Je suis accueillie chaleureusement et Yasu m’offre un thé d’accueil,
un Honyama Koshun très rafraîchissant.
"Un
nouveau "cépage" qui est cultivé à 300 / 400 mètres d’altitude.
Accompagné de patates douces sous forme de bâtonnets et de galettes que j’ai
reçues en partant, je les découvrirai demain.
Le deuxième thé proposé est
un Shigeta Genmaïcha, thé
et riz « milky queen", tous deux produits par Shigeta à
Shizuoka".
L’infusion est assez prononcée, je n’y décèle ni
notes fruitées ni fleuries, mais je ne suis toujours pas douée dans ce domaine…
La liqueur est une vraie révélation, au deuxième passage, je
perçois comme une note sucrée. Et là mon hôte me déclare qu’il s’agit de cette
fameuse saveur umami dont j’ai beaucoup entendu parler mais que je ne parvenais
pas à détecter.
Je suis attentivement les gestes précis de Yusa, je bois ses
paroles en même temps que ce breuvage d’exception.
Un mot sur sa façon de
magnifier les feuilles. La Mont-Rocous est pour lui la meilleure. Il la fait
bouillir puis met la dose nécessaire dans le pot de réserve.
Le thé suivant se nomme simplement Thé du Japon 2012 : "ce thé, produit au printemps 2012 avec des
théiers centenaires, nous donne une idée du thé avant l’introduction de la
notion "cultivar"."
Parfois, après infusion, le
thé est d’abord transvasé dans le pot de réserve (dont je n'ai pas retenu le
nom… Cathy, je compte sur toi et il faut d'ailleurs que tu passes par ici, c'est impératif!)
Comme chaque fois que je regarde ces
feuilles qui ont tout donné, je suis admirative du travail réalisé en amont :
combien de mains expertes a-t-il fallu pour donner de tels résultats ?
Last but not least : ce Tsukiji
Yamakai, « cueilli à la main, puissant,
complexe et beaucoup d’umami » présenté dans une petite coupelle.
Et, surprise de taille, une première infusion à froid dans cette même
coupelle !
Les feuilles sont juste recouvertes.
A peine quelques
gouttes dans chaque bol mais une saveur très intense, émotions gustative
indescriptible, j’en ai les larmes aux yeux ! Il faut dire que depuis près
de 2 heures, je nage dans le bonheur, je ne suis pas loin d’Horaisan.
Deuxième passage, encore à température ambiante.
Comment peut-il se
dégager autant de saveur alors que la mère du thé est froide ? Même s’il y
a beaucoup de feuilles, cela paraît incompréhensible, mais sur le moment, je ne
me pose plus ce genre de question, je vis l’instant. Intensément !
La
troisième infusion se fait à chaud après avoir transvasé les feuilles dans une
kyushu.
Le temps de jeter un œil sur l’étagère.
Aux objets de la
vitrine,
comme autant de tentations auxquelles j’ai résisté… cette fois,
je remercie chaleureusement mon hôte, j’ai terminé mon périple en beauté. Un
proverbe japonais dit : « On commence à vieillir quand on finit
d’apprendre », j’en suis
encore loin donc ! Par contre,
je suis loin d’avoir retenu tous les enseignements reçus ! C’est à chaque
fois la même chose : au début, très concentrée, j’enregistre tout puis,
prise par cette atmosphère si particulière, je vis en symbiose complète avec
cette liqueur et si je perçois les mots bien sûr, ils ne s’imprègnent plus
vraiment. Je me rappelle seulement maintenant qu’un des thés est constitué d’un
cultivar d’Assam associé au cultivar japonais. Il faudra donc que je retourne !
Un dernier rendez-vous avec mon amie Marianne, qui s’envole lundi. Je lui
avais d’abord proposé de m’accompagner au Japon mais elle a décliné, elle n’est
pas très thé japonais et pour tout dire pas très thé du tout !
En l’attendant,
j’ai de quoi m’occuper
et me rincer l’œil.
Je demande la carte des
thés, je ne m’attends pas à grand-chose après ce que je viens de vivre...
Je
finis par choisir un thé à la menthe infusé directement dans la théière.
La théière est vide et toujours pas de Marianne, la batterie de mon GSM est
plate, je ne peux donc pas l’appeler… et je ne connais pas son numéro par coeur.
Ce n’est que dans le Thalys que j’ai
su qu’elle a eu un problème de fuite d’eau, et un dimanche à Paris, ce n’est
pas vraiment le bon moment (si tant est que cela l’est jamais… ! Par
contre, pas de Wifi, merci Thalys, je ne pourrai donc pas envoyer ce billet, ce
sera alors pour demain, cette soirée est consacrée à mon mari et aux mille
questions qu’il me posera. Ce qui n’a pas manqué ! Avec une variante hier
soir : quand je lui parlais de mes incontournables, il m’a dit : "Encore! mais
n’étais-tu pas déjà allé là l’autre fois ?" J’ai failli m’étrangler
tellement j’ai ri, je buvais un Dong Ding.
4 commentaires:
merci pour ce superbe compte-rendu de la boutique Yasu Kakegawa.
je ne manquerai pas d'y faire un tour lors de mon prochain passage à Paris :)
Bonjour Francine,
Merci également pour ton article, depuis le temps que je remets çà au lendemain, il faut vraiment que j'aille y faire un tour !
Sinon, pour le nom de l'ustensile, ce doit être un "Yuzamashi", non ?
A bientôt et bon thés à toi !
Bonjour Francine,
Je viens de lire d'un coup tous tes billets WAUW que d'aventures ;)
Pour répondre à t'as question je ne sais pas :( est-ce le kensui ? ( bol sur la photo étagère en haut à droite) mais on l'emploi plutôt
pour jeter l'eau donc c'est peut-être comme le dit Nicolas un Yuzamashi" (qui veut dire "eau que l'on a refroidis").J'ai de toute façon noté l'adresse !
Bises
@ Sébastien: je ne sais si le compte-rendu est superbe, je ne suis jamais satisfaite de ce que je transmets après avoir vécu des moments indicibles. Tu ne seras pas déçu.
@ Nicolas: merci à toi aussi, je confirme: pas de procrastination pour cette visite! Merci pour nom de ce pot de réserve.
@ Cathy: je te croyais encore en vacances! Ce à quoi je fais allusion est ce que j'appelle le pot de réserve (ou de justice...) A très vite, biz
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