Intenses rétrolfactions!

Je suis rentrée hier passé 22 heures, fourbue par ce voyage interminable dans un train en retard. Mais heureuse de ce que j’ai vécu pendant ces 3 jours magiques. Et ressourcée, j’en avais vraiment besoin ! 

Ce matin, je retrouve mon cocon et ce ciel que j’aime. 

Le rituel-santé aussi. J’avais prévu de prolonger le bonheur de Poule en renouant avec la cérémonie taïwanaise du gong fu mais une merveilleuse nouvelle de Montevideo sur FB m’a fait changer d’avis : les photos de l’ouverture vendredi de la première boutique ThéÔdor. 

J’ai voulu fêter cette grande naissance avec toi, chère Maria qui, contre vents (souvent contraires) et marées (parfois houleuses) a réussi ce vrai défi, la guerrière du Sud peut (doit !) en être fière. J’ai infusé ce Tumsong que nous aimons et partagé avec toi ce jardin des cœurs heureux. La musique de là-bas et ce petit ange si symbolique complètent ce tableau. Après un week-end fabuleux, un début de semaine qui l’est tout autant ! Je passe sur les activités du quotidien qui me tiennent éloignée de ce lieu. 

Cet après-midi, le ciel bleu à nouveau et un soleil un peu timide. 

Il ne m’en faut pas plus pour m’attirer dehors. Un Genmaïcha sera mon thé de lecture, j’ai besoin des feuilles pour ce soir. Je pensais voyager dans le temps et rejoindre le juge Ti à l’époque des Tang mais j’ai préféré écouter ces musiques de la nature, les chants des différents oiseaux et observer ce qui se passe autour de moi, deux écureuils qui se poursuivent sur la pelouse avant d’escalader un des hêtres, faisant ainsi tomber les feuilles. Je reviens maintenant sur ces trois jours desquels je suis encore tout imprégnée, et pour longtemps. Ils ont débuté vendredi matin : me voici à nouveau en route pour ce lieu de paix qui m’a tellement manqué. Je me rappelle comme si c’était hier cette dernière fois, persuadée alors que je reviendrais en septembre… http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2011/06/derniere-session-linstitut-du-que-du.html J’étais loin de me douter alors que  cela durerait si longtemps, on ne fait pas  toujours ce que l’on veut. Heureusement, grâce à Josiane et Jean-Pierre, on a pu partager ici ces moments hors du temps à chacun de leur passage en Belgique.  

Le ciel est magnifique, des voies se croisent, j’y ai reconnu la mienne. 

Le rituel-santé précède le reste du Milky Oolong d’hier, douces rétrolfactions… J’avais préparé mon biberon pour la route, il est resté dans mon salon, je me contenterai donc de la mère du thé, avec un peu d’imagination, et beaucoup d’envie, elle aura d’autres arômes. Que dire de ces 3 jours ? Vais-je trouver les mots pour y parvenir ? Tellement d’émotions fortes et indicibles parfois. Première étape : arrivée à la Part-Dieu sans problème, mes amis Josiane et Jean-Pierre m’attendaient, chaleureuses retrouvailles. Nous voilà en route pour l’Institut du thé mais la route fut longue avant d’atteindre le Nirvana… La signalisation est aussi performante en France qu’en Belgique, j’ai donc eu tout loisir d’admirer les bords de Saône et constater que Lyon est une ville vraiment tentaculaire. De plus le temps était exécrable, du genre à ne même pas mettre un canard dehors. Mais nous sommes arrivés à bon port, accueillis par le sourire lumineux de Nadia. Merci Jean-Pierre, je te revaudrai cela ! 

Dès l’entrée, je me suis sentie dans un autre monde, loin des scories de la vie. Même sous une pluie battante et un brouillard d’automne, tout est calme et apaisant. C’est avec bonheur que je retrouve des amies en thé : Claudine et Karine, les Parisiennes et que je fais la connaissance de Lara arrivée de Tours. Le repas du soir est joyeux, nous exprimons notre joie de nous revoir et évoquons des souvenirs de nos années passées ici, cela faisait un peu réunion d’anciens combattants… 

Après une nuit très douce bercée par ces beaux poèmes des dynasties Tang et Song, 

nous prenons le petit-déjeuner, Karine et Josiane. 

J’ai la bonne surprise de voir que Jean-Pierre a préparé le thé, un When Shan Mao Feng dont je me régale. Mais aussi des paroles de cette jaune maman qu’est Lara qui nous parle de ses petits enfants entre autres. 

Il fait toujours aussi gris, mais seulement dehors. Les compagnons du thé arrivent et d’émouvantes retrouvailles avec Sylvie et je découvre de nouvelles têtes, Michèle entre autres mais aussi, Lydie et Bernard. 

Thé d’accueil, un fabuleux Long Jing de printemps préparé par Nadia et servi par Josiane, de quoi nous mettre dans l’ambiance de cette journée. 

Nous montons alors au temple pour une triple méditation. Dès l’entrée, une émotion forte, encore une, je me rappelle la toute première fois que je pénétrais dans ce lieu, et deux phrases qui m’ont marquée : Le mot n’est pas la chose et L’Homme est venu sur terre pour revenir à sa nature profonde. http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2008/09/premier-cours-de-perfectionnementquest.html  Nadia nous présente le programme chargé de cette journée consacrée à trois cérémonies de gong fu cha: la taiwanaise, la classique et le Chao Zou Gong Fu Cha. 

Avant le début de chaque méditation, 

elle nous rappelle certains éléments de chacune d’elles. Je n’en ai noté que quelques-uns. Le premier concerne la posture et les 3 mots-clés : corps, parole, esprit alignés. Corps calme, parole silencieuse, esprit posé. Concentration sur la posture : le dos droit, menton baissé, mains en position du symbole d’union. Visualiser notre respiration. Être dans l’ici et maintenant, on ne fuit pas les pensées mais on ne s’y arrête pas. Idem pour les sens, ils sont ouverts mais sans saisie. La méditation est un moyen de connaissance de soi. On va intégrer un 6^e sens, le mental, qu’on doit discipliner, faire attention au conditionnement, apprendre à rentrer en contact avec notre vraie nature. Moments intenses de communion avec l’essentiel, non palpable mais très présent. Recentrage. 

Nous voilà à présent dans la Maison de thé, tout est en place pour une autre pratique axée sur l’harmonie et le partage, 

Nadia nous rappelle quelques points importants par des mots qui nous touchent : luminosité de l’instant présent. Être avec soi et avec les êtres vivants véhicule la paix et l’amour. La paix, l'amour, ce que nous recherchons tous. 

L’emplacement des objets n’est pas seulement technique, mais a une grande importance, il est en lien avec la philosophie taoïste : chaque chose à sa juste place, tout part du centre. Si l’équilibre est respecté, l’être humain va avoir de la chance, ce qui signifie santé, prospérité, joie, bonheur pour les Chinois.

La première cérémonie est la taïwanaise, la plus complète qui sert de base aux autres. 

Je retrouve avec émotion en observant mes compagnons cette ambiance si particulière, et la concentration de Bernard, mon vis-à-vis.

Commence alors, l’enseignement : certains gestes paraissent anodins, ils ne le sont pas. 

Il faut une longue et régulière pratique pour arriver à cette fluidité qui crée l’harmonie, il faut arriver intérioriser chaque geste  pour qu’ils deviennent des automatismes et permettent de se concentrer sur l’essentiel. J’avais arrêté de pratiquer cette cérémonie, il me manquait justement cet essentiel, le partage. J’en ai discuté dimanche avec Nadia, je reprendrai cette pratique, comme méditation en phase avec mes compagnons, mêmes absents, ils ne le sont pas vraiment. Nous voici maintenant à partager le repas: chacun apporte de quoi se sustenter… sauf moi, j’avais complètement oublié. 

J’ai donc été nourrie par Josiane et Jean-Pierre, je vous revaudrai cela dès votre prochain séjour, peut-être pas au centuple mais très beaucoup !). Une grande tablée : Lara, Karine, Bernard et mes "saint-Bernard". 

Lydie, Michèle, Sylvie et Claudine. Michèle a apporté une délicieuse tarte aux poireaux dont elle nous a fait profiter. Les conversations sont joyeuses, variées et très animées, n’est-ce pas "camarade" Sylvie (message codé qui a provoqué notre hilarité !) 

Dehors, il fait toujours aussi gris et pluvieux ce qui fait dire à Josiane qu’il fait toujours ce temps quand on vient à Poule (j’ai ri tout bas, nous n’avons pas les mêmes souvenirs…). 

L’après-midi, retour dans "notre" maison pour le Chao Zou gong fu cha, une première pour moi. Et assez nouvelle pour d’autres. 

 J’y reviendrai plus en détail plus tard, je veux la pratiquer. 

Mais je ne résiste pas 

à partager ces photos d'ambiance

qui en disent long sur la complexité de la chose, il n’y a qu’à observer nos visages concentrés mais aussi perplexes, dubitatifs, voire plus…  

J’ai hâte de m’y exercer. 

Un petit coup d’œil vers le ciel, après la pluie le beau temps… très passager, mais profitons-en, vivons l’instant. Intensément.

Nous revoilà plus en pays de connaissance avec la cérémonie classique, plus "simple" et donc un peu mieux maîtrisée. 

Cela se voit tout de suite, ne dirait-on pas que ces trois-là sont presque hilares ?... 

La concentration revient bien vite, 

Et il en faut pour ce dernier geste, ce n’est pas Lara qui dira le contraire ! Pour clôturer cette fabuleuse journée, Nadia nous emmène en voyage  à l’aide de diapos aux pays des Oolong, à Wu Yi, Anxi, Chao Zhou et Taiwan. Un grand merci à Bernard qui a pu faire démarrer ces machines infernales qui parlent peu aux femmes sensibles et raffinées que nous sommes… Je reviendrai sur ces mins d'informations reçues aujourd'hui encore.

Il est plus de 17 heures quand mes amis en thé se mettent en route sous ce ciel lumineux enfin à l’image de ce que nous venons de vivre. 

Je reste ici pour prolonger le bonheur avec ce Feng Huang Dancong préparé par Claudine et Karine et distribué pendant le voyage en images, il est loin d’avoir tout donné et j’en profite jusqu’à l’heure du souper. Merci à vous tous pour ces moments hors du temps, ils m’accompagneront pendant une période que je redoute un peu moins maintenant. 

Devant ce camaïeu de verts et bruns, j’ai une pensée pour ces cueilleuses et ceux qui l’ont manufacturés avec tant de patience et de savoir-faire, savent-ils seulement le bonheur qu’ils nous procurent à l’autre bout du monde ?  La soirée et la matinée de dimanche ont été riches en échanges avec mon hôtesse, merci pour ce que tu es pour moi chère Nadia, je garde en moi tout ce que tu m’as donné avec tant de générosité et de modestie... 

Je quitte Poule sous ce temps d’automne mais avec ces énergies très particulières que ce lieu dégage. 

Il est 17 heures, sur le quai de la Part-Dieu, en attendant le train qui se fait attendre, mes yeux regardent le ciel tourmenté. 

Il y a du vent qui chasse le gris, peut-être est-ce la magie de Poule qui m’a suivie…  Après avoir posté mon billet, je retournerai dans mon salon bleu-thé pour méditer en écoutant des mantras, j’aimerais tellement partager toutes ces énergies accumulée pendant ces trois jours. Bonne soirée, bons thés!