Après
une nuit quasi blanche mais très vivifiante - le vent a soufflé en tempête – je
sais qu’il n’y a pas que le soleil qui ravive mes neurones, Éole aussi…
je
continue à célébrer cette année lunaire toute neuve.
Côte à côte, les deux
théières qui contiennent deux fabuleux
Da Hong Pao.
Je ne sais pas jusqu’où
elles vont aller pour enflammer mes papilles
mais le vent qui continue à
souffler pourrait peut-être m’emmener dans les montagnes de Wu yi…
La
théière plus foncée a été le réceptacle du "Da Hong Pao de monastère" tandis que
la plus claire et la plus fine a magnifié celui travaillé à l’ancienne et avec un savoir-faire très pointu, j’en
reparlerai.
Ce n’est pas l’épée de Damoclès qui est suspendue au-dessus du
Singe, mais bien Kwan Yin la protectrice. Cadeau reçu hier au Dragon royal.
Je ne compte plus le nombre de
bains que les belles ont pris mais elles n’ont pas encore tout donné…
Le ciel
gris sombre a fait place au bleu-soleil et à la lumière,
et toujours autant
d’émotions dans les tasses qui se succèdent comme si cela n’avait jamais de
fin. Ce qui me frappe comme une évidence en buvant alternativement ces deux thés qui portent le même nom, mais tellement différents: le thé cultivé et traité par les moines est d'une certaine façon moins soigné, l'important est le rôle qu'il a dans la vie des moines, un support à leurs longues méditations, tandis que l'autre atteint la perfection à tous les stades de la fabrication. Un thé d'excellence.
Et pourtant… Quand Xavier a demandé hier à Anne-Marie, combien de
fois on pouvait infuser les feuilles, il a été étonné de sa réponse, "une
quinzaine". Ce fut au moins cinq de plus mais cette fois, elles ont tout
donné et vont bientôt entamer leur nouvelle vie. Comme une intense
rétrolfaction, je vous emmène à présent revivre l’histoire de ces Da Hong Pao
qu’Anne-Marie a ramenés de son fabuleux voyage dans ces montagnes mythiques du
Fujian. C’est là qu’elle m’a emmenée après le festin au Dragon royal.
Les
grandes feuilles torsadées d’un camaïeu de bruns dégagent des notes de pain
grillé légèrement épicé.
Ces feuilles cueillies à la main proviennent du
jardin d’un temple, un des seuls à ne pas avoir été détruit pendant la
révolution culturelle.
A thé exceptionnel, théière symbolique posée sur ma
première mer à thé,
l'occasion pour nous de parler d’un homme que nous
apprécions toutes les deux pour sa simplicité, sa modestie malgré ses
connaissances pointues des Feuilles, Vivien de Thés de Chine.
Avant même d’y porter les lèvres, un parfum
entêtant de pain grillé chatouille mes narines, la torréfaction doit être
importante.
Anne-Marie a les yeux dans ces montagnes tandis que Xavier goûte
la liqueur sans commentaire d’abord. Quant à moi, ce que je sens d’abord c’est
la force contenue dans la tasse.
Après un seul passage…
Deuxième
infusion, toujours ces arômes puissants avec des notes de moka.
Notre
Anne-Marie instruit Xavier sur le rôle qu’a joué le thé dans les temples :
aider les moines à ne pas s’endormir pendant les longues heures de méditation
tout en n’étant pas excités comme ils le seraient avec le café.
Les
infusions se suivent, j’admire les gestes lents et harmonieux de ma "sœur
de thé", merci pour ce titre ô ma chère sœur, et pour ce cadeau fabuleux.
Même
après de nombreux passages la liqueur d’une belle couleur acajou reste
brillante et évolue vers des notes de fruits cuits d’abord et boisées ensuite.
Xavier n’accroche pas, "trop fumé", chacun ses goûts mais
Anne-Marie s’empresse de lui signaler qu’il y a "pire", un certain
Kyo-Bancha…
Indifférente à ces commentaires qui ne me concernent pas, je regarde ce petit singe en
pensant à un petit Dragon d’eau, mais pas que lui... Ce thé cueilli et torréfié par
les moins, aux saveurs intenses, un peu brutes très long en bouche est loin d’avoir
tout donné
mais Anne-Marie nous emmène chez la famille Huang, 13e
génération dont les membres traitent encore ce Da Hong Pao de manière
artisanale et traditionnelle.
Les feuilles sont évidemment sélectionnées
et cueillies à la main.
Pour les magnifier, j’ai choisi cette superbe
théière, Désirée, adoptée avec ses deux sœurs
Grande Anse et Melle Li le 11 janvier 2009, ici : http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2009/01/une-adoption-en-douceur.html
et là : http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2009/01/et-voici-la-troisme.html
Toujours ces gestes lents propices
à la méditation.
Infusées, les
feuilles apparaissent plus vertes, elles sont certainement moins torréfiées.
Effectivement les arômes sont plus subtils.
Xavier cette fois apprécie ce
nectar. J’ai une pensée émue et admirative pour le travail d’orfèvre de cette
famille qui, loin des médiocres intérêts lucratifs, continue ce travail d’artisans
dans le respect des traditions et l’amour des feuilles…
Après cette énième
infusion, Xavier nous quitte mais la journée est loin d’être terminée.
Impressionnant
le parfum qui "colle" à la tasse vide.
Nos échanges continuent,
plus intimes cette fois entre autres sur ce qu’est cette boisson mythique pour
nous, moments intenses et dans la pénombre naissante comme pour donner plus de
poids à nos propos.
Il est exactement 18 heures ici, 24 heures à Taipei, c’est
le début de l’année du Singe de Feu, fêté dans la liesse là-bas avec sans doute
un peu plus de réserve à cause du drame vécu dans le sud de la Belle Île…
C’est en silence que nous partageons
les tasses suivantes. Pas de mots assez forts pour décrire l'indicible...
Beaucoup d’émotions,
et pas que gustatives pendant ces moments rares et si intenses.
Notre joie
explose à présent, faite de sourires et de projets, théinés entre autres.
Que cette année du Singe de Feu soit lumineuse à l’image de cette belle flamme.
Et on en revient au travail de cette famille, reconnu par l’Unesco comme
le seul producteur encore artisanal de la région, comme la première maison
authentique.
La belle Désirée si élégante est parfaite pour ce thé d’exception.
Anne-Marie a continué à remplir les 3 tasses, celle du milieu est celle réservé
à l’Absent, comme pour signifier que le thé est partage même avec ceux qui ne
sont pas là mais très présent dans notre cœur…
Du fond du cœur, MERCI ma chère Anne-Marie, ô ma sœur de thé,
pour ce premier jour de l’année du Singe qui fut au-delà des mots, mais très
dans l’Esprit du thé. Je te suis très reconnaissante de m’avoir emmenée au cœur
de l’Âme du Thé. Et merci pour ces jacinthes, une de mes fleurs d’hiver
préférées, emballées de rouge pour le symbole de ce jour de fête mais bleues, je te reconnais bien là.
Je suis
ravie de quitter l’année de la Chèvre, elle ne restera pas dans les annales,
par contre, je crois très fort dans celle-ci, des évènements très importants
sont au programme. Et si tous les jours ne seront pas toujours faciles,
celui-ci m’aidera à les surmonter. Vive la Vie !
Faire connaissance
-
Lorsque l’on observe la feuille sèche, on apprend quelque chose du thé : sa
teneur en bourgeons, la taille et la couleur de la feuille, son degré
d’oxydati...
Il y a 1 semaine
2 commentaires:
Ce Da Hong Pao ou grande robe rouge, j'y pense ....j'en ai encore ...eh bien c'est en pensant à toi que je vais en déguster dans une jolie théière que j'avais acheté en Chine , plein de bises théinées
@ Fab.: que voilà une idée qu'elle est bonne! Et les Feuilles infusées dans une théière choisie par toi là-bas ont certainement provoqué chez toi des émotions gustatives potentialisées par de fabuleux souvenirs... Bonne fin de journée, biz
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