles sèches sont gris vert et semblent irrégulières, on aperçoit aussi quelques tiges. Les feuilles infusées sont vertes, tirant vers le brun. Je ne peux pas dire que ce premier essai m’ait particulièrement attirée mais je reste prudente, il m'en faut parfois plusieurs avant de me forger une opinion définitive (et/ou habituer mon palais). Je me console en attaquant la lecture du livre conseillé par Kriss : BRISSAUD B., La table du thé, Genève, Minerva, 2007 (les autres suivront…). J’ai tout de suite été séduite l’introduction et par la façon dont l’auteure présente le thé et envisage le rapport entre thé et mets : "Partout où existe le thé, il est synonyme de confort, de communion, de détente. Il stimule l’esprit, calme les nerfs, alimente la conversation et aide à la concentration : il éveille et apaise à la fois. Le thé aiguise les sensations gustatives, il met en valeur la finesse d’un plat. Il permet de découvrir une fantastique diversité aromatique : la pureté légère des thés blancs ; les notes d’algue, d’herbe et de céréales des thés verts ; les saveurs capiteuses des thés rouges, où l’on retrouve les agrumes, la rose, le muscat et la fumée de pin ; enfin l’humus des thés noirs et des pu-erhs, entre animal, minéral et végétal. (…). Un repas autour du thé est une fête des sens." Page 7.
Et page 9, un scoop : "Depuis deux ans, le thé est la première boisson mondiale, l’eau pure se retrouvant en deuxième position (…)". Elle fait ensuite le tour des pays du thé, en propose des recettes typiques en y associant le thé le plus approprié. Pour chaque recette sont également spécifiés le niveau de difficulté (de 1 à 3 étoiles), les temps de préparation et de cuisson et les ustensiles spéciaux. Quatre-vingts recettes, l'embarras du choix! J’en ai retenu quelques-unes dont j’espère parler bientôt, encore quelques émotions gustatives en perspective….

vendredi 28 novembre 2008

De la Maison de la Chine au Thé au Scribe

Nous voici maintenant dans cette Maison de la Chine, la décoration a changé mais l’endroit est toujours aussi typique. Ici aussi ma petite Emilie a été séduite et par le thé et ... l’éclair au matcha ainsi que par la dédicace de son carnet… Ici le mobilier est chinois, jusque là rien d’étonnant et nous nous installons sur des chaises étonnantes par contre, à très hauts dossiers qui me font penser à ces bateaux à longue queue de Bangkok. Nous commandons chacune un Oolong, Vanessa reste sur le Tie Kwan Yin et moi je choisis un Shuixian, le nom ne m’est pas inconnu mais je ne me rappelle rien de ce thé, je demande de quoi il s’agit exactement mais la souriante serveuse n’a pu me répondre, ce qui m’étonne un peu. En attendant, nous continuons à échanger sur notre passion commune puis Vanessa me fait une surprenante révélation, elle est ivre… et c’est le thé qui provoque cela me dit-elle. Effectivement, elle est moins bavarde, comme un peu absente, je suis assez étonnée, est-ce la fatigue accumulée pendant la semaine alors que son petit prince était malade, est-ce l’émotion des moments intenses vécus dans ces deux précédents lieux de thé ? Un peu des deux sans doute. Je la laisse un peu récupérer et je note dans mon petit carnet quelques changements comme par exemple le menu de midi sous forme de buffet qui a l’air délicieux, à retenir pour une prochaine visite. Je me dis qu’un bon thé fera passé cela… et là, c’est la déception, ils sont tous deux plats, comme passés. Comme chaque que je suis venue ici, j’en ai dégusté d’excellents, j’ai cru d’abord que le mien n’était pas assez infusé, je demande donc de prolonger l’infusion mais rien n’y a fait. Je suis un peu déçue mais en même temps je me dis que c’est un accident, cela ne m’est encore jamais arrivé auparavant. Et après tout, il m’est aussi déjà arrivé de rater un thé. J’ai par contre beaucoup aimé la présentation en éventail de leur carte des thés. Vanessa me propose d’aller nous consoler dans une pâtisserie japonaise dont je n’ai pas retenu le nom, si elle me prend par les sentiments. Deuxième déception, celle-ci est fermée le lundi. Le temps passe et elle doit aller chercher son fils à 5h30. Je comptais terminer mon pèlerinage là où il avait commencé, et prendre un thé au Scribe, là au moins je suis certaine de la qualité des thés et de l’infusion. Je souhaitais lui faire goûter ce Thé dans l’encrier, celui à manger bien sûr, malheureusement pour elle (et pour moi) il n’y en avait plus, elle s’est consolée avec un gâteau au chocolat et à la pistache. Moi j’ai résisté, j’en suis encore tout étonnée. Nous avons toutes les deux bu un Bancha Hojicha, comme un rappel de nos premières émotions gustatives de ce matin. Ici, l’ambiance est toujours la même. Et, le monde est petit, j’y croise Nadia Bécaud, venue donner une conférence à Paris, cela me rappelle que je serai à Lyon les 5 et 6 décembre, mais ceci est une autre histoire. C’est à regret que Vanessa et moi nous quittons, heureuses de cette journée très thé, nous espérons qu’elle ne restera pas la seule…. Quant à moi, ici se termine mon pèlerinage, ces 4 jours ont passé tellement vite tant ils furent intenses, je pars avec un certain regret bien sûr mais aussi enrichie et comblée, le monde est beau quand on le découvre dans une tasse de thé...

Chez Thés de Chine

Notre deuxième station est Thés de Chine, 20 Boulevard Saint-Germain, c’est un de mes coups de cœur, j’y reviens à chacun de mes séjours à Paris. Je suis heureuse de revoir Vivien, le maître des lieux, toujours aussi souriant et discret mais si chaleureux. J’y avais emmené ma petite-fille et il avait dédicacé son carnet de voyage ( il avait été étonné de ses connaissances concernant le Gong Fu Cha) pendant qu’elle discutait du menu avec Gilles, son chevalier servant du jour… Il faut dire que personne ne lui résiste. Nous nous dirigeons vers la Maison de thé pour y manger, je propose à Vanessa de prendre la suggestion de la carte, des raviolis vapeur et un thé au choix. Et comme chaque fois, je demande à Vivien de me conseiller un de ses trésors : cette fois il s’agit d’un Anxi Ti Kwan Yin fabuleux. Tout en dégustant ces gourmandises, Vanessa et moi avons beaucoup parlé, de sa vie, de sa route du thé, très intéressant évidemment mais j’ai été particulièrement touchée par la façon dont jeune cette maman parle de son petit homme ! C’était déjà visible sur son blog mais voir ses yeux briller en en parlant… Elle est enchantée de la découverte de Thés de Chine, et ne tarit pas d’éloge sur le lieu, le repas et le thé. Pendant qu’elle immortalise l’endroit, je passe à la boutique pour admirer tous ces objets superbes, je commande aussi 2 Thés, le premier m’est inconnu, c’est un thé rouge taïwanais (j'ai reparlerai) et le second est un Long Jing que Vivien me recommande particulièrement. Je n’ai rien planifié pour l’après-midi, je lui demande si elle a un souhait particulier, elle me propose la Maison de la Chine, encore un endroit que j’aime et qui me rappelle de beaux souvenirs. Après avoir pris un délicieux dessert, des boules de coco au thé vert, nous quittons la magie de ce lieu qui reverra Vanessa, je n’en doute pas. Et si cela vous tente, allez-y les yeux fermés, quand sobriété et qualité ne font qu’un, on ne peut être déçu…
Et au passage, j'admire une fois encore ce mur de Pu Er...

jeudi 27 novembre 2008

Avec Vanessa chez Tamayura

Ce lundi est mon dernier jour de pèlerinage et je passe cette journée avec Vanessa grâce à qui mon blog est si bien organisé, j’ai hâte de la rencontrer et j’espère que le programme lui plaira. J’ai relu certains passages de son blog concernant le thé pour le construire. Contrairement au mien qui ne parle que du thé, le sien est très éclectique, très personnel et ce que j’aime particulièrement, c’est que presque tous les sujets traités proposent des liens qui permettent d’approfondir; Cela vous donne l’envie d’aller y voir ? C’est ici : Je Suis Comme Je Suis vous ne serez pas déçu. Notre rencontre a eu lieu chez Tamayura dont j’ai déjà parlé les 15, 16 et 17 octobre soit ici, ici, ici et . Pour ne pas me répéter, je vous y renvoie, je ne décrirai que ce qui ne s’y trouve pas encore. L’accueil de Yasuko et Olivier est chaleureux, je suis ravie de les revoir, je regarde Vanessa en coin, et je vois qu’elle aussi est conquise. Olivier est aujourd’hui encore le maître de cérémonie. Après nous avoir servi un Sencha, le thé de l’accueil au Japon, la première dégustation est celle d’un Houjicha, qui est un Sencha (ou un Bancha) grillé à haute température. Les feuilles marron sont de forme assez inégale et on peut également y voir quelques tiges. L’infusion est ambrée, en bouche elle est très veloutée et dégage des arômes de chataîgne et des notes boisées. Aucune amertume, c’est un thé qui accompagne très bien les repas.
Vient ensuite la préparation d’un Genmaïcha, un Sencha auquel est ajouté du riz torréfié, ce qui lui donne cet agréable arrière-goût de noisette. Le Genmaïcha d’ici contient du Matcha, Olivier nous explique qu’il sert à homogénéiser la couleur et le goût. Il nous dit aussi que l'ajout de riz au Sencha avait pour but de permettre aux régions, qui ne pouvaient pas s'approvisionner en thé vert en grande quantité, de pouvoir consommer du thé quotidiennement, j’ai encore appris !
Je ne parlerai pas ici du Gyokuro qui a suivi, ni du délicieux Matcha (et un bol vide en est la preuve...)
sauf pour signaler que Vanessa a été invitée à préparer le sien. Comme moi, elle a constaté que ce n’est pas évident, qu’il faut vraiment acquérir un tour de main ou plus exactement de poignet.
Pendant qu’Olivier répond aux nombreuses questions d’une Vanessa manifestement ravie, j’admire une fois encore ces magnifiques objets mais je n’ai pas craqué, j'ai déjà un set à Gyokuro, je n'avais par contre plus rien à y mettre, je me suis contentée d’un sachet de Gyokuro pour prolonger ces instants forts. Il est temps de quitter ce lieu, notre route du thé doit continuer… J'espère que ce sera aussi fort, mais pour le lieu suivant, je n'ai aucune crainte...

Un dimanche qui finit bien...

Après avoir repris la rue Saint-Louis-en-l’Isle, en quête dela Charlotte de l'Isle, me voici maintenant si pas au paradis, certainement dans un lieu créé par des fées malicieuses et très collectionneuses. Tout ici retient le regard et ce dès l’entrée : un bric-à-brac esthétique enchante mes yeux tandis que mes papilles frémissent à la vue des tartes et gâteaux faits maison. Le comptoir est jonché d’un tas d’objets dont des théières de toutes formes, principalement des animaux. Il me faut attendre un peu avant d’avoir une place assise, cette bonbonnière est pleine. A l’opposé du comptoir, adossé au mur se trouve un piano et quelques partitions, on n’attend plus qu’une fée musicienne, elle ne se montrera pas aujourd’hui.
Je suis vraiment bien placée, la table que j’occupe se trouve entre les 2 pièces, en effet ce lieu féérique comprend 3 pièces en enfilade, dont 2 consacrées au salon. La 2e pièce aussi appartient au monde des fées, ou des contes. Je commande un Darjeeling et un gâteau au chocolat puis je me plonge dans mes guides pour en savoir plus sur ce lieu magique que je visite pour la première fois, je sais déjà qu’elle sera suivie de beaucoup d’autres… Tout en dégustant cette divine gourmandise chocolatée, je m'amuse à comparer ce que Jane Pettigrew a écrit à cette réalité enchantée : "(…) It is an enchanting little tea room just big enough for a dozen people to sit surrounded by objects that seems to have popped out of old dreams and gathered here to amuse. There are puppets dangling on strings, creatures perched on the edge of shelves, good witches, dolls, and fairies flying on threads from the ceiling, baskets and boxes from India, charming little pictures propped against the wall, and masks from carnival and Halloween (…)" in Tea in the city - Paris, page 29.Voici ce que dit Gilles de celle qui a la chance de posséder ceci : "Fidèle au poste depuis 33 ans, Sylvie Langlet (…) est une artiste (céramique et poésie) qui collectionne les moules à chocolat (…)" in Le guide du thé à Paris, page 131. Je souhaite donc rencontrer la fée du lieu mais vu le monde, je ne me fais pas beaucoup d’illusion, cette maison de poupées ne désemplit pas et elle doit être très occupée dans sa cuisine mais chez les fées tout est possible et c'est émerveillée que je pénètre dans son domaine, accueillie par Sylvie elle-même, chaleureuse et enjouée qui me parle avec passion tout en continuant à préparer ses gâteaux, un vrai bonheur. Et une des étagères est pleine à craquer de ces moules à chocolat qu’elle collectionne. Et elle s’en sert bien sûr, les chocolats de toutes formes sont en nombre dans la vitrine, et à table on peut se régaler de chocolats chauds dans la tasse. Elle dédicace gentiment mes 2 guides, je serais bien restée encore dans cette cuisine mais je ne veux pas la déranger plus longtemps, je retourne donc à ma table. Mais cela ne désemplit pas, la file d’attente s’allonge et malgré mon envie de rester jusqu’à la fermeture, je cède ma place à regret pour affronter les intempéries extérieures en me promettant de mettre ce lieu dans mes favoris. Pour voir le site, il suffit de taper "la charlotte de l’Isle" et pour s’y rendre, c’est au 24 de la rue Saint-Louis-en-l’Isle, métro Pont-Marie ou Sully-Morland. Et ne m’en voulez pas si vous ne pouvez plus vous en passer, je vous aurai prévenu…

mercredi 26 novembre 2008

Le meilleur mais aussi le pire...

Ce dimanche matin, j’avais programmé une autre visite de musée, j’avais le choix entre 2 expositions au musée Guimet (Konpira-san, sanctuaire de la mer, trésors de la peinture japonaise ou Trésors de Dunhuang, mille ans de culture bouddhique). Encore sous le charme de celle d’hier, j’ai opté pour la première. J’ai été déçue, rien ne m’a touchée, je n’ai pas ressenti d’émotions face à ces peintures assez hétéroclites mises les unes à côté des autres. Et je n’ai pas voulu enchaîner avec l’autre de peur de devoir aller trop vite, j’avais rendez-vous au Tea Caddy à midi pile et j’ai horreur d’arriver en retard. Comme ici nous sommes en Angleterre au début du siècle passé (Tea Caddy a été ouvert en 1928 par Miss Kinklin, une gouvernante anglaise), j’emprunte à Jane Pettigrew la description de ce lieu so british : "Taking tea at the Tea Caddy is very much like sitting inside an old-fashioned English caddy. Once inside this old enchanting room, you live Paris behind and become very English.The te ais served in traditional blue and white willow pattern teacups and saucers just like your grandmother always used. Everything is immaculate and of true English style (…)" in Tea in the city : Paris page 41. Gilles a choisi la tarte salée du jour et moi un brunch, nous nous sommes laissés tenter par un Pu Er au gingembre et au citron, il a aimé moi pas du tout mais je ne regrette pas de l’avoir essayé, j’aime les contrastes.
Le dessert fut évidemment de "really good scones with clotted cream and strawberries)" p. 41.
Tout est fait dans la maison par l’heureuse propriétaire Sophie Fort et son fils. Ce dimanche le service était assuré par la fiancée de celui-ci, une adorable toute jeune vietnamienne. La relève est donc assurée. Si vous voulez en savoir plus, allez sur le site The Tea Caddy Et surtout, n’oubliez pas de réserver ! Après ces moments chaleureux nous nous décidons à affronter les intempéries et je continue seule ma découverte, Gilles a des corrections à achever, j’ai moi aussi connu cela mais c’était dans une autre vie. Après avoir cafouillé dans le métro, je suis finalement arrivée à Pont-Maris, j’ai traversé le pont et me suis retrouvée sur l’île saint Louis par une pluie battante et un vent à décorner les bœufs, j’étais transie. Et là, j’ai connu l’enfer : je vois de biais une enseigne dont je lis les derniers mots : "de l’Isle", je me crois arrivée, je rentre donc et m’installe un peu étonnée, je ne reconnais rien de la description de mes 2 guides mais une chose attire mon attention : soupe à l’oignon, je la commande aussitôt pour me réchauffer. Arrive très vite un bol fumant dans lequel nage une bouillie de morceaux de baguettes auxquels colle du fromage desséché par un trop long séjour dans le micro-ondes. Après avoir fait l’effort d’un goûter une gorgée, je remballe l’innommable et en attendant le remplacement, je commande un Lapsang Souchong.
Le thé est très correct, en mousseline de chez Dammann, je demande depuis quand la décoration a été changée, et j’aurais dû me douter de la réponse, je n’étais pas là où je voulais être, seule la fin de l’enseigne était identique, quand j’ai froid, mes neurones aussi sont atteints…. Arrive enfin le 2e essai, pire que le premier… je rappelle la jeune-fille en lui disant que c’est tout aussi immangeable, elle va chercher "le chef ", je lui dis que je refuse de manger cela et donc de payer ces breuvages, il n’a pas discuté. Me voilà donc à nouveau dehors dans le vent et le froid en quête de La Charlotte de l’Isle, ce lieu qui fait l’unanimité dans mes 2 guides. Un peu de patience, je vous emmenerai très bientôt au paradis...

Et enfin Théodor, c'est de l'or

Ma dernière visite de ce samedi fut un comptoir de thé qui m’est particulièrement cher. Je suis toujours assez émue en en franchissant la porte.
Le lieu d’abord, une ancienne crèmerie du début du 19e siècle dont la décoration est inimaginable aujourd’hui : plancher de bois, plafond magnifiquement décoré et mis sous verre sans oublier les céramiques qui ornent une partie des murs. Tout cela, pourtant superbe, n’est cependant rien à côté de l’âme de cet endroit, et cette âme a un nom, Nadia. Quand je suis rentrée elle mettait, aidée de son amie, la dernière main à la décoration de Noël, ici pas de sapin mais … un théier bonsaï.
Nadia est une jeune femme incroyable, elle parle des thés avec passion mais aussi avec une incroyable connaissance ! Si je n’avais pas vu son visage la première fois que je l'ai rencontrée, j’aurais pu me dire : quelle voix jeune pour une dame de 80 ans tant ses connaissances sont étendues mais aussi tellement précises, pointues! Vous ne me croyez pas ? Venez vérifier ! Et il ne s’agit pas d’une belle leçon apprise par cœur, son souci va plus loin, bien plus loin. Un seul exemple aujourd'hui: un jeune homme est entré, il cherchait un cadeau à offrir mais ne savait pas trop quoi : il a alors été interrogé sur la personne, et dans les détails, de manière à ce que le cadeau ne soit pas simplement des thés de plus mais soit réellement personnalisé, jamais nulle part ailleurs, je n’ai connu cette approche, nous avons été deux à être impressionnés ! Je pourrais l’écouter pendant des heures ! Ici pas de frustration de ne pas déguster de thé on boit ses paroles et on est "rassasié" pour longtemps !
Guillaume, son mari est aussi un véritable phénomène ! C’est un incroyable magicien des mélanges : très créatif, il ose des associations improbables et le résultat est quasi indicible. Je ne bois plus de thé parfumé sauf 2 de chez ThéOdor : le thé cocotte, un Darjeeling à la tomate et Toupet de légumes, un thé aux légumes et aux fruits rouges, entre autres les groseilles que j’emploie en cuisine mais aussi en accompagnement des plats. Et j’en ai déjà surpris plus d’un. J’en utilise beaucoup d’autres dans mes préparations culinaires, j’en parle dans la rubrique Cuisine au thé et autour du thé. Il n’y a évidemment pas que les thés parfumés, une collection est consacrée aux Thés d’excellence, sans parler des objets du thé dont de superbes théières. Mais vous retrouverez tout cela et bien plus sur le site de ThéOdor ou prenez le métro jusqu’à Trocadéro ou Pompe et rejoignez bien vite le 28 de la rue des Sablons…
Je quitte Nadia à regret avec l’espoir de revenir très vite dans ce lieu de ressourcement. Espoir n’est-il pas la signification de son prénom ? Merci à vous deux pour ces moments si riches !

Vous avez dit Pu Er 2008 ?

Le plus surprenant fut ce 4e Pu Er (pour moi du moins). C’est aussi un Sheng Cha du district de Li Cang. Il a été cueilli au printemps 2008 sur un théier traditionnel de 100 ans. La brique est magnifique, de couleurs très automnales pour un Pu Er vert cependant. On aperçoit aussi quelques tiges.
L’infusion est d’un jaune paille à l’œil, je m’attendais donc à quelque chose de doux et c’est une forte astringence qui m’a véritablement agressé le palais, le desséchant presque complètement, c’était tellement fort que je ne goûtais rien. Heureusement dès la seconde infusion, un goût légèrement fumé a succédé au choc.
Après infusions, on voit très bien que ce qui domine sont les feuilles vertes, contrairement à ce que la brique pouvait laisser croire. Avant de commencer, je pensais m’en acheter un pour le faire vieillir mais 2 choses m’ont retenues, d’abord l’impression désagréable de la première infusion mais aussi et surtout que madame Wang nous a mis en garde quant au vieillissement des Pu Er sous nos climats. Les conditions de réussite sont un taux d’humidité de 80°, jusque là pas de problème, cela peut se faire, de la chaleur idem mais la 3e, tout aussi importante est la circulation d’air et ici c’est impossible sans fermer la pièce… or l'air doit circuler. Le risque est que dans une pièce fermée de la moisissure peut se former… Et dire que j’ai des galettes qui dorment dans un tiroir de mon salon bleu-thé, dont une depuis 3 ans, je comptais la conserver pour fêter mes 70 ans ! Mais je crois en ma bonne étoile, je vais lui (leur) dire bonjour chaque semaine en lui (leur) parlant, je me dis donc qu’elles vieilliront heureuses… En sortant de Terre de Chine, j’ai encore changé mon programme, je n’avais pas envie de changer de genre en allant dans un autre salon, je suis donc allée voir l’exposition "Shôkokuji Pavillon d’or, pavillon d’argent, Zen et Art à Kyoto" que j’avais programmée pour le dimanche. Je ne l’ai pas regretté, c’était de toute beauté, particulièrement les films sur les 2 pavillons.
Voici le phénix pour seule trace de cet enchantement, les photos sont interdites dans les expositions temporaires, je l’ignorais… Ma journée ne s'est cependant pas terminée ici, un autre enchantement m'attendait près du Trocadéro...

Un TH 260, un Pu Er cru de 2 ans

Le premier Pu Er cru (= Scheng Cha) qui nous est proposé a 2 ans, il est issu du district de Lin Cang et provient d’un théier ancien de 500 ans. Je suis frappée par les couleurs de la brique, si on voit encore du vert, il y a surtout du gris et un peu de brun déjà. Après la cueillette, les feuilles sont séchées au wok pendant 7 à 9 minutes, pour ne garder que 9 à 12% d’humidité. Puis séchage à l’air libre, à une température de 20-25° pendant +/- 30 jours. Puis passage à la vapeur pour compresser les feuilles en galettes.
On cueille le bourgeon et 2 feuilles. On voit ici qu’une des feuilles est encore verte et que l’autre a déjà viré au brun.
La liqueur est translucide, brillante et d’une belle couleur ambrée. Au goût je perçois le fumé suivi très vite de sucré doux, comme du miel mais aussi une certaine astringence qui m’a fait penser à certains Darjeeling. Dès la 2e infusion, celle-ci avait disparu pour laisser place à plus de rondeur.
Une compatriote assistait également à cet atelier, elle a le projet d’ouvrir un salon… et ses clients auront de la chance, elle arrive très facilement à mettre des mots précis sur les saveurs, j’étais plus qu’admirative. J’espère Carine que ton projet aboutira, je croise les doigts et attends de tes bonnes nouvelles!

De la librairie à Terre de Chine...

Le programme de ce jour commence par un passage dans une librairie, je voudrais trouver les 2 livres conseillés par Kris, qui a eu la gentillesse de me les signaler. Cela tombe bien, la Fnac des Halles se trouve pas loin de Terre de Chine. Partie pour les ramener tous les deux, je n’en trouve qu’un mais me console en en ramenant 3 autres. Je ne les ai pas encore ouverts mais cela ne saurait tarder, j’ai quelques diners en perspective ces 2 prochains mois. J’en ferai un commentaire alors mais vous en donne déjà les références.
BRISSAUD B., La table du thé, Genève, Minerva, 2007.
DATTNER C., Thé, rituels et bienfaits, Paris, Flammarion, 2008.
DUHAUT N., THIBAULT B., Les thés bio, plaisir, réconfort et bien-être, Croissy sur Seine, Anagramme, 2007.
LAGLANTINE A., J’aime et je cuisine le thé, Paris, Rustica, 2007.
C’est déjà chargée mais aussi très excitée que je me rends chez Terre de Chine, où je n’étais plus allée depuis les transformations. J’ai en effet pu m’inscrire à un atelier sur les Pu Er.
J’y suis chaleureusement accueillie par Madame Wang Li Juan dans ce lieu qui me fait penser aux maisons de thé chinoises. Je suis la première, ce qui me donne le temps de parler un peu avec elle. J’apprends alors que l’atelier sera le même que celui auquel j’ai assisté le 10 novembre dernier à l’Heure bleue , ce qui n’est pas un problème pour moi, je suis certaine que j’apprendrai encore. Et ce fut le cas. Je ne reprendrai pas tout ce qui a été dit sur les 4 Pu Er, je complèterai seulement ce que j’en ai déjà dit le 10 novembre, je parlerai donc plus des Pu Er crus, j’en ferai d'ailleurs un autre billet. Mais un mot sur l’atelier d’abord. Nous étions 5 ce samedi, devant chacun d’entre nous, une jolie petite farde noire avec au dos, l’histoire du thé et des feuilles de dégustation à l’intérieur. Madame Wang nous resitue le Pu Er dans l’histoire du thé et nous explique la différence entre Pu Er cru, vieilli naturellement et Pu Er cuit "naturel" auquel on rajoute de l’eau pour accélérer la fermentation. Et c’est seulement aujourd’hui que j’ai compris qu’il y avait donc aussi des Pu Er cuits naturels (je croyais qu’ils étaient tous "trafiqués"). L’autre méthode accélérée consiste à rajouter des micro-éléments, ici on parle donc aussi d’accélérer le processus de fermentation mais artificiellement. Alors que le cuit naturel reste doux, l’autre donne très souvent un goût acre, âpre. Le premier reste translucide, le second est souvent très noir et opaque.
Sur cette photo, on voit le Pu Er cuit issu d’un théier ancien de forêt, La liqueur fait ressortir des odeurs de cuir puis de champignons.
La feuille entière est très grande et semble "trouée" par endroits. Si vous avez envie de découvrir ces thés particuliers, n'hésitez pas! rendez-vous sur le site Terre de Chine ou envoyez un courriel à info@terredechine.com C'est un vrai bonheur d'écouter madame Wang parler avec passion des thés de son pays.