Chaudes rétrolfactions

Aujourd’hui, premier jours des saints de glace, saint Mamert est au rendez-vous.

Je ne suis donc pas étonnée de découvrir ce ciel plombé qui illustre bien ce dicton : "Attention, le premier des saints de glace, souvent tu en gardes la trace".

Il n’y aura que celle-là, parce que dans mon salon, c’est le printemps : les premiers muguets, plus petits et moins robustes que les autres années mais dont le parfum embaume la pièce. Ils entourent ce premier rhododendron Pink Pearl, pas encore ouvert, mais je n’ai pu résister.

Beaucoup de choses à faire à l’avant-veille de mon départ, j’ai besoin d’un petit coup de fouet.

 Le ciel est devenu tout noir et il tombe des cordes, je remonte dégoutée, mais une deuxième mousse de jade a tôt fait de chasser tout cela, je le savoure en étant dans le hic et nunc complet, que seul le thé me procure. Je pense qu’après ces 2 nectars, je verrai la journée en vert et bleu ! Mamert s’est calmé, je replonge dans le quotidien d’une femme d’intérieur, nécessaire mais pas ma tasse de thé !

Passage en cuisine pour que mon mari ne meure pas de faim pendant mon escapade, le soleil a fait son apparition.

Je peux à loisir agrémenter les plats de ces herbes qui ont repris vigueur et au passage admirer l’azalée japonica qui s’est réveillée et commence à exploser.

Après l’effort le réconfort, retour dans mon cocon pour une rétrolfaction particulière avec ce Puttabong dont je garde un souvenir ému : http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2013/05/une-journee-magique-comme-je-les-aime.html.

Et je veux l’infuser exactement de la même manière que Timothée, 3 g à 85° dans ce matériel improbable.

Une vraie découverte pour moi, vais-je retrouver mes sensations...

Première infusion à 45’’, première émotion en retrouvant le parfum et les saveurs de ce thé qui m’a emballée.

Les feuilles  après ce premier passage, donnent un parfum à la fois très végétal avec un petit plus fleuri qui s’accorde si bien avec le parfum des clochettes.

Deuxième infusion à 30’’ et cette couleur des Darjeeling. Et pas besoin de passeport pour voyager grâce à ce nectar.

Le temps de faire chauffer l’eau pour le 3^e passage, un peu de violoncelle, Schumann et Herreweghe, 

et un autre voyage dans mes souvenirs avec Franck, mon grand frère de cœur, un de mes Grands Absents… Il jouait de cet instrument et il résonne encore à mes oreilles.

Harmonie des saveurs, harmonie musicale, paix.

Cette 4^e infusion à 45’’ est encore assez puissante avec cette petite amertume qui donne un peu de piquant au breuvage.

Et les belles prennent petit à petit possession de leur demeure.

Je ne résiste pas, la 5^e à 1 minute, plus atténuée, mais à la saveur encore présente. Merci Thimothée de m'avoir fait découvrir cette façon de faire, prochainement j'infuserai les feuilles en théière pour comparer ces 2 procédés.

En admirant ces belles avec toujours la même émotion, je pense bien sûr et comme chaque fois au travail de ces cueilleuses aux mains de fées, mais aussi à l’eau : mère et fille associées mais aussi à ce magnifique proverbe indien que j’ai déjà cité de nombreuses fois : "Fais du bien à ton corps pour que ton âme ait envie d’y rester". 

Me reviennent aussi ces quelques phrases superbement illustrées, je pense très fort à quelqu’un qui m’est très chère, j’espère qu’elles parviendront jusqu’à elle… Ce soir, retour en cuisine pour achever ce que j’ai commencé, demain je n’aurai pas vraiment le temps… J’espère que Pancrace sera plus clément, je vais à la capitale. Mais je pense surtout à mon club de buveurs de thé qui demain vont récolter le fameux thé coréen... à Nantes, je serai en pensées avec vous !