vendredi 3 août 2012

Il y a le ciel, le soleil, la cuisine, la pluie aussi. Et le thé toujours

Ma première action en me levant est d’aller scruter le ciel, aujourd’hui il est radieux.
Pendant mon petit-déjeuner, je prépare un Hanami impérial de ThéÔdor. Pas pour moi, je ne l’aime vraiment pas à cause de la rose qui est une saveur qui m’écœure alors son parfum m’envoûte au jardin, allez comprendre... Mais pour mon amie qui va passer la journée avec ses petits-enfants à Pairi Daisa. J’aurais dû l’accompagner mais vu les circonstances, j’ai préféré rester ici.
Je continue à déballer mes trésors, c’est avec émotion que je vais inaugurer mes nouveaux petits zhong que j’ai retrouvé avec bonheur chez Thés de Chine.
 Et pas avec n’importe quel thé : le Long Men Xiang cuvée 2012. J’avais adoré celui de 2011, je suis curieuse de découvrir celui-ci. Sauf que quand j’ai ouvert la boîte j’ai constaté qu’elle n’était pas encore vide, j’avais oublié que mon ami Bernard m’avait fait la surprise de m’en ramener.
Pas grave, je vais m’en servir pour baptiser les zhong.
Et aussi en faire du thé glacé, nouvelle expérience, je suis curieuse de découvrir cela.
Première infusion, très belle couleur de la liqueur, saveur très végétale.
Ce "vieux" thé, toujours aussi vert après un 2e passage.
Jamais deux sans trois.
 Je me souviens de cette jolie dédicace de Vivien dans le livre de Jane Pettigrew : " Le thé diminue la distance entre nous."
 Et sans quatre. Je me souviens qu’il y a une semaine, j’étais chez Thés de Chine, et pas toute seule. Emotion rétrospective… http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2012/07/au-risque-de-me-repeter.html
 Et voilà cette infusion improbable.
 Malgré un ciel menaçant, je veux déguster ce Long Men Xiang sur ma terrasse.
Ce sera un thé de lecture, et pas n’importe quoi, d’autres poèmes. Mais je relis d’abord l’introduction de L’art de la sieste et de la quiétude, j’ai toujours beaucoup aimé la poésie, j’en ai même écrit à l’époque, et j’ai adoré comment les auteurs en ont parlé, entre autres ceci : "Le poème, en effleurant la surface des choses, doit donner à sentir l’indicible profondeur de l’expérience humaine, saisie dans l’éternité de l’instant présent. Miroir, il demande au lecteur d’aller puiser dans sa propre expérience, sa propre mémoire de ces moments rares et fugitifs de grâce où l’on est miraculeusement accordé au monde, au cours des choses." Le thé glacé s’harmonise très bien avec ce beau texte.
Je commence par Entre source et nuage de François Cheng, un auteur dont j’ai déjà parlé entre autres ici : http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2012/04/il-etait-temps.html Je passe allègrement l’avant-propos Pour découvrir ces poètes qui me sont totalement inconnus, je n’ai donc pas de critère pour choisir un poème plutôt qu’un autre. Je me base donc sur ce que m’évoquent les titres. Comme Ni fleur ni brume :

"Fleur. Est-ce une fleur ?
Brume. Est-ce la brume ?
Arrivant à minuit,
S’en allant avant l’aube.
Elle est là : douceur d’un printemps éphémère.
Elle est partie : nuée du matin, nulle trace."

Je ne pouvais évidemment pas passer sur celui-là : "Puisant de l’eau dans la rivière nocturne pour préparer le thé", écrit par Su Shih (Tung-po) "Calligraphe, poète, prosateur au style superbe, il est l’un des plus grands lettrés de la dynastie Sung, l’un des plus typiques aussi (1035-1101) :

Vive flamme pour cuire le thé à l’eau vive !
Eau profonde qu’au Rochers des Pêcheurs je puise :
Petite louche, brisant les ondes, pour remplir la cruche ;
Grande calebasse, captant la lune, pour remplir la jarre.

Une écume de neige orne les feuilles qui bouillonnent ;
Un vent de pins bruit lorsqu’on verse le chaud breuvage.
Trois tasses bues, les entrailles restent assoiffées…
Ville déserte en silence : coups longs coups brefs des veilles." Tout en sirotant mon Long Men Xiang, j’essaie d’imaginer le type de thé dont il s’agit et la saveur qu’il pourrait avoir…
Je n’ai malheureusement pas le temps de creuser la question… J’interromps momentanément ma lecture ; pendant l’averse je descends dans la cuisine. Je ne dois pas aller voir mon mari, il est chouchouté par les infirmières, il préfère que je lui concocte des petits plats pour son retour, la cuisine de ce genre de lieu est insipide, ce que je fais avec plaisir évidemment.
 Le ciel redevient plus clément, je retourne sur la terrasse et continue ma lecture.
Je passe à cet autre livre, acheté lui aussi au Quai Branly, c’est le titre saugrenu Propos sur la racine des légumes qui m’a décidée. Je n’ai pas lu l’avant-propos ici non plus. Je n’ai aucune idée de ce que je vais y trouver mais dès les premières pages, j’ai des fous rires, ce livre est un recueil de morale ! Pratiquement, je termine presque tous ces aphorismes par AMEN… En voici quelques-unes :

"Il faut avoir un tempérament généreux sans être emporté, une pensée rigoureuse sans être pointilleuse, des goûts épurés sans être limités, une moralité stricte sans être inhumaine."

"Si une courtisane revient sur le tard à une vie décente, des années de débauche lui sont pardonnées. Si une femme chaste faute avec des cheveux blancs, une demi-vie d’austérité est réduite à néant. Comme dit l’adage, «on ne peut juger une vie que par sa fin "." 

"Les mets qui flattent le palais sont des drogues qui nous rongent les viscères et le tempérament.
Les choses qui réjouissent le cœur sont des maquerelles qui nous perdent corps et âme. Mais nous n’aurons pas à nous en repentir si nous restons à demi sur notre envie. "

Je vais clôturer ici ce compte-rendu d’une journée entièrement consacrée à deux de mes passions. Si tout va bien, mon mari rentrera demain, fini donc de ne faire que ce que je veux, quand je veux et comme je veux… MDR. Plus sérieusement, une pensée émue pour l’inauguration de ThéÔdor à … Canton ! Bravo Guillaume, un très superbe cadeau pour les 10 ans de ThéÔdor-France, mais que de travail derrière cette belle réussite…

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Coucou, j'ai aime "entre source et nuage" , et il faudra que je lise le livre sur la sieste car c'est un art qu'il faut que n'approfondisse. Bizouille à très vite. Mich

Francine a dit…

@ Mich: je te le passe dès que je viens à Namur, ce qui ne saurait tarder! Tu en auras bien besoin avec ce qui se passe à Malonne...

Anonyme a dit…

Super ne tarde pas trop pour venir. Pour ce qui se passe à Malonne, il faudrait un livre sur la zen attitude et sur la politique. bizouille Mich