... Commence forcément
par une mise en condition comme pour anticiper les émotions fortes de cette
après-midi.
Après le rituel-santé, j’en prépare un autre.
Je vais
infuser le Bu Lao Dan, l’Elixir de
jeunesse éternelle dont j’ai déjà parlé ici http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2013/06/un-long-week-end-comme-je-les-aime.html
et là : http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2013/06/a-propos-dun-pomelo-et-dun-elixir-de.html
Le parfum d’agrumes est déjà très présent ici.
Et se retrouve dans
cette première infusion en harmonie avec le Bu Lao Dan.
Mais aussi en plus prononcé dans les feuilles.
Les passages se suivent,
les
saveurs restent tout aussi fraîches et subtiles.
Il est temps de m’apprêter
pour rejoindre la capitale, je verse une dernière fois de l’eau sur cet élixir,
en rentrant ce soir, je verrai ce qu’il va donner. Je recopie ici le poème
dédié à cet éloge du thé à l’écorce de pomélo :
Épaisse écorce de
nacre et d’or
Goût doucement
teinté d’amertume
Visage végétal
empreint de changements
Et d’une force
vitale infinie
Force motrice des
éléments de la vie
D’avec un thé, pur
fruit de la nature, quelles circonstances
Mèneront à leur
rencontre fortuite
Ah, justement, je
l’espère
Séché au soleil par
une belle journée
Étuvé, pressé, cent
jours durant
De bons soins,
prodigués sans rechigner
Une technique
complexe lui serre la ceinture
Pétale à peine
éclos, et cueilli par le vent
Obscur et simple, un visage timide
Gratitude au
souvenir de la sagesse ancestrale
Sans rancœur, sans
regrets, amalgame de sueurs
Mains épaissies,
couvertes de cals, travaillent
Inlassables dans la
nuit profonde
Écorce noire comme
une nuit délaissée par les astres
Tel le nouveau-né
innocent et craintif, joues empourprées
Technique presque
disparue, préservée
Grâce à votre
persévérance, au cœur qui veille
Me voilà
maintenant dans ce lieu magique où Source de Lumière nous invite à découvrir 4
thés rouges.
Tout est prêt.
Le premier thé, le Ji Pin Dian Hong est un Thé
rouge du Yunnan,
grade exceptionnel.
Mais avant les émotions
gustatives, Nuage Blanc nous offre ce beau chant intitulé Chanson de la Voie du Thé, émotion esthétique à l’écoute de sa voix
chaude et douce.
Pendant que Jing infuse ces superbes feuilles, je me
rappelle des moments forts quand j’ai découvert ce thé exceptionnel (http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2013/06/deuxieme-week-end-de-juin-le-bonheur.html
)
Chacun échange ses impressions, l’ambiance est joyeuse.
Jing nous
apporte quelques précisions notamment sur la localisation des théiers, tout à côté du lac Erhi.
Belle couleur ambrée de la liqueur.
Dans la tasse, saveurs subtiles et très douces où dominent des notes de
compote de fruits (abricots ?).
et toujours cette concentration
pour aller à la rencontre de l’excellence.
Belle longueur en bouche même
si cette énième infusion est plus pâle, les saveurs un peu effacées et une
légère amertume. Jing nous apprend que les thés rouges en général sont reconnus
pour calmer l’estomac.
En humant la tasse à sentir, on peut bien sûr
essayer de détecter les arômes
mais ce qui se passe ici est d’un tout
autre ordre, un retour sur soi-même et en même temps pleinement dans le monde.
Après le goût,
la vue et l’odorat, les sens en éveil.
Les belles
n’ont pas encore tout donné, mais en observant la qualité des feuilles on
comprend qu’elles font partie de l’exceptionnel.
Le 2e thé est un thé rouge de
Taiwan.
Il est cultivé depuis 100 ans autour du lac du Soleil et de la
Pluie.
Jing nous raconte l’histoire de ce thé, les Taiwanais ont commencé
à le cultiver à partir de théiers d’Assam pour répondre à la demande des
Japonais. Encore une nouvelle information pour moi, j’ignorais cela.
Par
contre je me remémore ces moments magiques passés là-bas avec ma chère
belle-fille et ses parents,
il faisait gris ce jour-là pendant la
traversée, ajoutant encore à l’impression de mystère qui émanait de ces lieux.
Il est temps de revenir ici pour admirer la belle couleur orangée de la
liqueur. Par contre, dès la première gorgée, il se passe quelque chose de tout
à fait inédit et pas agréable, j’ai eu un mouvement de recul, ce thé avait un
goût métallique. Autant le premier m’avait transportée par sa douceur qui
m’avait procuré cet apaisement et cette sérénité qui je ressens chaque fois que
je pénètre dans ce lieu magique, autant je me suis sentie agressée par celui-ci
et sans comprendre pourquoi. Il m’arrive de moins apprécier certains thés voire
de ne pas les aimer mais je peux mettre des mots sur mon ressenti, ici pas du
tout, pourquoi ? Je décline les autres infusions, comme un peu
déstabilisée.
Par contre les feuilles sont magnifiques avec un parfum très
prononcé.
Il y a feuille et feuille…
Jing avec un air malicieux nous
présente le 3e thé.
La calligraphie est belle mais ne nous dit
rien et nous n’en saurons pas plus.
Que nous réserve ce thé
mystérieux ?
Ah, si on pouvait lire dans les pensées de nos deux
hôtesses…
Qui d’entre nous
va
percer le mystère ?
La première infusion m’a emballée, le bout de ma
langue picote et j’ai l’impression d’être envahie par une force qui me
transporte.
Je n’ai pas pensé à mettre un nom sur ce breuvage.
Je crois percevoir des notes qu’on pourrait
attribuer à un Pu Er sauf que cela n’en est pas un. Et toujours cette
merveilleuse sensation d’énergie, C’est Nuage blanc qui lui donne une
explication, c’est le Cha Qi, l’énergie du thé. Saveurs variées allant du
safran au riz gluant en passant par un arrière-goût de vanille.
Nous
donnons notre langue au chat (au propre, c’est le signe astrologique de Jing…)
Il s’agit d’un thé rouge du Yunnan de 35
ans d’âge ! Jing nous propose de faire une pause avant le dernier thé.
Last but not least, cette boîte d’un kitsch absolu renferme un trésor,
comme pour nous rappeler qu’il ne faut pas se fier aux apparences.
Je connais
cet air réjoui et malicieux de Jing, elle nous réserve une belle surprise.
Ce sera le fameux Jin Jun Mei, le beau sourcil
doré, le tribut moderne pour les dirigeants actuels. J’ai eu la grande
chance de l’avoir déjà découverts en janvier dernier (http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2013/01/les-jours-defilent-le-reseau-se-defile_19.html
, Mais aussi dernièrement chez Li
Hua à Nancy (http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2013/06/un-14-juin-memorable.html
)encore des souvenirs forts. Fabienne et
moi avons goûté 3 Jin Jun Mei et j’en ai reçu que je gardais précieusement pour
l’automne. Jing nous demande maintenant de faire silence pour aborder ce thé
d’exception.
Magnifiques bourgeons
au parfum très spécial de … tabac.
Préparation minutieuse,
première infusion.
Silence quasi religieux
pour
découvrir ce nectar
Saveurs complexes.
En observant
mes
compagnons de thé
je peux dire que l’extase du thé
n’est pas très
loin.
Les passages se suivent.
les sensations olfactives aussi.
Et toujours ces mêmes gestes.
Pour moi, c’est le thé de l’instant :
je touche à l’âme du thé, c’est très fort mais fugace. Jing parle de la
sensation de vacuité.
Et je retrouve aussi le Qi du thé, même si au fils
des passages la saveur est plus atténuée.
Ces belles ont été récoltées au
printemps 2012, sans doute aux alentours de Qingming.
Ici aussi, il y a feuille et feuille
Un dernier regard à ces belles qui nous ont comblés et il est
temps de regagner ma province. Merci à Jing et Nuage blanc pour ces
moments hors du temps passes dans ce lieu don’t il émane une ambiance si particulière
qui illustre si bien que Thé et Zen sont un. Et merci aussi à
mes compagnons de thé d’aujourd’hui pour ces partages si enrichissants.
Et
en rentrant, je découvre ce qu’a donné l’Élixir de jeunesse éternelle à l’écorce de pomélo. prolongement du bonheur de cet
après-midi, émotions gustatives intenses.
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