Voilà ce que donne ce Hong
Lao Jing, l’Aigle rouge du Tibet,
une fois infusé.
A quoi
songes-tu, Pierre, en les admirant ?...
Le voyage continue, nous
voici maintenant à Taiwan, ce Gao Shan Cha est particulier, il a été commandé
par le Maître de thé de Jing le bois utilisé pour la torréfaction est du bois
de litchi.
Il d’agit d’une recette privée, mes notes sont peu claires
tellement je suis prise par la voix mélodieuse de Jing qui a le don de raconter
l’histoire de tous ses thés, un peu comme une berceuse, pas pour nous endormir
mais plus pour amener cette indicible sérénité qui émane d’elle et qu’elle
communique si bien. Il est question des 5 éléments, Wu, Xing, Si Fang Cha, je
suppose que ce sont les sinogrammes notés sur le sachet.
Et toujours ces
gestes simples et harmonieux.
J’aime observer ces moments de grande
concentration
pendant lesquels nos nez nous préparent aux émotions
gustatives qui vont suivre.
Et elles n’ont pas manqué ainsi que les
réflexions au sujet de ce "parfum qui se boit". Pierre : "On
a tout de suite envie de l’aimer"
Anne : "il s’offre,
il est accueillant"
Annik : "une douceur, une
rondeur, une plénitude". Et moi, je suis pour une fois sans voix, comme
en extase, non seulement en savourant chaque gorgée mais aussi fascinée par cette
ambiance si particulière et tout ce que de simples feuilles évoquent, le fait d’avoir
noté nos impressions, nos sensations a permis de mieux formaliser nos émotions
et ainsi les partager avec des mots.
Les infusions se suivent apportant
chacune des saveurs subtiles, légèrement différentes mais toujours fleuries et
douces.
Toucher celles qui nous ont procuré tant de bonheur, en est un
supplémentaire, comme une autre rétrolfaction.
Ici, je me crois en pays de
connaissance avec cet Oriental Beauty.
Sauf que celui-ci a 26 ans d’âge !
Je salive déjà rien qu’en regardant sa préparation.
Et à nouveau ces moments
où nos nez nous préparent à l’extase.
Il y a 26 ans que les feuilles
attendaient… Et les mots me viennent si facilement que je m’empresse de noter, c’est
une explosion de saveurs : fleuries, mimosas ; fruitées, citron,
pommes cuites.
Et elles inspirent également Annik et Anne.
Je ne compte pas les infusions, il devient
liquoreux, gingembre, cannelle et puis évolue vers des notes boisées qui
goûtent la cannelle.
En admirant ces feuilles
qui sont loin d’avoir
tout donné, je pense à ces cueilleuses qui, il y a plus d’un quart de siècle, les
ont de leurs doigts de fée si patiemment sélectionnées.
Je ne m’en lasse
pas et Pierre non plus d’ailleurs.
Ici, Jing extrait très
précautionneusement de la jarre, ces thés de circonstance …
Un
mélange de deux thés prestigieux…
Le premier est le Bu Lao Dan, l’Elixir de
Jeunesse éternelle
Le deuxième : le Sheng Dan Chang, le Thé de l’immortalité.
J’espère avoir correctement noté ces merveilles "spécial anniversaire"...
La couleur de l’infusion est d’un bel acajou profond.
incroyable longueur en
bouche, infinie douceur.
Les photos
parlent d’elles-mêmes.
Les infusions se
succèdent, nous permettant d’en savoir plus sur ces thés si particuliers dont la
procédure de fermentation dure trois ans, une vraie alchimie. (
La liqueur
devient plus pâle, le parfum s’atténue mais les saveurs restent bien présentes,
on boit chaque gorgée comme on boit les paroles de Jing, encore une belle
histoire :
on sort les feuilles quelques heures pour qu’elles
absorbent la lumière du soleil, elles sont ensuite rentrées
puis elles
sont à nouveau sorties quand il fait nuit noire, elles prennent alors la
lumière de la lune.
Ce sera maintenant la dernière découverte, mais pas la
moindre :
le Zhen Ai, Vrai Amour, dont j’ai déjà parlé ici :
http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2012/12/encore-un-week-end-fabuleux-qui-en.html
Reste parmi nous, Anne… tu n’es qu’au cinquième niveau.
Le douzième, c'est un Pu Er plus que centenaire (110 exactement), le Bai Nian Hong Zhi, Zhi, ce champignon légendaire qui, selon les Chinois, rende immortel. Le Maître le nomme Retour à la simplicité naissante....Quant à Ai Hai, Océan d’Amour, il est inclassable, c'est un thé noir de 1820, je pense que nous risquons tous de
léviter…
Jing nous propose de préparer et de partager le Vrai Amour en silence,
avec une lumière tamisée,
un
moment fort
d’intense méditation.
Seul le bruit de l’eau est
perceptible, les battements de mon cœur aussi, j’ai les larmes aux yeux.
Instants
de paix profonde,
de retour à l’essentiel,
de véritable partage…
De
ces moments hors du temps qui resteront gravés à jamais en nous.
Mais ce
n’est pas encore terminé, Jing nous propose de chanter un de ses chants
préférés pour nous remercier d’avoir partagé cet après-midi. Malgré ce qu’elle
a dit, je lui trouve une jolie voix, elle chante en se balançant, ce qui ajoute
au charme. Je me demande ce que racontent les parole, le titre est J’aime mon pays, mais je préfère les filles.
La journée n’est pas terminée, nous partons maintenant dans un petit
coin de Taiwan,
tout à côté de la place Jourdan.
Certains intitulés
sont intrigants comme celui-ci : Cochon mordu par le tigre.
Mais
tous
sont plus appétissants
les uns que les autres.
Et voilà
découvert le cochon mordu parle tigre, il sera bientôt dévoré par nous qui nous
partageons le contenu de chacun des plats qui sont autant d’explosions de
saveurs subtiles qui se combinent harmonieusement.
Nos conversations sont
tour à tour légères et plus sérieuses, du mythe de la fin du monde, auquel
aucun d’entre nous ne croit
sauf s’il s’agit d’un changement radical dans
notre façon d’aborder les choses et le monde, plus en accord avec des valeurs d’authenticité,
de partage, comme dans la voie du thé, celle sur laquelle nous sommes tous et à
jamais. MERCI à vous quatre pour ces temps forts dont il m’est resté encore
aujourd’hui une sérénité que d’habitude je ne garde pas longtemps en moi. Nous
nous reverrons le 20 janvier parce que pour moi, le Caire, cela restera un beau
rêve mais je penserai à vous…
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