C’est avec beaucoup d’impatience que j’attendais ce moment béni où je pourrais me retirer loin du monde pour me livrer à mes activités préférées.
Tout est prêt pour continuer cette passionnante lecture, c’est la première fois que j’infuse un thé japonais dans une aussi grande théière, je ne les utilise d’habitude jamais pour accompagner mes lectures, c’est un thé qui se prête plus à la méditation me semble-t-il.
Mais vous comprendrez très vite pourquoi j’ai fait une exception et pourquoi j’ai choisi ce
Shira-Ore. Et ce n’est pas lié à la signification de son nom, Heure blanche si je me souviens bien, mais à la particularité de ce thé qui dégage des saveurs japonaises évidentes mais qui rappellent le thé chinois dû au grillage final de ses feuilles.
Le chapitre V,
De la récolte des feuilles va être plus éclairant. L’auteur commence par décrire comment cela se passe "dans le Japon". On y apprend qu’à l’époque de la cueillette des feuilles, les propriétaires louent des ouvriers spécialisés. Je ne résiste pas au plaisir de reprendre telles quelles les phrases du livre, et comme je fais une citation d’un texte ancien, je le retranscris avec l’orthographe et la ponctuation de l’époque.
"La première cueille commence au milieu de la dernière lune précédant immédiatement l’équinoxe du printemps ; c’est le premier mois de l’année "japonnaise" correspondant à la fin de février ou au commencement de mars ; on donne alors aux feuilles le nom de Ficki-Tsjaa ou thé en poudre, parce qu’on les pulvérise et qu’on les fait tremper dans l’eau chaude. Les jeunes et les tendres produisent le thé Impérial, destiné seulement à l’empereur, aux princes et aux grands seigneurs". Il décrit alors d’où vient ce thé particulier, il parle d’Udsi, une petite ville près de Meaco, capitale de l’empire japonais. Les plantations y sont particulièrement surveillées :
"Il y a des gens qui sont chargés uniquement de veiller sur ces arbres et de les préserver de la poussière, de la boue, des insectes, etc. ; de les maintenir, en un mot, dans un état de parfaite propreté. Les ouvriers qui doivent en cueillir les feuilles s’abstiennent dès la veille de tout aliment grossier qui pourrait leur donner une haleine susceptible de communiquer une mauvaise odeur à ces feuilles. Ils portent même des gants, de peur de les toucher avec les doigts. (…)". La deuxième récolte, moins fine, a lieu fin mars, début avril, "
on en fait le Too-Tsjaa ou thé chinois, parce qu’on l’infuse à la manière chinoise". La troisième récolte, en juin, constitue le
"Ban-Tsja, qui est la sorte la plus commune et réservée au bas peuple". Nous allons maintenant voir comment cela se passe
"à la Chine". (…) Dans le Fo-Kien et le Kiang-Si, la première récolte commence dans les premiers jours d’avril. Le 5 de ce mois est un jour renommé parmi les Chinois, qui l’appellent Chin-ming ; le thé cueilli dans cette journée a une grande réputation, qu’il justifie d’ailleurs par la finesse de son arôme". Je ne résiste pas à citer le commentaire de l’auteur, très ethnocentrique, mais c’est d’époque !
"Des observations météorologiques expliquent l’origine et le crédit de cette superstition populaire, comme en France celle dont le jour de la Saint-Médard est l’objet. Les pluies, les vents et les giboulées qui succèdent alors à l’équinoxe du printemps, en Chine comme en Europe, donnent aux feuilles du thé un bouquet extrêmement suave. Cette remarque n’a point échappé à la perspicacité des colons chinois". Vient ensuite quelques considérations sur le rôle néfaste de la pluie sur les feuilles de thé vert.
Il décrit ensuite la récolte et le traitement du thé noir. Je reproduis ce paragraphe aussi curieux qu’intéressant :
"La récolte (…) ne s’ouvrant qu’au commencement d’avril, les premières feuilles pour le thé noir ne sont encore qu’en bourgeon ; celles couvertes d’un léger duvet fournissent le pékoë à pointes blanches ; l’arbuste ne les produit que jusqu’à l’âge de 6 ans ? Quelques jours après, on récolte le pékoë noir. Dans le mois de mai, les feuilles qui ont poussé depuis la première récolte, ont atteint leur croissance ; elles forment alors la sorte appelée Souchong. Cinq ou 6 semaine plus tard, c’est-à-dire vers la fin de juin, on procède à la troisième récolte qui fournit le Congo ; les feuilles choisies du Congo forment le Campoy. Quant au Bohea, il n’est pas entièrement produit par le canton de Fo-Kien qui porte ce nom. On donne ce nom générique au thé noir tiré des feuilles les plus communes de la dernière cueille". Le chapitre se termine par la façon dont est cueilli le thé, et l’auteur y reparle du Brésil où il semblerait que les plantations aient été importantes.
Ce qui est intéressant à relever, c’est que la cueillette est faite par des femmes et des enfants, esclaves plus que probablement, l’auteur, encore une marque de l’époque, y parle de "nègres". J’aurais voulu continuer mais je me trouve devant un choix cornélien : il fait magnifique pour le moment et mon mari aimerait qu’on se promène au jardin… j’accepte d’autant que demain je serai partie toute la journée à Namur….
2 commentaires:
Merci Francine de nous faire partager cette très belle monographie du thé.
C'est une très belle édition si j'en juge par la qualité de la typographie, des illustrations. J'espère que tu me la montreras lors d'un prochain passage.
Bisous de (presque) vacances
En effet, cette édition est superbe, et bien sûr elle sera à ta disposition quand tu reviendras ici... après tes vacances, et ... notre séjour à Strasbourg, je nous y verrais bien vers le 22 octobre, et pour quelques jours bien sûr, d'autant qu'il y a une toute nouvelle maison de thé, j'en parlerai bientôt sur mon blog ...
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