Entre autres, faire les courses alors que le
ciel est menaçant et que le congélateur est plein.
Ce matin, j’ai la
solution : m’asseoir, bien à l’abri dans mon cocon et réfléchir à ce
qu’indispensable, terme ô combien ambigu, signifie pour moi… La réponse est
toute trouvée, le voilà mon indispensable !
Thé est son nom de
famille, Yamato Kabuse Sencha grifféThéÔdor
est un de ses multiples prénoms. Tandis que je le savoure avec lenteur
et gourmandise, j’anticipe déjà le bonheur de relire pour la énième fois ce
concentré de sagesse en admirant ces 4 caractères calligraphiés par Soshitsu sen
lui-même. Rien que les regarder me détend, que dire alors de leur
signification : Harmonie, Respect, Pureté, Tranquillité.
Après une deuxième infusion de ce nectar, je me plonge dans mon deuxième
indispensable, la lecture. "Le simple geste de servir le thé et
de l’accepter avec reconnaissance constitue le fondement d’une manière de vivre
appelée chadô, la Voie du Thé". Même physiquement seule, je ne le suis
jamais en pensée, nom et visages de ma famille du thé sont présents. Si ce
livre est axé sur le Chanoyu, les enseignements peuvent s’appliquer à ces
moments ritualisés dans la préparation de n’importe quel thé. "Avec
un bol de thé la paix peut vraiment régner. En prenant un bol de thé, un
sentiment de paisible plénitude peut être partagé et poser les fondements d’une
manière de vivre". C’est un de mes plus anciens livres sur le thé, je
suis très touchée aujourd’hui par les enseignements contenus dans ce livre, et
pourtant quand je l’ai reçu, à la fin du siècle passé, je l’avais lu en diagonale.
J’avais vécu une pénible expérience avec le chanoyu et le thé japonais que je
n’avais jamais bu auparavant et j’étais alors persuadée que je n’y toucherais
plus jamais. http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2008/05/mon-premier-cha-no-yu.html
Et d’ailleurs si ce n’était pas un cadeau de ma chère Chantal, je l’aurais
rangé dans ma bibliothèque dans l’étagère « à lire un jour »… Encore
un indispensable pour moi, l’Amitié indéfectible… Et pourtant… Un
moine demanda un jour à son maître : "Peu m’importe ce que la Voie
me réserve, quelle est-elle ? » Le maître répondit aussitôt :
"La Voie est ta vie quotidienne". Cette conception se trouve au centre
même de la Voie du thé ; ses principes concernent l’existence tout
entière, et non pas simplement le rôle joué dans la salle de thé".
Le livre raconte la lente, rigoureuse et exigeante initiation donnée par son
père à Soshitsu Sen, Grand Maître de la 15e génération de l’école de
thé Urasenke. Il nous livre également ses pensées qui sont autant de sources de
réflexion pour moi-même si je ne pratiquerai jamais le chanoyu. "Au
centre d’une vie fondée sur l’harmonie, le respect, la pureté et la sérénité,
se trouve cette paix intérieure qui résulte de l’acceptation de ses limites, et
de la satisfaction que l’on découvre dans l’incomplétude. Avec cette paix,
l’insatisfaction et l’angoisse disparaissent, remplacés par la maîtrise de soi
et la sérénité". Si je n’y suis pas encore arrivée « à temps
plein », mais depuis que le thé est entré dans ma vie, elle a changé. Il
termine son livre par une dernière réflexion : "La Voie n’est jamais
exclusive. Elle est ouverte à tous ceux qui veulent la suivre, mais ceux qui
s’y engagent ont absolument besoin de ceux qui les ont précédés". C’est
ce qu’il fait en citant son père : "Je tiens dans mes mains un bol de
thé ; je vois la totalité de la nature représentée dans sa couleur verte.
En fermant les yeux, je découvre les montagnes et l’eau pure au fond de mon
propre cœur. Assis tout seul à boire du thé dans le silence, je sens qu’elles
deviennent une part de moi-même. Quoi de plus merveilleux pour celui qui, comme
moi, suit la Voie du Thé ?". Et voilà mon troisième
indispensable, la Nature qui ne cesse de m’éblouir, qui me procure chaque jour
des émotions fortes, comme le thé, son cérémonial et ce qu’il m’a apporté dans
la connaissance de moi-même.
Une petite pause après avoir reçu
les photos d’un petit Dragon d’eau, le plus beau bébé du monde évidemment. Son
grand-père, Dragon lui aussi en a été très ému et m’a demandé de les voir plusieurs
fois. J’ai donc choisi une infusion en rapport avec l’événement. Je
m’appelle Théodore qui évoque l’enfance et les grands-mères.
Dehors, la journée a été assez chaotique mais j’ai profité d’une belle
éclaircie pour profiter du jardin.
Le vent soufflait encore assez fort et
les nuages blancs se déplaçaient à son rythme. Cela me rappelle à chaque fois
que, petite, j’aimais déjà être au jardin par ce temps et en regardant toutes
ces formes changeantes dans le ciel, j’y voyais autant d’animaux et de
personnages. Retour dans mon cocon pour terminer cette journée de
méditation.
Avec le Houjicha de
Tamayura
qui embaume le salon avant d’émerveiller mon palais. Je relis aussi certains
passages de Le Pavillon de Thé, Architecture et Céramique, édité par le
Musée de Mariemont. Je m’arrête surtout sur les photos des chawan… Il faut que
je me renseigne pour savoir où en est le mien.
Je sais à qui je vais
téléphoner pour cela (= message codé…). Ta jolie photo va bien avec l’atmosphère
sereine de cette belle journée. Je vais terminer par cette jolie phrase en
hommage au travail des artistes, une longue patience : "Aussi
bien derrière un simple bol que derrière une toile de maître se cachent une
volonté créatrices, des choix multiples, une somme d’exercices, d’approches
hasardeuses, de ratés, de reprises ou de soudaines certitudes".
Daniel de Montmollin in Le jardin du
potier, p.32.
Ce proverbe illustre un autre de mes indispensables, ainsi que ma passion de la transmission
2 commentaires:
petit coucou... j'attend ton coup de fil :-) je me renseigne. Pour la photo: récolte du jardin. Il faudra quelques éclaircies pour préparer se beau jardin pour l'hiver. Félicitation pour le" petit dragon ".
bizouille et bon thé.
Je dirais bien que je ne réponds jamais aux anonymes, mais futée comme je suis, j'en ai percé le mystère! Je t'appelle tantôt, biz et bons thés. Pour moi, ce sera un Temi...
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