L'EMPIRE DU THE... Une semaine de pur bonheur, et ce n'est pas terminé!

"L'aventure commence à l'aurore..." chante le grand Jacques. C'est ce qui m'est arrivé toute la semaine dernière : je vois sur FB l'annonce d'un livre intitulé L'Empire du Thé signé Katrin Rougeventre. Il me le faut évidemment, je lui écris et finalement comme il vient seulement de sortir en France et pas encore disponible en Belgique, elle me propose de me le faire parvenir par la poste sauf que les frais de port sont exorbitants mais qu'à cela ne tienne, connaissant l'auteure et sa connaissance approfondie de l'Empire du milieu, dont elle parle la langue, et du thé évidemment, je choisis cette solution, j'apprends qu'il mettra 4 jours pour me parvenir. Cela se passait mercredi passé. Comme les postes belges ne fonctionnent pas le samedi, je devrai attendre jusqu'à lundi. Malgré mon impatience, cela tombe bien, j'ai un WE prolongé très chargé : vendredi, je vais à Bruges avec un ami, samedi à Litch pour l'exposition Terra-cota et dimanche, la foire du livre, je ne verrai donc pas le temps passer !

 Sauf que jeudi passé, au moment où je partais faire les courses... J'ai failli renoncer mais je n'avais plus rien dans le frigo ! 

En rentrant, un ciel comme je les aime et une douce température, 

il n'en fallait pas plus pour savourer ce Genmaïcha sur ma terrasse avant de voyager dans l'Empire du thé. 

Il ne fait pas encore assez chaud dehors, c'est donc dans mon cocon que j'ouvre cette brique de 800g et 500 pages ! 

La quatrième de couverture me promet des jours (et des nuits sans doute) de découvertes. Mais avant cela, il faut que je renonce à mes activités extérieures, j'espère que mes amis ne m'en voudront pas trop... Deux coups de fil plus tard, cette fois-ci je suis prête. Je voudrais ici, par petites touches vous faire partager le bonheur qui est le mien et rendre ainsi hommage à l'auteure de cette véritable Bible dont je n'ai encore lu que la première partie. Ici on est loin, très loin de ce petit monde où ceux qui savent un peu plus que la plupart déversent leur pseudo savoir, pas toujours correct d'ailleurs, en se décrétant spécialiste, voire même maître , croyant détenir LA vérité.... Et affirmant sans nuances des choses fausses, ne montrant ainsi que la superficialité de leur propos, leur ignorance de l'histoire vraie de cette boisson mythique! Un seul exemple parmi d'autres, le thé fut d'abord de la soupe et ce sont les Chinois qui ont inventé les thés parfumés contrairement à ce que ces ayatollah essaient de nous faire croire... Dans les 500 pages de cette Bible, rien de tout cela, tout est nuance et respect. Je n'ai qu'une seule envie, celle de vous la donner pour qu'à votre tour, vous éprouviez ce que j'ai ressenti tout au long de ces pages. 

"C'est en buvant du thé qu'on rencontre ses amis"... Merci chère Katrin pour cette superbe dédicace qui me touche beaucoup, ton livre ne me quittera plus pendant un certain temps et je suis certaine d'apprendre encore sur notre passion commune ! 

Au moment de prendre connaissance de la table des matières, le cri plus strident que d’habitude du faisan me fait sortir mais il a disparu, j'espère qu'il ne lui est rien arrivé, depuis cet hiver un renard rode par ici... Je reviens dans mon cocon et dès l'avant-propos, signé Félix Torres, le ton est donné : "(...) Donner du temps au temps pourrait se dire en Chine "Laissons tomber les feuilles au fond de la tasse"..." Et il y en aura "quelques-unes" qui tomberont pendant ma lecture ! En lisant attentivement le sommaire, je sais que ce livre est bien plus qu'un simple guide des thés de Chine! Cela m'a fait immédiatement penser au livre de Valérie Douniaux dont je parle entre autres ici: http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2011/12/quelle-journee-mais-tout-fini-par-un.html qui lui aussi et bien plus qu'un simple guide. L'introduction donne une idée de l'esprit dans lequel Katrin va appréhender la construction de ce livre pour aborder la complexité des deux notions clés que sont Chine et Thé: "La mise en mots du thé par les Chinois est comme une poésie qu'il me faut estituer dans une autre langue, en respectant son sens mais aussi sa musicalité, son émotion et surtout ses images. Car le monde du thé chinois se nourrit d'images : des paysages, des formes, des saisons, des gestes, des couleurs jusqu'aux odeurs et aux parfums qui parfois "dilatent le cœur" ou s'envolent, légers comme des apsaras"...". Elle veut d'abord donner la parole aux Chinois dont elle parle parfaitement la langue qu'elle étudie depuis plus de 30 ans : "Je ne détiens aucune vérité ; je me fais juste l’interprète d'un peuple qui, selon moi, en matière de thé a tout inventé et sait tout faire" La première partie de ce livre, intitulée La civilisation du thé, comporte 6 chapitres (je ne parlerai aujourd'hui que des 3 premiers, il y a tellement à dire!). Le premier parle de lui-même : Classer les thés de Chine, un véritable casse-tête chinois. Et après avoir lu ce chapitre, je comprends mieux... 

Quelle subtilité dans les appellations, à l'image de ce qu'est cette boisson mythique, et quelle poésie aussi ! : "En Chine, le thé évoque une peinture de nuages et brumes, de pics argentés, de cimes enneigées... On récolte "les bourgeons au duvet d'argent", "les langues de moineaux", "les feuilles en vis-à-vis", avec ou sans "la feuille poisson". Après avoir "tué le vert", on le flétrit à l'éouffée, on le sèche à petit feu, on le sculpte en perles, en aiguilles, en colimaçons". Bref, une lecture qui aurait pu être un peu fastidieuse prend une autre dimension. 

Et que dire de la description de la feuille... Le deuxième chapitre Cha, un destin qui se confond avec celui de la Chine nous fait voyager dans le temps et nous fait vivre les aléas de cette plante multi-millénaire liés à l'histoire, pas toujours très glorieuse, de l'Empire du Milieu.

Très précise, détaillée, bien illustrée, comportant des informations qui m'ont surprise et impressionnée comme par exemple ce qui concerne la fabrication du Longjing (page 71) ou les galettes : " (...) Les galettes de thé destinées au tribut sont alors parfumées avec du camphre de Bornéo pour en sublimer les fragrances"... On y retrouve les grands noms du thé dont Lu Yu dont j'ai parlé entre autres ici : http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2010/03/sur-les-pas-de-lu-yu-premier-maitre-du.html (encore de merveilleux souvenirs...) 

Après le voyage dans le temps, une petite incursion dans le jardin pour m'aérer un peu

et m'interroger sur les pistils de ces crocus, donneraient-ils du safran ?... Je creuserai le sujet plus tard. 

Retour dans mon cocon pour la préparation des Feuilles, un des "dix mille" thés chinois, le Yunnan Golden Pearls .

Ce schéma montre clairement le chemin parcouru en dix ans seulement... 

"La Chine tient compte de la demande internationale mais n'exporte que 17% du volume total de sa production (...)" J'ai lu 3 fois le chapitre III intitulé Porcelaine et maisons de thé, la culture du thé... Il commence par une citation de Wang Yinchang qui m'a beaucoup émue : "Le thé inonde mon âme comme un appel direct, et sa délicate amertume me laisse l'arrière-goût d'un bon conseil". Ce chapitre est consacré aux arts générés par le thé : "Art de vie ou expression artistique, le thé forme un petit monde où se manifestent toutes les facettes de la civilisation chinoise (...)". En lisant la partie consacrée à la céramique, j'ai repensé à la magnifique exposition d'Essaouira, encore très présente dans mon esprit: http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2014/03/le-une-culture-partagee-entre-le-maroc.html entre autres mais aussi celle de Mariemont, les photos étaient interdites mais heureusement, ils ont eu la bonne idée d'éditer un magnifique ouvrage sur le sujet : http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2009/11/le-histoire-dun-art-de-vivre.html. Katrin a consacré une partie de ce chapitre à l'art des symboles : bestiaire et paysages ainsi qu'un petit lexique reprenant la signification des principaux fruits, plantes, objets et animaux très porteurs de sens comme le bambou, le lotus, la pêche, la grenade et la main du Bouddha. J'aurais aimé que ce chapitre ne finisse jamais... J'aurais voulu en savoir beaucoup plus ! Une partie de ce chapitre est consacré aux différents types de maisons de thé, leur évolution et leur rôle social. La fin du chapitre nous rappelle que "Le thé a toujours inspiré les artistes, qu'ils soient peintres, calligraphes, poètes, auteurs ou comédiens. C'est un thème récurrent des chansons et du folklore (...) à tel point qu'il a même donné naissance à une forme particulière d'opéra : l'opéra des cueillettes de thé (...)" Elle termine en citant deux monuments de la littérature : Le rêve dans la pavillon rouge et La maison de thé. Je les ai tous les deux, il faudrait vraiment que je me mette à les lire sérieusement, j'ai commencé le premier mais je me suis perdue dans la pléthore de personnages... 

Il fait nuit noire quand je termine cette première partie, je n'ai pas vu le temps passer, nous sommes déjà le 12 et c'est la pleine lune ! 

La dernière fois que j'ai mis le nez dehors pour m'aérer, c'était hier soir et le ciel était seulement flamboyant... Les deux derniers chapitres abordent la partie plus botanique de cet arbre, ainsi que sa transformation, de la feuille à la tasse, j'ai parlerai plus tard parce qu'ici aussi j'ai encore appris, d'habitude je ne m'attarde pas à ces sujets... C'est très émue et admirative du travail de Katrin, que je termine ce billet : MERCI pour ces moments passés avec toi dans ce monde que tu racontes si bien, alliant précision, souci du détail et grande sensibilité et respect envers ce peuple de Chine, les illustrations, pour la plupart ramenées de tes nombreux voyages en témoignent. Passionnée et passionnante ! Un bonheur ne venant jamais seul, le printemps est là, j'ai des envies de jardinage mais je reviendrai bientôt! Un dernier mot pour les chanceux qui habitent Paris, une séance de dédicace est organisée à L'Essence du thé le 16 mars à partir de 18h30 (Rue N.-D. Des Champs ; métro saint Placide ou ND des Champs)