De plus en plus fort

Après un merveilleux samedi, dimanche l’a imité. Au menu, un thé chez mon amie Laurence : partage et papotage, interrompu par un appel de mon mari qui me propose un petit resto que j’accepte  avec plaisir. Merci chère Laurence pour ces moments théinés.

Retour à la maison sous un beau soleil et un ciel qu’il illumine. 

Comment vont-ils résister aux gelées nocturnes annoncées pour la semaine prochaine ?  Avant de revenir à cette fabuleuse journée passée à Anvers, je veux baptiser ma nouvelle acquisition avec le fameux Kyo-Bancha griffés Azumaya. 

Installation de décor : des chatons de noisetier tout frais cueillis…

La porcelaine vient de la célébrissime Arita, très prisée entre autres par les Hollandais pour ses couleurs, elle a influencé la porcelaine de Delft, cette superbe petite ville des Pays-Bas qui fut un des sièges de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales. 

A l’intérieur de la khyusu de 30cl, le filtre, en porcelaine lui aussi, retient les feuilles. 

Les bols assortis sont griffés, mais que signifie cette griffe… Cathy, si tu me lis… 

La voilà baptisée, le manche ne chauffe pas, ce qui n’était pas le cas de mon poêlon-dragon, 

et la verse est parfaite. Les infusions se suivent cinq en tout, toujours aussi odorantes, feu de bois et dans le bol une bonne chaleur aux notes fumées qui me ramènent à la journée d’hier.

Avant d’y retourner, je compare les couvercles du poêlon-dragon et de la khysiu, vu son épaisseur, je ne me demande s’il ne s’agit pas plutôt de faïence, il faudra que je retourne à Anvers pour le savoir… Mais en pensée aujourd’hui. Arrivées à 11h15 Kronenburgstraat,  je propose un passage dans le koffie-shop à quelques pas de là.  Dès l’entrée, une alléchante odeur de café, titille les narines de Marie-Sophie qui se laisse tenter tandis qu’Agnès craque pour un chocolat chaud artisanal et moi un jus de pomme/rhubarbe bio, le thé sera pour plus tard. Accueil très charmant par la patronne qui ne sert que des produits bio et artisanaux. L’ambiance est enjouée, et cela ne fait que commencer !

Nous voici à présent dans ce petit coin du Japon, Les Saveurs de Yamada, 

accueillie par Cathy qui nous propose un Bancha… fumé. Je n’ai pas besoin de reparler de l’ambiance, il suffit de regarder les mines de mes deux complices ! 

Effectivement, l’odeur des feuilles dans le sachet est plus douce, ce qui se traduit également dans la tasse. Cathy nous explique que sa belle-mère là-bas en prépare une grande quantité dès le matin qu’elle laisse toute la journée, puisqu’il est sans théine et sans aucune amertume « comme nos grands-mères faisaient avec le café à la chicorée », oh oui, souvenir, souvenir de ce parfum fort qui imprégnait la cuisine… 

Pour suivre, le bento du jour : soba froid posé sur un nid de salade agrémenté de morceaux de saumon, nems à la japonaise, morceau de daurade posé sur une salade et recouvert d’une sauce tellement savoureuse que j’ai mangé la peau du poisson, ce que je ne fais jamais, riz et soupe miso.

Et l’on n’entendit plus -mais très momentanément- que le bruit des mandibules. 

Comme dessert, azuki et gelée d’airelles ainsi que quelques fruits frais.  Plus de deux heures d’émotions gustatives et d’échanges avec ces deux fans de restaurants japonais, à Bruxelles comme à Paris ! Il est temps de quitter ce lieu si cosy et avant de le quitter j’annonce à Cathy que je reviendrai un soir avec ma chère Fanou pour fêter son anniversaire. Merci Koji pour cette cuisine si savoureuse et à toi Cathy pour ton accueil si personnel, je me sens chez moi chez toi !

Deuxième station, Leopoldplaats, 12 : Azumaya, (www.azumaya.eu) mon cœur bat plus vite avant même d’y entrer, j’ai aperçu celle qui sera mienne aujourd’hui... 

Sa place est vide à présent, 

Mickaël, que je retrouve avec grand plaisir, la pose ainsi que les deux bols dans un écrin provisoire, j’ai hâte de les voir dans mon cocon ! 

Au menu cette fois, 5 sortes de thés servis avec des pâtisseries du pays du soleil levant… 

Eerste gebak, un dora-yaki très moelleux fourré aux haricots rouges et Matcha. Mickaël nous explique qu’au Japon, avant de servir le Matcha, et vu sa saveur particulière, on offre une pâtisserie sucrée. 

Dans le chawan, cette poudre magique qui bientôt enchantera nos papilles. 

A l’excitation liée à ma nouvelle acquisition, succède cette grande sérénité en observant les gestes harmonieux du maitre de cérémonie. 

En admirant la mousse de jade, je me souviens de ma toute première fois, à des années-lumière de mon état actuel : http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2008/05/mon-premier-cha-no-yu.html . 

Il n’y a pas que moi qui suis fascinée, Agnès et Marie-Sophie boivent les paroles de Mickaël… sans oublier de vider leur chawan bien sûr !

Changement de thé pour le deuxième, comme j’avais déjà bu le fameux Kabuse Sencha de Nara : http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2015/12/une-journee-de-tous-les-superlatifs_30.html notre hôte nous propose un Shira-Ore, ah si le PC diffusait les parfums…

Première infusion d’une grande douceur, 

La deuxième, plus puissante, glisse sur le palais comme du velours. 

Beau camaïeu de verts printanier.

Troisième dégustation, le Sencha Yame premium, feuilles nettement plus foncées et travaillées beaucoup plus finement. 

Première infusion : explosion de saveurs printanières et umami. 

Ce qui est frappant dans la deuxième infusion est non seulement la couleur mais aussi la texture, comme un peu huileux.

Les feuilles infusées occupent une grande partie du filtre alors que sèches, elles tapissaient à peine le fond.  Et que dire de nos échanges, nous sommes impressionnées par ces palettes de saveurs, à la subtiles  et très marquées, prenantes. Nous partageons les mêmes émotions, le même plaisir gustatif. 

Voici à présent deux thés grillés: 

le Hojicha et le Hoji-bancha. 

Chaleur de ce thé à la fois doux et puissant infusé dans une théière en fonte. 

Et pour l’accompagner, une deuxième gâterie à base de ce même Hojicha. 

Nous terminons en beauté avec ce Gyokuro

qui sera infusé dans une théière minuscule, 

sans anse. 

Nous restons sans voix, ou presque ! Emotions gustatives intenses pour moi qui n’en avais plus bu depuis un certain temps…  Il est près de 5 heures, nous arrivons au bout de ces fabuleuses dégustations. 

Mickaël  nous montre à présent un tableau comparatif de la théine contenue dans certaines boissons, 

ainsi qu’un autre qui compare cette fois la manière d’infuser. C’est avec regret mais la tête et le cœur remplis d’ondes positives que nous quittons ce lieu hors du temps non sans remercier chaleureusement notre hôte. C’est d’autant plus fort qu’il n’existe rien de comparable à Bruxelles. Si certains salons y servent  des thés japonais, ils ne sont jamais préparés de cette manière. Anvers n’est qu’à 50 km de Bruxelles, cela vaut donc la peine d’y venir (et donc d’y revenir encore et encore) pour passer des moments comme ceux-ci dans un monde qui marche sur la tête. Nous ne prenons plus assez le temps de nous poser, de découvrir d’autres façons de faire et d’être. Et en sortant me revient un proverbe mongol qui dit "qui boit de l’eau d’une terre étrangère doit en suivre les coutumes"...  Ici, si l’eau n’est pas étrangère, elle est traitée à la manière de là-bas et tout en savourant ces nectars "exotiques", nous retrouvons ce calme et cette sérénité qui font tant de bien à l’âme. Merci les filles d’avoir partagé cette belle journée, à très vite pour en vivre d’autres, les projets ne manquent pas...