Comment terminer en beauté absolue une journée déjà très riche!

Suite du billet précédent interrompu par un problème technique qui s’est résolu tout seul pendant que je dormais ! J’annule mes activités matinales pour ne pas vous faire trop attendre ! Et voilà ce lieu que j’attendais de découvrir avec impatience. Déjà rien que la signification du nom fait rêver FU DE CHA = Bonheur Vertu Thé. Avant de savoir cela, j’avais déjà imaginé que FU DE CHA pourrait se traduire par Fou de Thé… J’avais envoyé un mail avant mon départ pour réserver une table. La réponse par retour m’a emballée, non seulement il y aura de la place mais je serai accueillie dans un salon privé pour une dégustation spéciale. Et je n’ai pas été déçue ! A partir d’ici oublié tous les clichés sur les chinoiseries kitch et pas toujours de très bon goût. Ce qui m’a le plus frappée en entrant, c’est le contraste entre la "modernité" de la conception du lieu et les objets de thé, témoins d’une pratique très ancienne.

Je ne sais où donner de la tête.

Tout est harmonieux, présenté avec goût.

C’est le maître des lieux en personne qui me fait visiter tous les coins et recoins de cette maison de thé qui sort vraiment de l’ordinaire.

Trois tables de 4 personnes où les visiteurs pourront découvrir la façon de servir le thé en gong fu cha.

Conception moderne d’ustensiles qui serviront à transmettre une culture ancestrale.

Voici l’endroit qui m’a le plus étonnée, c’est ici que, sur réservation, vous serez initiée à ce savoir-faire ancestral par un maître de thé. C’est ici qu’était prévue notre « tête à thé » mais mon pauvre dos n’aurait pu supporter cette position… Ce qui m’intrigue est le plateau sur lequel sont posées 4 bols qui contiennent des amendes, des kumquats confis et un autre fruit que je n’identifie pas, confit lui aussi. Je saurai bientôt qu’il s’agit de kiwi. Malheureusement, j’ai raté la photo, il faut dire que j’étais encore passablement énervée par l’aventure de la carte de crédit, et excitée par tout ce que je découvrais. Mais pas de problème, je reviendrai !

Le sol est composé de lattes de bois non solidarisées, dans les interstices… des feuilles thé ! Tous les thé proposés ici sont uniquement des Tie Kwan Yin d’un même producteur dont les ancêtres de la famille sont à l’origine de la "création" de cette Déesse en Fer de la Miséricorde !

Le premier thé est la première qualité de Tie Kwan Yin. Les feuilles sèches ne dégagent aucun parfum.

Par contre, après quelques secondes seulement d’infusion, ce sont des notes de fleurs qui chatouillent les narines.

La saveur de la liqueur est typique des Tie Kwan Yin, à la fois doux et très équilibré, il est vraiment comme je les aime et c’est "l’entrée de gamme", que vont être les autres ?

Les passages 

se suivent, permettant aux feuilles de s'épanouir de plus en plus.

La liqueur se fait plus intense.

J’admire les gestes lents et harmonieux de mon hôte, je suis complètement prise par l’ambiance, envolé le stress du début, la magie du thé opère. Un mot des gâteries servies en accompagnement : elles se marient parfaitement avec ces Tie Kwan Yin, j’avais un doute pour le kumquat, n’allait-il pas prendre le dessus, écrasant la saveur du thé ? Pas du tout, au contraire, je dirais que d’une certaine façon, il "réveille" le thé en fin de parcours.

 "Démoulées", ces feuilles qui ont maintenant tout donné sont d’un beau camaïeu de verts.

Les feuilles, assez grandes sont brillantes.

Deuxième thé, qualité un cran au-dessus, j’étais déjà comblée avec la première… ça promet. Le parfum des feuilles sèches fait penser à du beurre frais.

Ce que ne confirme pas le premier passage.

Toujours de beaux gestes et une grande concentration pour magnifier les feuilles.

C’est un parfum boisé qui se dégage de ces feuilles.

La liqueur est plus forte, limite agressive, que se passe-t-il ? Je reprends un morceau de kiwi pour essayer d’équilibrer.

Nous cherchons à comprendre, même le kumquat ne parvient pas à équilibrer.

Feuilles démoulées…

(94) Contraste de taille et de couleur.

Ce troisième thé n’est pas encore proposé à la vente, j’en ai la primeur.

Après un seul passage court, les belles se sont déjà bien ouvertes.

La liqueur est assez pâle et la saveur est un mélange très subtil où dominent des notes florales.

Et cet accord "mets et thé" est ici tout à fait évident. Emotions gustatives intenses : ce ne sont pas 2 saveurs parallèles mais bien comme une alchimie entre les deux qui en fait un équilibre parfait, le shangri-là n’est plus très loin !

Je suis pleinement dans l’instant, dans ces moments hors du temps où seul compte le bonheur du partage.

Ce tête à tête (de près de 3 heures…) touche maintenant à sa fin. Ces moments intenses resteront longtemps gravés dans ma mémoire : l’accueil, la générosité, la sérénité communicative de mon hôte m’ont véritablement impressionnée, je ne peux donc qu’évoquer cette belle phrase qui illustre bien ce que j’ai vécu ici : "aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre des années"…

Une dernière illustration d’un mariage heureux entre les artistes contemporain et l’âme de ces objets millénaires…

 Les informations pratiques maintenant.

 La durée indiquée ici pourrait être considérée comme "mensongère" elle ne correspond pas à ce que j’ai vécu… pour mon plus grand plaisir ! Je parlais plus haut de la générosité de mon hôte, je faisais alors allusion au temps qu’il m’a consacré, aux explications qu’il m’a donnée, à l’histoire de cette jeune maison ou quand un Français et une Chinoise (que je n’ai pas encore eu le plaisir de rencontrer) décident de marier 2 cultures. En sortant, j’ai voulu payer ce qui me semble élémentaire, non seulement cela m’a été refusé mais en plus, j’ai reçu un cadeau que je n’ai pas encore déballé, ce sera pour le retour. Que dire à part MERCI? En majuscules... Inutile de préciser que ce lieu fera désormais partie de mes incontournables parce qu’il y a encore tellement à en dire…Prise par l'émotion, j'ai du mal à retranscrire l'indicible.  En sortant de là, j’ai flâné le long de la Seine toute proche. L’île Saint-Louis abrite un nouvel écrin, j’ai hâte d’y revenir…