jeudi 6 décembre 2012

6 décembre, un jour magique...

6 décembre, jour particulier et magique tant il évoque de merveilleux souvenirs d’enfance. Cette sorte d’excitation qui nous habitait quand, quelques jours avant la date fatidique,  nous écrivions notre lettre, que nous la déposions près de la cheminée, que nous préparions un seau d’eau, des carottes et du sucre pour son âne, que le lendemain, tout était parti sauf quelques gouttes d’eau à côté du seau car, c’est bien connu, les ânes ne boivent pas très proprement. J’aimais un peu moins la lettre de ce saint qui me faisait peur tout à coup, nous rappelant nos bêtises. Nos promesses d’être sages et une menace à peine voilée, saint Nicolas ne passera que chez les enfants sages. Et ce n’était pas ma qualité dominante, loin de là … Alors, déjà à l’époque, j’avais un faible pour père Fouettard, je le trouvais beau, une tignasse pas possible, tout noir avec des grands yeux, une grande bouche et des dents très blanches. Il ne m’a jamais fait peur, même avec son fouet. J’avais même une sorte de fascination pour lui. Je laisse aux psychanalystes qui n’auraient rien d’autre à faire le soin de creuser le sujet. Saint Nicolas, patron des écoliers comme on chantait à l’époque. Fête des enfants par excellence dans mon pays, des enfants … et de tous ceux qui le sont restés, j’en suis. Bien des années plus tard, je revois les yeux éblouis de mes petits-enfants qui le voyaient arriver du fond du jardin et les appelait par leur prénom, la preuve que "c’est le vrai, hein Nanny"… Saint Nicolas, qui récompense les enfants sages. Mais qu'il n'oublie pas surtout que ce sont les autres qui en ont le plus besoin...
En voyant le ciel assez clément ce matin, j’imaginais tous ces petits émerveillés qui découvraient ce que le grand saint leur avait apporté. J’espère que cette magie perdurera longtemps, même si je regrette cet aspect commercial qui risque d’entacher cette fête. J’espère aussi que nos enfants, hyper gâtés, penseront à ceux qui le sont beaucoup moins. Cela s’éduque, même si ce n’est pas facile. Chaque année, je réunissais mes petits-enfants choyés et nous étalions les monceaux de jouets qu’ils avaient ici depuis leur naissance. Chacun devait alors en choisir deux, pas les vieux à moitié cassés, mais deux qu’ils avaient aimé et avec lesquels ils ne jouaient plus pour que saint Nicolas vienne les chercher pour les distribuer à d’autres petits enfants qui n’avaient pas la chance d’en avoir autant qu’eux. Cela a donné lieu à des échanges touchants et certaines réticences, surtout chez les deux plus petites ; "Oui, mais Nanny, j’ai justement envie de rejouer avec celui-là".  Ou alors : "Mais celui-là, ils ne vont pas l’aimer". En entrant dans mon salon, j’ai vu que saint Nicolas était passé et m’avait laissé son portrait, merci saint Nicolas.
Mon premier thé a donc été ce qui correspondait à mon état d’esprit du moment, le Tumsong, issu du Jardin des cœurs heureux. Infusé dans cette théière très british. Son couvercle me fait penser à la bouille d’un enfant en particulier, avec ses longs cils et ses grands yeux noirs.
Puis je me suis replongée dans les livres déjà consultés hier pour arrêter définitivement mon choix sur de nouvelles recettes à tester.
Je voulais aussi tester des cocktails au thé, à commencer par Oh là là, acheté à La crèmerie lors de mon dernier périple parisien.
L’explosion de parfum qui m’a sautée au visage m’a donné envie de l’infuser.
En bouche, les saveurs correspondent bien aux parfums intenses. Je ne me souviens plus du goût du vin chaud, je n’en ai plus bu depuis des lustres, mais ce breuvage dépasse tout ce que je pouvais imaginer.
 Tellement emballée, je l’ai laissé refroidir et le tester en cocktail : deux oranges pressées, le thé et un soupçon de sirop de sucre de canne, je vous conseille de l’essayer mais je vous préviens, l’essayer, c’est l’adopter.
Une pause pour savourer le reste d’Alishan d’automne en écoutant ces mélodies de là-bas.
Les deux me font voyager vers cette belle Ile où m’attend un petit Dragon… entre autres.
J’ai infusé les belles pendant toute la durée du C.D., elles ont maintenant tout donné. Je ne pourrais pas vivre sans musique et à tout ce qu’elle m’apporte… je repense à cette belle phrase de Platon : "La musique donne une âme à nos cœurs et des ailes à la pensée." … Cet après-midi, je veux tester certaines recettes pour voir si je peux les offrir à mes invités. Je commence par la crème de Pivoine blanche, une recette personnelle de Lydia Gautier que vous trouverez page 183, la voici en images, j’ai divisé tous les ingrédients par deux.
Faire chauffer 50 cl de lait et 25 cl de crème avec 10 c. à c. de thé Bai Mu Dan jusqu’au premier frémissement.
Hors du feu, laisser infuser 3 minutes.
Filtrer et porter de nouveau à ébullition.
Battre le sucre (j’ai mis 40 g au lieu des 50 conseillés) et 4 jaunes d’œufs jusqu’à ce qu’il blanchisse.
Ajouter 5 g de fécule.
Verser le tout dans le mélange lait/crème et laisser cuire 5 minutes. Ramollir une feuille de gélatine dans de l’eau froide et l’incorporer à la crème hors du feu.
Mixer, lisser et garnir les pots. Réserver 20 minutes au froid. Une heure plus tard… Comme il y a 3 pots dans le frigo et que nous ne sommes que nous deux ce soir, je ne résiste pas, je vais voir si c’est mangeable.
 Si pour le thé, j’ai employé le superbe Bai Mu Dan de Terre de Chine, sur les conseils de la sommelière d’accompagner la crème du même thé ou d’un thé blanc parfumé aux fleurs ou aux fruits, j’ai choisi Jour J de ThéÔdor, un surprenant thé blanc au … champagne, eh oui, jusqu’à plus ample informé le champagne c’est bien du raisin, non. Et là, je dis merci Lydia, cette crème est une vraie réussite gustative et se marie très bien avec ce thé improbable. Je n’en dis pas plus, j’attendrai les commentaires de mes invités la semaine prochaine et ceux de mon mari ce soir. Et une pensée pour ma chère Maria, c’est elle qui m’a fait découvrir ce thé si particulier. Pour toi, ce jour J était hier… BRAVO et courage pour dimanche (= message codé…). Et continue à m’envoyer du soleil de ton sud, je t’envoie neige et frimas puisque tu aimes cela… Je pensais d’abord continuer à cuisiner mais ce sera pour demain, ce soir j’ai envie de lecture.

2 commentaires:

Fabienne a dit…

Mon dieu, mon dieu j'en bave sur le clavier!!!!

Tu n'as pas besoin d'une goûteuse ,si j'habitais plus près
(Sourire)

Francine a dit…

@ Fabienne: attention à l'électrocution! mais sinon pas de problème, on peut se faire une petite semaine cuisine au thé, qu'en penses-tu?