Me revoilà à l’Institut du thé après un voyage surprenant : d’abord mes complices et moi ne sommes pas dans le même wagon, j’attends donc que le TGV franchisse la frontière pour aller les saluer. Je m’apprête à me lever quand mon GSM retentit, c’est Jean-Pierre qui m’annonce qu’il est impossible de se rejoindre, il n’y a pas de passage entre les wagons. J’ai trouvé cela stupéfiant, comment font alors les contrôleurs ? Et en cas d’accident ? On attendra donc l’arrivée à Lyon ! Je me livre alors à mon activité préférée dans ce genre de lieu, je veux vérifier si le Wifi est opérationnel, mais le train n’est pas équipé, je commence à avoir l’habitude…. Par contre, en quittant Lille, je vois arriver une jeune femme poussant un chariot comme dans les avions, c’est une grande première ! Elle propose café, thé, chocolat chaud, jus d’orange et une douceur salée ou sucrée. C’est l’odeur du café qui agresse mes narines, agresse parce que cette odeur, je ne la connais que trop bien, c’est celle, typique, d’un café de couvent ou de pensionnat, j’ai donc choisi… un thé en sachet et la madeleine qui va avec! Vous ne me croyez pas ?
Voici la preuve. Et le comble, le thé porte le nom de Clipper, ces grands bateaux très performants qui ramenaient l’or en feuilles ! Et, privée de l’essentiel, je l’ai bu ! Je ne l’ai même pas trouvé mauvais mais, je n’en ferais pas mon ordinaire quand même ! Je croise Josiane et Jean-Pierre à la Part-Dieu mais nos chemins se séparent très vite, pour rejoindre Poule, je dois changer de gare. Voyage sans encombre et sans thé. Je suis accueillie par Nadia qui m’apprend que je suis la seule à loger cette fois.
Nous partageons comme chaque fois un thé de bienvenue, cette fois un Feng Huang Dancong fabuleux pour des retrouvailles très chaleureuses.
Douze infusions et il n’a pas encore tout donné mais le souper est prêt. Après une très bonne nuit malgré un orage violent, Nadia me prépare un Jing Shan Mao Feng, c’est là que se trouve un célèbre temple d’où est partie toute la culture japonaise du thé.
Les feuilles sèches sont très duveteuses et dégagent un parfum vraiment très subtil.
L’infusion est très claire, à peine colorée au goût très frais, très doux. Je ne connaissais pas ce thé introuvable en Europe, ramené par June et Nadia lors de leur périple chinois.
Puis arrivent les premiers élèves : Josiane et Jean-Pierre. Ce même thé leur est proposé et avec lui la suite de l’histoire du thé. Celui-ci était cultivé autour des temples pour ses bienfaits pour la santé (première utilisation de cette plante) et pour l’éveil ; il avait une grande place dans la vie du temple : les moines buvaient le thé avant chaque enseignement mais aussi avant le travail manuel qui les rendaient indépendants des donateurs. Ils pourvoyaient donc à leurs besoins (un jour sans travail est un jour sans riz dit le proverbe). Les moines buvaient aussi du thé avant et même pendant les longues méditations. Puis un autre thé pendant leurs courts moments de loisirs et enfin avant le travail du corps (Tai Chi, Qi Qong, Gong Fu, …) C’est dans ce temple que des moines japonais sont venus apprendre la branche du Chan qui deviendra le Zen chez eux. Ils ont donc été imprégnés de cette culture du thé et en ont ramenés des graines dans leur pays il y a mille ans (il existe depuis 5 mille ans en Chine). Puis le reste des élèves arrivent:
Sylvette, toujours en quête d’apprendre. Quant à Sylvie, l’expression rayonnante de son visage en dit long sur son bonheur. Déjà dans cette maison de thé, les échanges vont bon train. Puis vient un temps de méditation et le dernier enseignement de ce cycle si riche, consacré cette fois au Wu Wo, littéralement sans moi ou non ego, notion difficile à comprendre et surtout à intégrer pour les occidentaux, je ne parlerai pas ici de cette notion si exigeante mais si riche, j’ajouterai seulement que c’est aussi le nom d’une cérémonie qui se pratique lors des grands rassemblements des gens du thé. Chaque année Nadia organise la Fête du Thé : rassemblement annuel des amis du thé pour participer à la cérémonie de thé wu wo. Cette année elle aura lieu le dimanche 28 juin à 10 heures à l’Institut du thé à Poule les Echarmeaux. Je ne pourrai malheureusement y être cette année mais j’y ai déjà participé et je peux vous dire que ce sont des moments très forts et très vrais. Alors si cette expérience humaine vous tente, n’hésitez pas à demander les renseignements à :
nadiabecaud7@yahoo.fr , vous ne serez pas déçus et vous en redemanderez. Après une promenade apéritive, nous nous retrouvons autour d’une table pour le repas de midi.
A partir de la gauche : Sylvie, Nadia, Emilie sa fille, Lionel, Pierrick et Jean-Pierre.
Mais on le voit bien mieux ici, en grande conversation avec Sylvie. Tandis que Nadia discute avec Lionel.
Les conversations vont bon train ici aussi entre Josiane, Sylvette et moi. Puis l’après-midi est consacrée au perfectionnement de cette belle cérémonie des Lettrés.
Deux tables de pratiquants attentifs: Sylvie, Lionel, Pierrick et Jean-Pierre.
Sylvette, Franck, Josiane et la place vide est la mienne, je me demande où je traîne encore…. Cette cérémonie a l’air tellement simple quand on observe Nadia, mais quand il s’agit de la refaire… Et nous terminons cette journée en beauté.
Nadia nous prépare un Gyokuro qui nous est offert par Franck.
L’infusion est très pâle.
Chacun déguste ce cadeau avec plaisir: Sylvette, Franck, le généreux donateur, et Sylvie.
Pour certains, c’est la première fois.
Quelles que soient les préférences de chacun, merci Franck pour ce thé offert.
Et voici les feuilles après 4 infusions. C’est là-dessus que se termine le dernier cours de cette année. On se sépare ici… jusqu’en octobre.
C’est avec un peu de nostalgie que je fixe une dernière fois ce beau paysage. Il nous reste à méditer sur tout ce que cette année nous a apporté, à nous maintenant de progresser sur la Voie du Thé, à notre rythme, modestement en gardant bien présentes à l’esprit les 4 vertus du thé : Harmonie, Respect, Silence, Sérénité. Je me rappelle aussi avec émotion d’une phrase prononcée par Nadia qui m’avait beaucoup touchée : « Le cœur de la culture du thé, c’est l’Art visible et la Voie invisible »… Merci à toi Nadia, notre "Maître de Thé", pas autoproclamée mais reconnue par tes élèves pour ta compétence, ta passion communicative, ta modestie, en un mot ton "non ego". Merci de nous faire partager toute ta sagesse...
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