Hier soir, en regardant le journal télévisé, j’ai été bouleversée par
le témoignage poignant d’une vieille dame survivante de la catastrophe de
Fukushima. Avec une impressionnante dignité, vivant dans un minuscule
baraquement, elle racontait qu’elle avait perdu son mari et ses petits-enfants
et espérant qu’ils la voient de là où ils sont, elle crochète à longueur de
journée des fleurs de toutes les couleurs. Comme un peu de vie dans ce lieu si exigu.
Aucune révolte, aucune colère, ce qui est déjà admirable, mais ce qui m’a le
plus touchée, ce sont ses yeux éteints... Cinq ans aujourd’hui, combien de
personnes comme elle, dont l’espace de vie est encore si réduit, et que dire de
cette vie fracassée par la perte de sa famille, de ses repères, de sa joie de
vivre. Alors aujourd’hui ma journée sera japonaise, c’est très peu de chose bien
sûr mais ne pas oublier que la cupidité, l’appât du gain et l’absence totale de
morale d’un tout petit nombre a provoqué tant de drames, la honte et le mépris
sur eux, la compassion pour ces destins brisés.
C’est à cela que je pensais
en regardant ce ciel sans aucun nuage, et un soleil encore un peu pâlichon qui
fait briller l’écorce des bouleaux.
Avant de m’imprégner de cette musique
zen aux sonorités si particulières
enregistrée en pleine nature, je lis la première partie du fascicule, plus
technique, jusqu’ici ignorée. Il décrit
aussi la pensée de Yoshio Kurahashi à
propos de cet instrument qu’il maîtrise à la perfection, en lui donnant une
âme. "Suizen Ichi Nyo : souffler
et méditer sont un même geste", Et plus loin: "La musique du shakuhashi, parce qu’elle
émane du bouddhisme zen, provoque une émotion plus profonde que toute autre".
Cela,
je le comprends très bien tant elle me touche au plus profond et provoque en
moi une émotion proche de l’extase, je
pourrais l’écouter en boucle pendant des heures. "Cette émotion s’exprime par le mu, le
néant spirituel de la pensée zen. Et c’est ce qui rend cette musique
universelle". C’est vrai qu’en l’écoutant, j’ai l’impression (la
certitude ?) d’être transportée dans un ailleurs de plénitude extrême. Mais
ce qu’il en dit alors me laisse perplexe: "Yoshio Kurahashi respecte
profondément la tradition et en même temps la rejette. Justifiant ce paradoxe
par le mu, il considère que la meilleure façon de se comprendre entre êtres
humains est justement de ne pas essayer de se comprendre car nous ne sommes pas
semblables ou différents, nous sommes tout simplement, dans ce néant qui nous
offre la paix intérieure". Il est temps d’écouter la musique
tandis
que je continue à vider mes boîtes avec ce Sencha Yakushima la troisième et dernière achetée chez Lupicia
un certain jour béni de septembre : http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2015/09/jamais-deux-sans-trois.html, ma chère Marie-Aline, c'est quand tu veux (et quand je peux) pour le renouvellement des stocks...
.
C’est le fond du fond du sachet toujours aussi odorant, ça sent vraiment le
printemps.
Quelle belle harmonie entre la musique et les feuilles,
magnifique hommage à la nature. Je savoure ce nectar en espérant que là-bas,
celle-ci a repris ses droits… Après la méditation, une petite balade dans le
jardin
où je dérange les hôtes du restaurant sauf cette petite mésange
bleue téméraire.
En dressant la table pour le dîner, le spectacle est dehors… Il est déchaîné,
envie sans doute de perpétuer l’espèce ! J’ai des envies de jardiner mais à
part désherber, il n’y a encore rien à faire et puis il ne fait pas très chaud,
un petit vent piquant s’est levé,
et le ciel, si bleu ce matin, s’est
couvert de nuages.
Retour dans mon salon bleu-thé, dans la tasse, un
Genmaïcha griffé Azumaya, et ce livre de haïkus. J’aime la poésie mais j’ai du
mal avec ces poèmes-ci malgré l’explication qui en est donnée en début du livre :
"Le haïku est par excellence l’expression littéraire du zen
(transcription japonaise du sanscrit dhyana "contemplation"),
cette expérience éminemment libératrice au cours de laquelle on s’aperçoit que
fondamentalement, il n’y a rien, comme le disait le vieux maître zen chinois
Feng kan (8ème siècle). Il ne reste plus alors qu’à lâcher
philosophiquement prise et à s’accorder au cours des choses".
Si le
texte ne me parle pas vraiment, la calligraphie par contre m’attire et m’apaise. Là se
trouve la poésie… Cette journée s'achève, pleine d'interrogations: quelles sont les conséquences psychologiques d'un tel drame? Et les enfants? Sont-ils atteints comme à Tchernobyl de séquelles gravissimes comme le cancer de la thyroïde? On n'en parle pas par ici. Et précisément dans ce pays, comme en France d'ailleurs, pourquoi ne tire-t-on pas les leçons de tels drames? Faut-il qu'une de nos centrales nous explose à la figure?
J'ai eu 49 ans, mon fils en a 18, je suis professeur depuis 6 ans....
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Je prends du temps sur le temps. Je n'en ai pas. Enfin si. Enfin non. Je
ne vis que par procuration. Enfin non. Enfin si.
Mon corps ne me permet pas une...
Il y a 8 heures
3 commentaires:
Bonjour Francine
Merci pour ce très joli texte, très humain.....
Malheureusement aussi bien ici que làs bas on se demande si les politiciens pensent à leurs peuples :(
Bonne journée & bises
Cathy
Que répondre à ces interrogations de fond???...
Bonne journée d'azur!
Bizzzzz arc-en-ciel :-)
@ Cathy: concernant la Belgique, j'ai la réponse... A très vite chère Cathy
@ Mab: bien des choses chère Marie-Aline...
A vous deux: bonne soirée et à très vite j'espère, ici, à Anvers ou à Strasbourg! Bises théinées
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