dimanche 28 décembre 2014

Rétrolfactions

Après le départ de Fabienne, je suis retournée dans mon cocon pour continuer à infuser les feuilles de ce fabuleux vieux Pu Er, la neige continuait à tomber qui me rappelle le seul accident de voiture que j'aie jamais eu le 4 février 1974, j'ai glissé sur une plaque de verglas, et après plusieurs tonneaux me suis retrouvée dans un champ. S'en est suivi une forte commotion cérébrale que je n'ai pas vraiment soignée, reprenant le travail avant la date prévue par la Faculté, je n'avais pas de fracture du crane, n'avait perdu connaissance que quelques minutes. Les seules séquelles étaient de violents maux de tête et un traumatisme de l'oreille interne qui a entraîné des troubles de l'équilibre, pas de quoi donc vivre aux crochets de la sécurité sociale. Ces dernières années cependantj'ai développé une peur quasi panique de rouler par ce temps, cela + le manque de lumière et le froid expliquent mon envie d'hiverner. Heureusement, il reste le thé, la lecture et la musique.
Ce matin, avant de continuer à infuser LES feuilles, j'ai aéré très brièvement mon cocon, combien de temps va-t-elle tenir ? Ce qui me frappe est ce silence épais, lourd. Je reviens à l'essentiel.
Et elles, quand s'arrêteront-elles ?
La lumière de ce soleil d'hiver donne tout à coup un peu de vie à ce paysage transformé.
Dans la tasse, une couleur acajou brillante et des saveurs subtiles. Les passages se suivent, la liqueur se fait moins épaisse mais toujours aussi vivifiante,
ces vieilles feuilles dégagent vraiment un QI puissant. Certains de nos échanges d'hier me reviennent en mémoire, douces rétrolfactions...
Malgré un nombre incalculable d'infusions, elles sont loin d'avoir tout donné, je les laisse se reposer pendant que je vais préparer le repas.
Pendant tout le dîner nous admirons comme un ballet le va-et-vient incessant de ces oiseaux, ils sont tous au rendez-vous sauf les bouvreuils.
Des pas dans la neige, il faut approvisionner ce restaurant aussi.
 Le seul bonhomme de neige qui supporte la chaleur, bien plus que cette froidure !
Et toujours cette superbe lumière mais il fait vraiment glacial.
C'est avec ce Pu Er sans fin que je vais me réchauffer.
Le breuvage devient légèrement plus clair à présent mais les saveurs sont toujours présentes où domine celle de camphre.
Je ne sais combien de fois l'eau a réveillé ces belles mais ce qui est certain c'est qu'elles ont encore des choses douces à offrir... je les laisse un temps, j'ai envie de lire.
Mon thé de lecture, un Yunnan vert griffé Terre de Chine et 3 petits livres, petits par la taille et le nombre de pages pas pour le contenu. Après l'extase du thé, celle des mots...
Après le souper, retour dans ma pièce préférée. Les belles attendent mais cette fois c'est la fin, elles ont tout donné.
Sans l'une, les autres seraient restées figées.
Beaucoup d'émotions en admirant ces vieilles dames, cette brique a quelque chose de magique, elle évolue vraiment, vers des saveurs plus complexes, j'ai pénétré ici dans l'âme du thé...
Un dernier regard aussi sur les branches du charme déguisées, et je vais m'écraser devant la télé pour regarder ... La mélodie du Bonheur (pour la énième fois), mon mari m'a demandé si je n'étais retombée en enfance, mais que nenni, j'ai gardé mon âme d'enfant!

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