dimanche 10 mars 2019

Lectures palpitantes face aux éléments déchaînés...

Depuis lundi, je connais le nom exact de la douleur persistante à l'épaule : déchirure du tendon + tandinite avec comme traitement Kiné, anti douleur et patience... comme chacun sait, ce n'est pas ma qualité dominante mais il faut que je l'exerce si je veux en être débarrassée au plus vite. Vu le temps, toute cette semaine je me suis retranchée dans mon univers avec pour compagnes la lecture et la musique. Et les Feuilles ! Jeudi, j'ai eu le bonheur de la visite de mon amie Fanou avec qui j'ai savouré un exceptionnel Baozhong, moments chaleureux et intimes. Comme chaque fois avec elle, j'en redemande , ils s'étaient faits tellement rares ces derniers temps... Ce week-end sera donc calme et réparateur. Ce samedi matin, opération courses (merci ma Puce de m'avoir si bien aidée, je te revaudrai ça = message codé). Entre autres passage à la librairie pour retirer ma commande. Pour le reste du temps, ce sera retraite dans mon cocon. 
Dehors le vent se déchaîne, les arbres dansent, les branches s'en donnent à cœur joie mais certaines, trop fragiles ou en fin de vie, ne résistent pas. 
Au programme, la lecture de ces livres tellement attendus ! 
A commencer par Ecoute l'arbre et la feuille de David G. Haskell. Accompagné évidemment d'un thé assorti à la couleur des feuilles de couverture, vert, bio et vietnamien. 
Déjà en lisant la quatrième de couverture, je suis en phase avec l'auteur, il y a quelques minutes sur ma terrasse j'ai joui de tous ces sons que le vent imprime aux arbres, et quand il pleut, c'est encore une autre musique ! Et le nom de Sylvain Tesson m'évoque un autre livre qui m'avait fascinée : Dans les forêts de Sibérie. Déjà MERCI chère Kris, c'est grâce à toi que je l'ai dans les mains aujourd'hui, je sais qu'il va m'enthousiasmer ! Après avoir humé et caressé sensuellement cette brique de 478 pages, tout encore imprégnée de l'odeur de l'encre et du papier, j'ai hâte de découvrir son contenu, résumé en sous-titre sur la page de couverture : Les arbres racontent une histoire millénaire. Si nous savions les entendre... Le livre est divisé en trois parties précédées d'une préface qui résume le contenu de chaque chapitre : "Chaque chapitre de ce livre est consacré au chant d'un arbre spécifique : la réalité tangible du son,sa génèse et nos propres réactions physiques, émotionnelles et intellectuelles. La majeure partie de ce chant se déploie à la limite de l'audible. (...) En tous ces lieux, les chants des arbres témoignent donc d'un univers de relations. (...) Nous ne pouvons rester en dehors de la musique de la vie. Elle nous a façonnés ; elle est notre nature même". Le style est fluide, épuré, les mots eux-même résonnent déjà comme une musique... Chacune de ces notes pénètre en moi et me vont droit au coeur comme ce breuvage mythique pénètre mon âme Le premier chapitre raconte l'histoire du majestueux CEIBO, le nom donné là-bas au KAPOKIER. C'est à pas feutrés que je pénètre dans cette petite partie de forêt amazonienne, "Près de la rivière Tiputini, Equateur 0°38'10,2"S, 76°08'39,5"0" surtout ne rien déranger, ne pas troubler ce équilibre parfait, mais mon coeur bat la chamade, je n'y suis jamais allée et pourtant je suis en pays connu, auquel j'appartiens. L'ode à la pluie achève de m'en persuader : "La pluie.Toutes les deux ou trois heures, qui parle un langage propre à cette forêt. La pluie amazonienne se dinstingue non seulement par le volume de ce qu'elle a à dire (...) mais également par son vocabulaire et sa syntaxe. (...) La pluie tombe en grosses syllabes, et ces phonèmes différent de ceux du langage saccadé parlé par la pluie su la plupart des autres territoires. Si nous entendons la pluie, c'est non grâce à sa chute, silencieuse, mais par le biais des multiples traductions fournies par les objets qu'elle rencontre. Comme tout langage, surtout un langage qui a tant à épancher, et par l'intermédiaire de tant d'interprètes, les bases linguistiques du ciel s'expriment dans une exubérance de formes : martèlement strident d'une averse sur des toits de tôle ; clapotis sirupeux sur les ailes de centaines de chauves-souris, chaque goutte explosant en goutelettes qui retombent dans la rivière sous leur vol rasant ; nuages d'épais brouillard suspendus à la cime des arbres,mouillant les feuilles sans qu'il en tombe une seule goutte – le son d'un pinceau encré sur une page". Je m'imprègne avec volupté de cette atmosphère si particulière comme une assoiffée après la traversée d'un lieu dévasté par un tremblement de terre. L'auteur continue de parler de cette pluie, cette eau bienfaitrice et sa musique et des barrages inventés par l'homme qui le rend sourd à son chant. Plus je chemine avec ce poète à l'observation si affutée traduite sur cette partition musicale, plus je me sens en phase avec ce milieu jusqu'au moment où, l'ayant vécu dans sa chair, il en constate l'hostilité comme autant de fausses notes.
J'ai besoin d'une pause pour digérer ce que je viens de lire : sur ma terrasse, le vent souffle de plus en plus fort et le ciel commence à s'assombrir. La forêt amazonienne ne ressemble donc pas à un paradis, la mienne bien ! Depuis le début de ma lecture, elle est en filigrane, cette inqualifiable, indicible Vallée de Mai sur l'île de Praslin aux Seychelles. 
Après avoir croqué cette gâterie thaïlandaise et découvert cette phrase à laquelle j'adhère évidemment, je vais rechercher mes nombreux albums photos pour me replonger dans ce lieu découvert au siècle passé mais qui reste présent en moi comme si j'en revenais…
La première fois que j'y ai pénétré, j'ai eu la sensation physique que je retrouvais ma première demeure ! Quand j'ai retrouvé l'usage de la parole, j'ai dit à mon mari que j'étais certaine d'être née là dans une autre vie, d'y avoir vécu, je le crois toujours fermement ! Tout était surdimensionné, la lumière à certains endroits ne pénétrait pas tant l'enchevêtrement de ces géants cachaient le ciel. J'étais fascinée par la beauté démesurée de cette nature sauvage mais si protectrice. Mon mari qui mesure pourtant plus d'1M80 avait l'air petit adossé à ces véritables piliers. Chaque fois que nous sommes retournés dans ces îles paradisiaques, c'était notre première étape. A côté des craquements provoqués par le vent, des cris d'oiseaux et au loin le bruit contenu d'une cascade nous offrait un concert unique. Mais ici aucun animal dangereux, nous ne risquions rien. Un jour cependant le vent s'est mis à souffler plus fort et il a commencer à pleuvoir, de ces pluies tropicales violentes qui ne durent pas, les craquements se sont faits plus forts et mon mari voulait qu'on sorte très vite, ce qu'il a fait moi pas, j'ai seulement mis mon K-way. C'est dire que l'extrait qui suit me parle : "Tout ce que l'homme a inventé pour se protéger de l'eau est inefficace et rend l'ouïe confuse. Les imperméables repoussent certes les gouttes mais leur plastique rend la chaleur tropicale encore plus accablante et on mijote vite dans sa sueur"C'est dans cette forêt que poussent les palmiers géants endémiques qui donnent les fameux cocos de mer… 
Le ciel s'est éclairci à nouveau, j'ai besoin d'aller prendre un bain de forêt et enlacer mes arbres, shinrin-yoku , ce qui ne manquera pas d'apaiser le maehlström d'émotions fortes qui m'habitent à la lecture de ce livre et aux souvenirs éblouis qui l'ont fait ressurgir... Chère Kris, encore une fois MERCI mais je ne pense pas avoir été une Waorani dans une autre vie, leur forêt pour grandiose qu'elle soit est aussi hostile, je te cite : Chère Francine, j'ai très souvent pensé à toi en lisant ce livre, "Écoute l'arbre et la feuille", dans lequel il n'y a pas de thé, pas plus que dans les Tea Tools d'Agnes, qui ne produisent que des infusions. Tu devais être une Waorani dans une de tes vies. Bonne lecture! Par contre, je le confirme, je suis née et j'ai vécu dans cette vallée de Mai ! Après le souper, changement radical de registre, je vais passer la soirée avec Et la mort elle-même ne peut rien contre moi un livre écrit par Robert Wauthy, un ancien collègue professeur de français. Je ne savais rien de ce livre mais le titre m'intriguait, il m'a fait penser à un de mes auteurs préférés, Jean d'Ormesson et à son dernier ouvrage posthume, Un hosanna sans fin qui est toujours sur ma table de chevet. 
La quatrième de couverture m'a d'abord laissée sans voix, un polar ! Mais connaissant un peu l'auteur, je sens que l'intrigue ne se laissera pas dénouer si facilement, hâte de découvrir cela ! 
Avant cela, créer l'ambiance et choisir un thé de lecture, il sera noir ce sera Scandale, un Pu Er parfumé à la cannelle. J'y ai passé une bonne partie de la nuit, autant la télé est pour moi un puissant somnifère naturel, autant la lecture... J'aurais tant de choses à dire déjà, à commencer par un choc dès la première page, un mot de vocabulaire qui m'est totalemnt inconnu, mais ce sera une autre histoire... Ce dimanche, horaire décalé donc, j'ai été réveillée en sursaut vers 11 heures par un bruit violent venu de ma terrasse, une bourrasque de vent a renversé une chaise pourtant très lourde. Le spectacle de cette Nature déchaînée m'a enchantée, Fille du vent et de la tempête, je ne peux qu'être comblée. Cela m'a rappelé la tempête de la fin du siècle passé, j'étais allée dehors, portée par le vent dans le dosjusqu'au bout de la propriété mais pour revenir... j'ai dû me mettre a quatre pattes et même ainsi cela n'a pas été commode, mon poids aurait dû m'aider pourtant... Mon mari, qui avait son cabinet avenue Churchill, a mis près de 3 heures en voiture pour rentrer à la maison. Aujourd'hui, je ne m'y risque pas d'autant que la pluie s'est mise de la partie. Je vais rédiger la première partie de mon billet en admirant ce qui se passe dehors, je continuerai mes lectures plus tard. 

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Ah! c'est Vallée de Mai et non Waorani! Un de tes premiers certificats de naissance est vraiment difficile à lire, mais le lien avec les arbres se maintient jusqu'à aujourd'hui;-)K

Francine a dit…

@ Kris: Eh oui, "ma" forêt, toute gigantesque qu'elle soit, est très protectrice envers ceux qui, comme moi, comprennent le langage des géants! Et MERCI encore pour m'avoir renseigné ce livre, ce n'est pas demain que je l'aurai terminé, et heureusement… Belle journée

Anonyme a dit…

Faute de voix, nous sommes coincés dans le sapin baumier et il ne nous restera que le palmetto pour compléter la lecture décousue de cette b...rique que tu vas sans doute finir avant nous. Je me doutais bien que ça te plairait: as-tu déjà appuyé un stéthoscope, à défaut d'outil de mesure plus puissant, sur un tronc? K

Francine a dit…

@ Kris: C'est vrai que lire à voix haute (si c'est de cela dont il s'agit) donne plus de résonnance aux mots et dans mon cas, une meilleure rétention de l'information, j'ai beaucoup employé cette technique pendant mes blocus, mais que c'est loin tout cela… Par contre, je ne suis pas certaine d'avoir terminé avant toi (vous), j'ai déjà été tellement remuée par ce que j'ai lu que j'ai besoin de digérer!
Le stéthoscope, quelle bonne idée, il faudra que je recherche celui de mon mari qui date de ses études, mais le caoutchouc de l'époque a-t-il résisté au temps? Par contre, ce que je fais toujours, c'est coller mon oreille droite contre le tronc… Un outil plus puissant? Lequel? Je vais de ce pas à la rencontre de mes arbres, le vent souffle encore mais beaucoup moins fort. Belle journée à toi, avec sans doutes quelques feuilles… Infusées!

Cathy a dit…

Bonjour Francine

Oh comme j'aime quand tu d'écris les livres qui te passionnent ;) Cela me donne aussi envie de le lire .... Mais je me suis promise, de d'abord lire ceux qui attendent et puis j'irai le commander avec la BD d'Alexandra ;) Sinon je veux d'abord lire ceux la et les autres que je voulais aussi lire devront encore attendre :))))

Je pense que le livre ' La péninsule aux 24 saisons' d' Inaba Mayumi ( oui elle est Japonaise et l'histoire ce passe au Japon) te plaira elle décrit très joliment cette nature et les saisons. Je l'ai lu l'année dernière sur les conseils d'une amie.

A propos de livre Japonais 'les dames de Kimoto' tu n'en as pas beaucoup parlé.... Ce qui veux dire que ce n'était pas ta tasse de thé ;)

Bon rétablissement ( plus facile avec un bon / 2 livres) et accompagné d'un thé ( pour moi c'est un Wilde Purple )
Bise

Francine a dit…

@ Cathy: MERCI pour tes gentils commentaires et ta suggestion de lecture! Dès que j'ai fini de te répondre, je téléphone à ma librairie préférée pour le commander.
J'ai bien aimé Le dames de Kimoto mais comme très souvent avec la littérature japonaise, j'ai du mal à y rentrer et j'ai été très touchée par la fin, cette guerre a vraiment dû être terrible pour celles qui n'y étaient pas directement impliquées… Entre les deux, j'ai très bien accroché, j'y ai vu des similitudes avec La mémoire du thé dont je suis allée relire certains passages ainsi que La mère de Pearl Buck.
J'aurais aimé aller à Anvers ce WE mais je n'ose pas encore laisser Xavier seul, ses côtes cassées lui font encore un mal de gueux, je ne serais donc pas tranquille… Mais tu ne perds rien pour attendre! Et tu as toi aussi de quoi t'occuper en tournant des feuilles de papiers et en savourant celles que tu infuses! Belle journée, venteuse ici, bisou

Francine a dit…

@ Cathy: voilà, le livre est commandé, par contre pour découvrir la grande Alexandra, je ne commencerais pas par les BD mais par son premier livre (ou un de ses premiers). Je te prêterai mes BD et vais rechercher ses livres dans la bibliothèque du grenier quand mon épaule se fera oublier… Je suis allée chez le kiné mais en suis ressortie avec plus mal qu'en entrant; je lui ai donné une 2e chance, il ne l'a pas saisie le bougre. Je retourne chez mon toubib lundi, il faudra qu'il me trouve autre chose! En attendant, j'ai de quoi me consoler. Heureusement vu le temps, je ne suis pas tentée par le jardinage, ici au programme: pluie et vent, j'adore! Belle journée, bons thés, bises et bonnes lectures…