J'aime
les contrastes mais je me serai bien passée de celui-là :
samedi matin, tout avait bien commencé : un Matcha
d'abord puis direction la cuisine pour préparer de quoi recevoir
dignement mon hôte, pas grand chose, il ne vient que pour goûter.
Puis tout à coup, une explosion dans mon crâne et la violence d'une
migraine dont j'avais même oublié l'existence. Je me suis
précipitée sur mon PC pour décommander cette visite que
j'attendais depuis si longtemps et me suis couchée dans la pénombre
de ma chambre, tellement déçue alors que je n'ai que de bonnes
nouvelles en ce mois à l'agenda très rempli. Vers 15 heures, mon
GSM sonne, c'était Jean-Claude, devant la grille fermée... Il
n'avait pas lu son courriel, Xavier était absent sinon il aurait pu
l'accueillir, j'ai voulu me lever mais impossible de faire un pas...
J'aurais pu l'appeler mais comme je déteste le téléphone, je
n'avais pas son numéro. Cher Jean-Claude, je te promets que la
prochaine fois je te ferai oublier cela !
Ce matin, un beau
ciel bleu-soleil décoré de nuages blancs annonce une belle et douce
journée. Après un petit-déjeuner avec mon mari, je rejoins mon
salon bleu-thé pour continuer la lecture d'un livre merveilleux qui
me fait voyager. En préparant mon divin breuvage, un Sencha
Uraka, je repense à cette si jolie phrase : "La
lecture nous offre un endroit où aller lorsque nous devons rester où
nous sommes"...
En savourant ce nectar de là-bas,
je médite sur cette belle phrase, si vraie, dont je ne connais
malheureusement pas l'auteur...
Je me plonge alors dans cet
ouvrage, comme un hymne à la Nature, une grandiose histoire des
jardins japonais. Couverture cartonnée, papier glacé que je caresse
avec une certaine jouissance, et l'odeur de l'encre d'imprimerie
achève de me combler. Ah, le jardins japonais, ma passion ne date
pas d'hier ! Une de mes activités préférées chez les guides
était la réalisation d'un jardin japonais dans une boîte à
chaussures, souvenir, souvenir... Tellement impatiente de découvrir
ces trésors de la Nature, j'ai failli passer l'Avant-propos mais
j'ai vu un nom très connu à la première ligne, je m'y suis donc
attardée : "Comme l'indique le grand Maître de
thé Sen no Rikiyu au 16e siècle, il est bien naturel d'apprécier
la beauté des fleurs en leur saison, mais découvrir celles des
jeunes pousses sous la neige, voilà qui exige une sensibilité plus
fine". Contemplation plus que connaissance... Et cet
avant-propos se termine par l'extrait d'une lettre envoyée par Van
Gogh à son frère Théo à la même époque : "Si
on étudie l'art japonais, alors un voit un homme, incontestablement
sage et philosophe et intelligent qui passe son temps à quoi ?
À étudier la distance de la terre à la lune ? Non, à étudier
la politique de Bismarck ? Non, il étudie un seul brin
d'herbe.Mais ce brin d'herbe lui porte à dessiner toutes les
plantes, ensuite les saisons, les grands aspects des paysages (...)
Il passe ainsi sa vie et la vie est trop courte à faire le tout.
Voyons, cela n'est pas presque une religion ce que nous enseigne ces
Japonais si simples et qui vivent dans la nature comme si eux-mêmes
étaient des fleurs.Et on ne saurait étudier l'art japonais, il me
semble, sans devenir beaucoup plus gai et plus heureux, et il nous
faut revenir à la nature malgré notre éducation et notre travail
dans un monde de convention".Cet être tourmenté
qu'était Vincent a tout compris... Ce livre, merveilleusement
illustré, parcourt en 7 chapitres, l'histoire des ces jardins de la
préhistoire à nos jours. Le chapitre Ier a pour titre Il y a
bien longtemps... La préhistoire à l'aube de la sédentarité
comporte 6 pages dont 3 de superbes photos. Avec une belle citation
de Shigemori Mirei (1896-1975): "Si les dieux ont créé
la nature, alors ils ont oublié de créer le jardin. C'est donc à
nous les hommes de prendre leur place et de les concevoir".
Il ne reste pas de trace de cette époque, mais bien un
jardin créé par Shigemori Mirei, un paysagiste. Ce lieu si
paisible est appelé Iwakura, l'endroit que les dieux visitent.
L e 2ème chapitre s'intitule Une promenade en barque...
Époque de Nara (710-794) et de Heian (794-1185).
Ici non
plus aucune trace de ces époques, par contre, bien un livre majeur
de la littérature japonaise Le Dit du Genji, une pure
merveille que j'ai déjà lu deux fois, mais je sens que la troisième
ne tardera pas. Et des souvenirs, déjà anciens mais toujours très
forts, me reviennent
http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2009/12/hommage-maitre-itaro-yamaguchi.html
, mais aussi celui de cette exposition au Musée Guimet, c'est une
des plus fortes émotions esthétiques ressenties alors, j'y ai
passé des heures j'y suis retournée deux fois. La seule chose que
je regretterai toujours est de ne pas avoir acheté le magnifique
coffret, j'étais déjà hyper chargée par "quelques
livres", mais comme son prix était assez élevé, je me suis dit
que je l'achèterais lors de mon prochain voyage, 2 mois plus tard...
Malheureusement, il n'y en avait plus. Ce chapitre aborde l'influence
chinoise sur l'élaboration des jardins. De jolies légendes aussi
comme celle de la tortue et celle de la Grue sont sources
d'inspiration pour l'aménagement de certains jardins. Je m'apprêtais
à relire le chapitre suivant quand ma copine Marianne m'a téléphoné,
elle souhaitait me parler, comme elle vit un deuil très douloureux
vu les circonstances, j'ai accepté même si je suis bien impuissante
à l'aider : son mari est décédé il y a 4 mois dans un
accident de moto, malheureux mais tragiquement banal. Sauf que
c'était sa dernière sortie après 44 ans de cette vie trépidante,
il prenait sa retraite le 1er août, il avait revendu cet engin de
mort pour aller s'installer dans le sud de la France où ils avaient
une seconde résidence... Il n'avait jamais eu aucun accident avec
cet engin et il était tout excité à l'idée de vivre une dernière
fois ces sensations. Ceci explique-t-il cela ? Cette question
qui ne trouvera jamais de réponse la hante et aucune parole ne
pourra sans doute lui faire oublier cette dernière fois... Il
l'avait serrée dans ses bras plus fort qu'à l'habitude, lui disant
que c'est la dernière fois qu'elle aura à s'en faire, ce sont ces
dernière paroles... Seule une présence amicale et sincère peut
peut-être l'aider, mais je n'en suis pas sûre. Je n'ai pas eu la
tête à reprendre cette lecture qui m'apporte tellement de joie et
de sérénité, j'y reviendrai plus tard. Ce soir au journal télévisé
de la RTBF, un reportage était consacré au Darjeeling, à la
situation catastrophique là-bas qui met en péril les récoltes
d'été. Et peut-être l'avenir des plantations... J'ai le plaisir de
voir ma chère Carine qui expliquait en termes clairs et posés tout
en nuance, à son image, ce qu'elle avait déjà pu percevoir lors de
son récent voyage. Déplorable situation, l'exploitation de l'homme
(et ici de la femme) par l'homme n'a jamais rien produit de bon... La
folie des hommes est aujourd'hui "célébrée" à
Hiroshima, il y a 72 ans, l'île "recevait" une bombe, atomique
celle-là. Au moment où je voulais achever ce billet, mon téléphone
retentit, c'était ma petite-fille Sarah, revenue définitivement de
New York, un peu beaucoup de bonheur pour terminer ce week-end
inattendu, du noir au grand bleu-soleil
Faire connaissance
-
Lorsque l’on observe la feuille sèche, on apprend quelque chose du thé : sa
teneur en bourgeons, la taille et la couleur de la feuille, son degré
d’oxydati...
Il y a 1 semaine
2 commentaires:
Chère Francine,
La lecture de ton billet me fait penser au fil rouge de la légende japonaise.
Dans cette vision, le thé serait pour nous ce fil rouge qui ne se rompt jamais et unit les êtres et les choses à travers le monde et le temps.
Bisous théinés au Yunnan
Carine
@ Carine: MERCI pour ces mots toujours très ... toi, ils m'ont touchée! J'ai relu cette légende que je connaissais déjà sauf que je la croyais chinoise... C'est ce que le texte disait à l'époque, mais peu importe.
Hier soir, j'ai regardé un documentaire sur Hiroshima, j'étais pétrifiée d'horreur et bouleversée par les témoignages des survivants... La guerre est vraiment l'absence d'humanité mais anéantir des civils en toute connaissance, cela dépasse l'abject absolu, d'autant qu'ç l'époque le Japon avait déjà perdu la guerre...
J'ai appris que la bombe sur Nagasaki est tombée le 9 et pas le 8, la même horreur à un jour près...
Ce matin, c'est avec ton Darjeeling que je t'embrasse, à bientôt
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