mardi 6 décembre 2011

Il y a voyage et voyage...

Hier aurait dû être une journée comme je les aime partagée entre thé, lecture et musique. Et c’est bien comme cela qu’elle a commencé. D’abord thé et musique, cet énigmatique Long Jing de Taiwan.Puis, après avoir jeté un dernier regard sur ces feuilles spéciales, qui donnent un rendu bien meilleur en théière qu’en zhong, thé et lecture. Je reprends ma bible là où je l’avais laissée et j’aborde à présent la partie consacrée au thé dans le Japon d’aujourd’hui. Après la 2e guerre mondiale, la consommation de bancha tend à disparaître, le pouvoir d’achat augmente et les Japonais se tournent vers des thés de qualité supérieure. Une phrase retient mon attention (page 38) : "Pour répondre à la demande de plus en plus importante, il faut même faire cultiver et transformer à l’étranger, en Chine et à Taiwan en particulier, du thé vert adapté au goût japonais !", je ne savais pas que cette pratique datait de cette époque, je la croyais beaucoup plus récente . (http://la-theiere-nomade.blogspot.com/2011/04/que-faire-un-mercredi-apres-midi.html) La suite m’a rappelé une de mes très rares mésaventures avec cette boisson que je vénère. . "D’ailleurs, c’est un secret de polichinelle, mais, encore actuellement, du "sencha"(les guillemets s’imposent) fabriqué en Chine est produit en grandes quantité pour le Japon, où il est utilisé pour des produits industriels bon marché voire même pour l’exportation vers l’étranger sous le "label" japonais ainsi, tous les thés présentés à l’étranger ne sont pas réellement originaires du pays." (page38) http://la-theiere-nomade.blogspot.com/2010/08/le-gyokuro-chinois-ou-les-chiens-ne.html Je ne m’étais pas encore décidée à jeter ces horreurs, je dis bien jeter pas les rendre à la terre, je ne veux pas l’empoisonner, c’est maintenant chose faite ! Le "Guokuro", cela pouvait encore aller (quand on est en manque…), mais le Sencha ! Et ce qui suit me rappelle ce que j’avais constaté à Taipei, les jeunes (et les moins jeunes) ne connaissent plus les égards dus à cette boisson. "Et au risque de surprendre le lecteur, il faut signaler que nombre de foyers japonais n’ont même pas de théière digne de ce nom à leur disposition !". ((http://la-theiere-nomade.blogspot.com/2011/04/que-faire-un-mercredi-apres-midi.html) Cela m’avait aussi étonnée d’apprendre que Natsuki, la sœur japonaise de mes petites-filles, ne buvait pas de thé chez elle mais bien du café… Elle s’est rattrapée avec moi, et elle a aimé cela. Eternel dilemme entre respect des traditions et attrait de la nouveauté. Ou comment ne pas perdre son âme et vivre avec son temps… Ma surprise et le coup de bambou vont suivre ! "S’ils produisent quasi-uniquement du thé vert, les Japonais n’en sont pas moins devenus amateurs de thé noir. Les salons de thé à l’anglaise avec leur "afternoon teas" remportent un large succès (Lipton a même ouvert une chaîne de salons de thé à travers le Japon ! (…) Le thé "français", qui désigne en fait des thés parfumés, souvent importés de l’Hexagone, connait également un certain engouement depuis quelques années, l’image de la France au japon étant souvent synonyme de luxe et d’élégance." Heureusement, tout n’est pas perdu, prise de conscience des producteurs et distributeurs sans oublier les Nihoncha instructors dont un Français dont le site est une véritable mine d’or pour approfondir ses connaissances. Il est très pointu, il vaut donc mieux commencer par ce guide-ci. ( http://sommelier-the-japonais.blogspot.com/ ).Un peu de musique, un Oolong d’anniversaire et de la musique qui évoque cette terre. Je dois aller faire des courses cet après-midi, mais je ne compte pas m’éterniser, c’est du moins ce que je croyais ! En sortant de la librairie où j’allais chercher des livres commandés et enfin arrivés, je veux reprendre ma voiture, mais elle ne démarre plus, pas de contact ! Après 2 nouveaux essais infructueux, j’appelle Europ assistance, et j’apprends qu’il y a entre 1h et 1h30 d’attente… Comme il n’y a pas de contact, impossible de mettre le chauffage. Je ne peux même pas tuer le temps en lisant les livres, ce sont des cadeaux et ils sont emballés. Heureusement, je n’ai dû attendre que 40 minutes et je vois arriver mon sauveur. Je lui cède la place et la clé en croisant les doigts pour qu’il puisse m’arranger cela, il introduit la clé dans le contact… elle démarre au quart de tour ! Je ne décris pas ce qui m’est passé par la tête, je bouillonnais ! Le dépanneur a quand même réussi à me faire sourire en me disant qu’avec des clientes comme moi, il aurait vite fini sa journée… Deuxième station, les courses alimentaires. Au moment de reprendre mon véhicule, j’entends mon nom, je me retourne, c’est un ancien collègue qui sortait du magasin et qui avait garé sa voiture à côté de la mienne… heureusement ! Après avoir papoté un certain temps de choses et d’autres, nous reprenons nos engins sauf qu’au moment où j’introduis ma clé, tous les voyants s’allument… et s’éteignent immédiatement, je hurle ! Bernard sort alors de sa voiture et m’annonce que c’est certainement le circuit électronique (je ne savais pas que sur cet engin basique, il y avait ce genre de technologie), qu’on ne peut rien faire sur place et qu’il faut appeler le service de dépannage ! Quand je lui raconte mon aventure précédente, il me propose de s’en occuper et d’attendre avec moi. Cette fois, cela n’a pas duré trop longtemps, à peine une demi-heure, mais quand j’ai vu la tête du dépanneur (le même que la première fois), j’ai éclaté de rire alors que je fulminais, Bernard et lui se sont penché avec délectation sur la bête, je ne sais ce qu’ils ont traficoté mais ils ont pu faire une réparation provisoire, en me disant que je devais d’urgence aller chez le garagiste. Il est 17h30, je n’aurai plus de RV mais je téléphone, je veux un RV pour le lendemain, mon mari se moque de moi en disant que je crois au père Noël, alors comme toujours quand je suis sûre de gagner, je lui propose un pari : si je gagne, il se débrouille pour le souper, si je perds, je ne vais pas dans mon cocon ce soir et je m’occupe de tout… Et qui a gagné ? Effectivement, le garagiste me dit d’abord que c’est impossible, mais je prends une voix désespérée et comme "je suis bien avec" comme on dit par chez nous, il me casera effectivement le lendemain entre 2 autres à condition que j’arrive à l’ouverture et que j’aie un peu de patience…. Trop énervée par ces contretemps et cette perte de temps, je ne reprends pas ma bible, je me prépare un Pu Er et réécoute le Chant de la Terre, Mahler est un de mes compositeurs préférés, je passe le reste de la soirée avec lui et ses admirables symphonies qui me donnent la chair de poule. En regardant cette théière, cadeau d’une de mes étudiantes, je pense à ces années dans une autre vie où j’avais pour métier ma passion, j’ai eu de la chance, je n’aurais jamais pu exercer un métier alimentaire. Ce matin, direction le garage, j’ai emporté ma bible pour que le temps ne me semble pas trop long. Cette 2e partie est intitulée La cérémonie du thé ou l’esprit du thé. Est-ce bien sérieux de lire cela dans ce lieu saugrenu qu’est le show room attenant au garage ? J’ai beaucoup appris notamment sur le déroulement d’une cérémonie. Je me souviens de ma rencontre avec celle-ci, il y a bien longtemps … http://la-theiere-nomade.blogspot.com/2008/05/mon-premier-cha-no-yu.html . La troisième partie est consacrée au thé, boisson de santé, je commence à avoir froid, j’en aurais bien besoin mais ici il n’y a que du café, du thé et du chocolat issus d’un distributeur, je préfère attendre. J’ai parcouru ce chapitre sans vraiment m’y attarder, ni lire pour retenir. Je sais que je pourrai trouver ici les informations à ce sujet. Je relis avec plaisir cette citation de William Gladstone : « Si vous avez froid, le thé vous réchauffera. Si vous avez trop chaud, le thé vous rafraîchira. Si vous êtes déprimé, le thé vous réconfortera. Si vous êtes énervé, le thé vous calmera. » (Mich, je ne t’oublie pas tout à fait, la preuve… = message codé…). Ma voiture est enfin prête, j’apprends que ce n’est pas trop grave mais que je devrai revenir, ils n’ont pas toutes les pièces, heureusement, je peux quand même rouler, il ne m’arrivera rien… J’y compte bien, j’ai assez perdu de temps ! Sauf que j’ai voyagé dans ce lieu saugrenu… A quelque chose, malheur est bon ! Je suis frigorifiée, je vais donc abandonner le Japon et partir pour … les Seychelles, avec cette musique entraînante et pleine de rythme et de soleil, j’infuse ce Mélange Air, ce sera la dernière, la boîte est vide. Aujourd’hui, c’est le jour de saint Nicolas. Je feuillette avec émotion et nostalgie les albums photos de ces années bénies où le grand Saint venait en personne rendre visite à mes petits-enfants. Je revois leurs yeux émerveillés quand il arrivait par le jardin, distribuait les présents avant de goûter avec eux, c’était magique ! Et les plus excités n’étaient pas nécessairement ceux à qui l’on pense spontanément… J’espère que je pourrai faire de même avec leurs propres enfants… ! Merci Etienne de leur avoir, année après année, donné de si beaux souvenirs, cela restera gravé à jamais dans leur mémoire. Je te recontacterai pour la génération suivante… Vous avez grandi si vite, trop vite pour moi..., devenez ce que vous êtes vraiment et n’oubliez pas de garder ces précieux souvenirs dans un coin de votre cœur. Saint Nicolas, le patron des enfants sages… Et pour les autres, le père Fouettard…. Il faudrait changer cela, ce sont les "sales mômes" qui devraient être gâtés, on ne nait pas sale môme, on le devient ! Saint Nicolas devrait réserver le père Fouettard aux parents, à ceux qui ont des comportements inadéquats, les enfants devraient tous être des petits princes, pas des enfants-rois… Et il y a aussi tous ceux qui ne sont pas voulus, pas acceptés, pas compris… "Malheur à celui qui blesse un enfant"… Des tas d’autres pensées me viennent encore, et en particulier le visage de quelqu'un cher à mon coeur qui, malgré une enfance fracassée, est devenu un jeune adulte pour qui j’ai la plus grande admiration, il s'est fait tout seul et de quelle belle manière,cela s’appelle la résilience, il sait qu'il pourra toujours compter sur moi. Mais cela suffit pour aujourd’hui…. Un dernier thé pour digérer tout cela, un Yunnan d’Or de la Porte rouge. Thé chaud, corsé, réconfortant après cette journée spéciale qui a suivi celle d’hier. Je sais que la journée de demain sera flamboyante...

4 commentaires:

Sébastien a dit…

Et oui malheureusement la société commerciale fait des ravages et la quali-thé est de plus en plus difficile à trouver. A qui faire confiance quant au final on parle d'argent...
En espérant que les amateurs trouvent toujours thé à leur goût!

cathy a dit…

Et bien que de péripéties avec ta voiture....
Comme d'habitude j'en apprend des choses et surtout que la mondialisation n'apporte pas que de bonnes choses :(
Heureusement dans notre famille ( Japonaise) tout le monde boit du thé il faut dire que la grand-mère de Koji à une certaine époque en vendait mais je suis la seule à encore pratiquer le chanoyu ( cérémonie de thé de l'école Urasenke).
Bonne journée

Lune a dit…

Un bonjour en passant...Je partage tes réflexions sur l'enfance et sur le métier (moi aussi ce fut ma passion). L'Histoire japonaise est plus que surprenante. Cordialement.

Francine a dit…

@ Sébastien: eh oui, c'est le côté sombre, heureusement on parvient à reconnaître la bonne feuille et ceux qui vendent le thé qu'on aime.
@ Cathy: j'ai payé cette attente dans le froid: je n'ai pas pu boire de thé hier, et aujourd'hui, je le corse plus que d'habitude mais cela va mieux! Tu me diras ce que tu penses de ce "guide", toi qui a la chance d'être des 2 côtés du miroir...
@ Lune, merci pour ton message. J'ai reçu des mails magnifiques au sujet de saint Nicolas, j'y répondrai à tous mais il me faudra un peu de temps.Le thé mène parfois vers des chemins qu'on ne s'attend pas à emprunter...Bonne journée à toi aussi.