dimanche 15 septembre 2013

Une après-midi chez Source de Lumière…

... Commence forcément par une mise en condition comme pour anticiper les émotions fortes de cette après-midi. 
Après le rituel-santé, j’en prépare un autre. 
Le parfum d’agrumes est déjà très présent ici. 
Et se retrouve dans cette première infusion en harmonie avec le Bu Lao Dan. 
Mais aussi en plus prononcé dans les feuilles. 
Les passages se suivent, 
les saveurs restent tout aussi fraîches et subtiles. 
Il est temps de m’apprêter pour rejoindre la capitale, je verse une dernière fois de l’eau sur cet élixir, en rentrant ce soir, je verrai ce qu’il va donner. Je recopie ici le poème dédié à cet éloge du thé à l’écorce de pomélo :
Épaisse écorce de nacre et d’or
Goût doucement teinté d’amertume
Visage végétal empreint de changements
Et d’une force vitale infinie
Force motrice des éléments de la vie
D’avec un thé, pur fruit de la nature, quelles circonstances
Mèneront à leur rencontre fortuite 
Ah, justement, je l’espère
Séché au soleil par une belle journée
Étuvé, pressé, cent jours durant
De bons soins, prodigués sans rechigner
Une technique complexe lui serre la ceinture
Pétale à peine éclos, et cueilli par le vent
 Obscur et simple, un visage timide
Gratitude au souvenir de la sagesse ancestrale
Sans rancœur, sans regrets, amalgame de sueurs
Mains épaissies, couvertes de cals, travaillent
Inlassables dans la nuit profonde
Écorce noire comme une nuit délaissée par les astres
Tel le nouveau-né innocent et craintif, joues empourprées
Technique presque disparue, préservée
Grâce à votre persévérance, au cœur qui veille
Me voilà maintenant dans ce lieu magique où Source de Lumière nous invite à découvrir 4 thés rouges. 
Tout est prêt. 
 Le premier thé, le Ji Pin Dian Hong est un Thé rouge du Yunnan, 
grade exceptionnel. 
Mais avant les émotions gustatives, Nuage Blanc nous offre ce beau chant intitulé Chanson de la Voie du Thé, émotion esthétique à l’écoute de sa voix chaude et douce. 
Pendant que Jing infuse ces superbes feuilles, je me rappelle des moments forts quand j’ai découvert ce thé exceptionnel (http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2013/06/deuxieme-week-end-de-juin-le-bonheur.html
Chacun échange ses impressions, l’ambiance est joyeuse. 
Jing nous apporte quelques précisions notamment sur la localisation des théiers, tout à côté du lac Erhi. 
Belle couleur ambrée de la liqueur. 
Dans la tasse, saveurs subtiles et très douces où dominent des notes de compote de fruits (abricots ?). 
et toujours cette concentration 
pour aller à la rencontre de l’excellence. 
Belle longueur en bouche même si cette énième infusion est plus pâle, les saveurs un peu effacées et une légère amertume. Jing nous apprend que les thés rouges en général sont reconnus pour calmer l’estomac. 
En humant la tasse à sentir, on peut bien sûr essayer de détecter les arômes 
mais ce qui se passe ici est d’un tout autre ordre, un retour sur soi-même et en même temps pleinement dans le monde. 
Après le goût, 
la vue et l’odorat, les sens en éveil. 
Les belles n’ont pas encore tout donné, mais en observant la qualité des feuilles on comprend qu’elles font partie de l’exceptionnel. 
Le 2e thé est un thé rouge de Taiwan. 
Il est cultivé depuis 100 ans autour du lac du Soleil et de la Pluie. 
Jing nous raconte l’histoire de ce thé, les Taiwanais ont commencé à le cultiver à partir de théiers d’Assam pour répondre à la demande des Japonais. Encore une nouvelle information pour moi, j’ignorais cela. 
Par contre je me remémore ces moments magiques passés là-bas avec ma chère belle-fille et ses parents, 
il faisait gris ce jour-là pendant la traversée, ajoutant encore à l’impression de mystère qui émanait de ces lieux. 
Il est temps de revenir ici pour admirer la belle couleur orangée de la liqueur. Par contre, dès la première gorgée, il se passe quelque chose de tout à fait inédit et pas agréable, j’ai eu un mouvement de recul, ce thé avait un goût métallique. Autant le premier m’avait transportée par sa douceur qui m’avait procuré cet apaisement et cette sérénité qui je ressens chaque fois que je pénètre dans ce lieu magique, autant je me suis sentie agressée par celui-ci et sans comprendre pourquoi. Il m’arrive de moins apprécier certains thés voire de ne pas les aimer mais je peux mettre des mots sur mon ressenti, ici pas du tout, pourquoi ? Je décline les autres infusions, comme un peu déstabilisée. 
Par contre les feuilles sont magnifiques avec un parfum très prononcé. 
Il y a feuille et feuille… 
Jing avec un air malicieux nous présente le 3e thé. 
La calligraphie est belle mais ne nous dit rien et nous n’en saurons pas plus. 
Que nous réserve ce thé mystérieux ? 
Ah, si on pouvait lire dans les pensées de nos deux hôtesses…  
Qui d’entre nous 
va percer le mystère ? 
La première infusion m’a emballée, le bout de ma langue picote et j’ai l’impression d’être envahie par une force qui me transporte. 
Je n’ai pas pensé à mettre un nom sur ce breuvage. 
Je crois percevoir des notes qu’on pourrait attribuer à un Pu Er sauf que cela n’en est pas un. Et toujours cette merveilleuse sensation d’énergie, C’est Nuage blanc qui lui donne une explication, c’est le Cha Qi, l’énergie du thé. Saveurs variées allant du safran au riz gluant en passant par un arrière-goût de vanille. 
Nous donnons notre langue au chat (au propre, c’est le signe astrologique de Jing…) Il s’agit d’un thé rouge du Yunnan de 35 ans d’âge ! Jing nous propose de faire une pause avant le dernier thé. 
Last but not least, cette boîte d’un kitsch absolu renferme un trésor, comme pour nous rappeler qu’il ne faut pas se fier aux apparences. 
Je connais cet air réjoui et malicieux de Jing, elle nous réserve une belle surprise. 
Ce sera le fameux Jin Jun Mei, le beau sourcil doré, le tribut moderne pour les dirigeants actuels. J’ai eu la grande chance de l’avoir déjà découverts en janvier dernier (http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2013/01/les-jours-defilent-le-reseau-se-defile_19.html ,  Mais aussi dernièrement chez Li Hua à Nancy (http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2013/06/un-14-juin-memorable.html )encore des souvenirs forts.  Fabienne et moi avons goûté 3 Jin Jun Mei et j’en ai reçu que je gardais précieusement pour l’automne. Jing nous demande maintenant de faire silence pour aborder ce thé d’exception. 
Magnifiques bourgeons 
au parfum très spécial de … tabac. 
Préparation minutieuse, 
première infusion. 
Silence quasi religieux 
pour découvrir ce nectar 
Saveurs complexes. 
En observant 
mes compagnons de thé 
je peux dire que l’extase du thé 
n’est pas très loin. 
Les passages se suivent. 
les sensations olfactives aussi. 
Et toujours ces mêmes gestes. 
Pour moi, c’est le thé de l’instant : 
je touche à l’âme du thé, c’est très fort mais fugace. Jing parle de la sensation de vacuité. 
Et je retrouve aussi le Qi du thé, même si au fils des passages la saveur est plus atténuée. 
Ces belles ont été récoltées au printemps 2012, sans doute aux alentours de Qingming. 
Ici aussi, il y a feuille et feuille
Un dernier regard à ces belles qui nous ont comblés et il est temps de regagner ma province. Merci à Jing et Nuage blanc pour ces moments hors du temps passes dans ce lieu don’t il émane une ambiance si particulière qui illustre si bien que Thé et Zen sont un. Et merci aussi à mes compagnons de thé d’aujourd’hui pour ces partages si enrichissants. 
Et en rentrant, je découvre ce qu’a donné l’Élixir de jeunesse éternelle à l’écorce de pomélo. prolongement du bonheur de cet après-midi, émotions gustatives intenses. 

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