J’ai eu beaucoup de mal à
m’endormir cette nuit tant ont été fortes les émotions, j’en suis encore tout
imprégnée et me les remémorer me tient lieu de repos.
Ce matin, le ciel est
bleu gris et les rayons du soleil naissant illuminent les troncs des bouleaux.
Je suis encore sur mon petit nuage d’hier et j’ai hâte de prolonger cet état.
Je sors donc un des trésors contenus dans ce grand sac, le Hojicha griffé
Azumaya
et je me mets dans cette ambiance zen, musique et calligraphie de
Staf qui illustre bien ce que nous avons partagé hier : ichi go ichi e. Et
des émotions récentes m’envahissent, "comme une feuille de thé à
Shikoku", ce livre qui m’a tant marquée reste gravé en moi, http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2015/12/comme-une-feuille-de-a-shikoku.html
et j’attends avec impatience que ma chère Cathy me
donne son avis, elle qui a aussi parcouru cette île magique.
Il n’y a pas
que le thé chez Azumaya, il y a aussi des gâteries
qui vont très bien
ensemble,
c’est moelleux, c’est coloré, pas trop sucré, un vrai régal, même
pour moi qui ne suis pas sucrée le matin.
C’est pas tout ça, mais j’ai des
choses à faire aujourd’hui : chercher ma commande chez le traiteur parce
que côté cuisine… le menuisier s’est trompé dans les couleurs, certaines portes
et quelques tiroirs, comme ici, devaient avoir la même couleur que le carrelage
bleu, on en est loin ! Si je n’étais pas revenue hier soir dans cet état de
sérénité absolue, j’aurais tout cassé ! Commentaire de Xavier: "ton calme m'impressionne, tu peux encore aller à Anvers avec Anne-Marie si c'est l'effet que ça te fait" Il a intérêt à changer mais cela
veut dire que ce ne sera pas terminé avant l’année prochaine…
Autre chose,
en plaçant la recharge 2016 de mon agenda, j’ai vu avec horreur que la date
ultime de cette exposition est aujourd’hui.
Je me rends donc à ce petit
Musée de l’Eau et de la Fontaine situé à deux pas du lac de Genval. Ce beau projet a été initié par 2 passionnés,
l’un photographe et l’autre anthropologue-géographe.
Je me plonge donc
avec ravissement dans cet univers fascinant quand j’entends des hurlements, je
croyais d’abord que c’était une horde d’enfants venus fêter l’anniversaire de
l’un deux, une des activités organisées par ce sympathique petit Musée, mais
ils n’étaient que 4 et sans surveillance, où étaient les parents ???
J’étais furieuse, j’ai fait une remarque à ces petits sauvageons, ils se sont
calmés quelques minutes et cela a recommencé, j’ai alors quitté les lieux sans
tout voir mais j’ai acheté le superbe album de l’exposition et le DVD intitulé Himalaya, les confidences de l’eau. Merveilleux
moments d’évasion en perspective, je n’ai donc rien perdu sauf 3 euros 50 mais
j’ai gardé mon calme et cela n’a pas de prix !
Une seule idée en
tête, continuer à déballer mes trésors, et parmi eux cette surprenante
découverte : le Kyo-bancha, un thé fumé, japonais faut-il le préciser…
Le Bancha, qui signifie thé ordinaire, est issu de la dernière récolte du
thé, les feuilles sont entières et fumées. La seule fois où j’ai vu des
feuilles japonaises non travaillées, c’était à Londres chez Postcards’tea,
elles s’appelaient Mandokoro Bancha, mais elles n’étaient pas fumées :
http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2011/10/suite-et-deja-fin-de-cette-escapade.html
.
Ah si cette machine pouvait diffuser les parfums ! Pas de doute,
c’est bien un thé fumé avec ses arômes de bois mais il est plus doux que le
Lapsang Souchong (le vrai…) que j’aime beaucoup mais que je ne servirais pas
avec des mets sucrés.
Cette année, je croyais ne pas avoir de sapin de
Noël, mais cela c’était avant d’aller à Anvers !
Je prends le risque
de l’associer à ce Kyo-bancha et c’est démoniaque,
Mon petit Bouddha,
cadeau de ma chère Cathy, un de plus, traduit bien mon état de béatitude.
Trois passages plus tard, les saveurs sont toujours aussi présentes, les Belles
se plaisent beaucoup dans le petit poêlon-dragon griffé Lupicia qui leur sera
désormais réservé. Je dois malheureusement interrompre ma dégustation, Xavier
m’annonce que le menuisier arrive, j’espère que tout se passera comme je le
souhaite. En quelques minutes, tout est arrangé, il va refaire les portes
et tiroirs dans le bleu que j’avais choisi et en attendant il propose de venir
installer les autres demain pour que je puisse commencer à remplir les armoires
sans risque de poussière, je suis aux anges ! Il est temps maintenant de retourner à
cette journée de tous les superlatifs,
Anne-Marie et moi sommes enfin arrivées à
Anvers, au 31 Kronenburgstraat devant un restaurant japonais authentique, les
Saveurs de Yamada. Accueil comme toujours très souriant de Cathy occupée à
servir les derniers clients.
En attendant qu’une table se libère, je commande
ce Gember thee :
un délicieux mélange de jus de pommes, gingembre et
Sencha, Anne-Marie, plus sobre, choisit een spa rood comme on dit par ici.
Il
est possible de manger à la japonaise, au mur un kakemono sur lequel est
calligraphié le kanji lien
que l’on retrouve sur ce vase pour signifier le
bonheur. Je me remémore ma première visite après une superbe exposition dont le
titre fait rêver : Het Omhelzen van de Maan – Etreindre la Lune : http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2010/02/omhelzen-van-de-maan-spiegel-van-de.html
Non ce ne sont pas des emballages de
galettes de Pu Er, mais bien des jarres à saké… Notre table est prête.
Plaisir des yeux d’abord, émotions gustatives ensuite en savourant ce bento
apparemment simple mais si raffiné par l'harmonie des saveurs subtiles.
accompagné de la fameuse soupe miso.
Et comme
dessert une panna-cota saupoudrée de haricot de soja broyé. Durant tout le
repas, en même temps que ces mets délicieux nous
savourons le bonheur de nous retrouver, d’autres émotions, doux mélanges à
consommer plus régulièrement ! Nous quittons ce petit coin du Japon
d’Anvers les papilles encore frémissantes de plaisir grâce à Koji mais pas
tristes de quitter Cathy, et pour cause… Nous restons à Anvers dans un autre
coin du Japon cependant
Déjà, rien que l’extérieur donne envie d’entrer.
Infos pratiques à retenir absolument. Cet endroit magique est divisé en
deux,
la première partie est le salon de thé composé d’une grande table
autour de laquelle se placent les assoiffés, de l’autre côté, le restaurant de
sushis comme je n’en avais jamais vu jusqu’à ce jour bénit : yeux éblouis face
ces petites œuvres d’art, émotions esthétiques devant un tel raffinement, c’est certain, je reviendrai
pour vivre des émotions gustatives. Mais nous sortions de table, complètement rassasiées.
Le maître de cérémonie du salon de
thé est Mickaël qui achève de préparer un Matcha.
Puis, avec des mots
choisis qui sont comme une douce musique dans mes oreilles, il nous détaille
une partie de sa gamme de thés, leur origine et la couleur de chaque infusion
illustrée par la bandelette au-dessus de la page, je salivais en l’écoutant. Il
est temps de passer à la dégustation !
Il nous montre d’abord comment
et à l’aide de quoi est filtrée la mère du thé, il me manque encore cela mais
il me tarde de le tester.
Première dégustation, le Kabuse Sencha de Nara,
et dès l’ouverture de la boîte, nous sommes emportées vers ces fameux jardins
de là-bas qui fleurent bon le gazon nouveau tant ces petits bâtonnets d’un beau
camaïeu de verts font frémir nos narines.
Avec beaucoup de concentration, Mickaël le prépare à la
japonaise : l’eau, filtrée avec le charbon, est d’abord quasi ébouillantée
dans le kama puis transvasée deux fois à l’aide d’une louche en bambou – le
hishaku -dans des refroidisseurs - Shimizu me semble-t-il – pour lui donner le
bonne température. J’admire ses gestes précis, son calme communicatif, cela me
manquait. Mais je suis curieuse de le goûter, je connais très bien le Yamato
Kabuse Sencha griffé ThéÔdor, celui-ci sera-t-il aussi exquis, je ne vais pas
tarder à le savoir…
Dans la tasse, un liquide à la couleur olive et en
bouche des saveurs qui font plus penser à celles du Gyokuro qu’au Sencha,
émotions gustatives intenses, la deuxième infusion est plus douce, légèrement
sucrée.
Merci les Belles…
Et pour patienter en attendant le suivant…
Ce sera un Fukomushi Yame toujours préparé de la même manière par le
Maître des lieux dont je ne me lasse pas d’admirer chaque geste.
Dans la
tasse, des notes très fraîches, marines, iodées.
Et voilà
pourquoi je n’étais pas triste de quitter notre hôtesse de ce midi, elle est
venue nous rejoindre et nous éclairer de ses lumières.
Deuxième infusion,
vert émeraude fluo, je ne sais plus comment me tenir pour ne pas léviter,
"ô temps, suspends ton vol… "
Nous étions quatre au départ,
mais se sont joints trois autres assoiffés. La conversation s’engage, très
animée, entre Cathy, Anne-Marie et eux. Dans la langue de Vondel, trop rapide
pour que l’unijambiste linguistique que je suis puisse suivre, je comprends de
temps en temps quelques bribes mais ce n’est pas un problème, si je ne
comprends pas tous les mots, leurs yeux m’en apprennent beaucoup. Nous ne les
connaissons ni d’Eve ni d’Adam, MOI DU MOINS comme je l'apprendrai plus tard, mais entre passionnés, il n’est
pas nécessaire de s’apprivoiser, l'empathie est immédiate.
Arrive LE thé improbable, le Kyo-bancha
aux feuilles immenses et à l’odeur prononcée de feu de camp. J’aime beaucoup
les thés fumés comme je l’ai déjà dit, et il l’est assurément mais le bois
utilisé pour le fumage n’est pas le même que celui employé pour les Lapsang et
Tarry Souchong. J’ai hâte de le découvrir. Cathy m’explique que chaque région
pour ne pas dire chaque producteur a sa façon de fumer les feuilles, elle en a
ramené un cet été qui vient d’une autre région, la fumure est bien présente
mais les notes sont plus douces. Elle doit malheureusement nous quitter pour
aider son mari à préparer le service du soir, mais c’est certain nous nous
reverrons très vite.
C’est avec joie que j’immortalise ceux qui ont
partagé ces moments magiques
J'en serais bien restée là mais l’assistant de Mickaël me propose
d’en faire une avec moi, je n’ai pas osé refuser… et je ne le regrette pas,
c’est pas tous les jours qu’on pose avec quelqu’un de très connu en Flandre,
mais pas que là. En sortant Anne-Marie m’apprend son nom : Alex Callier
d’Hooverphonic. Je dois à la vérité de dire que je ne le connais pas, je n’écoute
jamais la radio et ma seule référence en chanson flamande date de mon
adolescence, c’est Boudewijn de Groot et en particulier un 33 tours intitulé de
overlevenden (les survivants)… Ici se termine cette fabuleuse journée faite de
belles rencontres, d’échanges vrais et passionnés autour de cette boisson
mythique dont nous ne pouvons plus nous passer.
Mon chaleureux MERCI va
à vous qui avez permis cela, ces moments hors du temps ne sont pas encore des
souvenirs : comme les meilleurs thés, la rétrolfaction reste intense, cette fin d'année par ailleurs un peu grise se termine de manière flamboyante, la
Vie est pleine de grands Bonheurs ! Mais comme chaque fois, je trouve que
mes pauvres mots ne rendent pas assez toutes ces belles émotions…
Faire connaissance
-
Lorsque l’on observe la feuille sèche, on apprend quelque chose du thé : sa
teneur en bourgeons, la taille et la couleur de la feuille, son degré
d’oxydati...
Il y a 1 semaine
6 commentaires:
Bonsoir Francine!
Holalalalalalalalaaaaaaa *0*
Et bien c'est décidé, samedi de la semaine prochaine on ira y faire un tour!!! ^0^
Je suppose que pour le restaurant il vaut mieux réserver?
Merci pour ce partage!!! Ca donne vraiment envie! Et puis se kyo-Bancha, c'est sur je l'achèterai aussi!!!
Du charbon pour filtré l'eau? Ca m'intrigue beaucoup :-)
J'ai de plus en plus envie de me procurer une bouilloire tetsubin...mais ça coute assez cher...
Et bien je savais qu'un membre du groupe Hooverphonic était un passionné de thé :-)
Biz et bon thé
Sugi
@ Sugi: Que voilà une idée qu'elle est TRES bonne! Je pense qu'il vaut mieux réserver au restaurant, dites à Cathy que vous venez de ma part. Je suis curieuse d'avoir votre avis sur Azumaya et ses divines tentations.
Bonne fin de journée, bons thés, biz
J'ai du retard dans mes lectures, mais c'est toujours un plaisir de lire tes aventures de Nomade et de profiter de tes découvertes
@ Fabienne: prends ton temps et surtout dis-moi quand tu reviens en Belgique, j'ai hâte de te faire découvrir l'essentiel d'Anvers. Bisou et j'espère A TRES VITE!
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