dimanche 23 décembre 2012

De la tristesse à la sérénité

Tout avait pourtant très mal commencé, la nuit de vendredi à samedi a ressemblé à un retour en arrière : forte fièvre, mal au crâne et toux démoniaque. Je dois dire que j’ai eu un moment de découragement, je ne voulais pas revivre des jours de déprivation sensorielle. Mais surtout, il n’était plus question que je sorte fêter la "non-Noël" avec ma filleule adorée… Je l’ai vue quand même, elle au moins ne me fuit pas (= message codé…) ! Après avoir été cherché des tringles, quel courage ma Puce !, nous avons partagé le thé.
Morceaux choisis de notre conversation : "avec moi, on n’apprend plus rien sur ton blog, je veux toujours le même thé". Eh oui, ma Puce, je t’ai connue beaucoup plus curieuse de nouvelles sensations gustatives… C’est cela une addiction monomaniaque… Que vas-tu devenir quand il n’y aura plus de Yamato Kabuse Sencha ?
Quelques autres joutes oratoires très gaies
comme nous les aimons puis achèvement du travail au grenier.
Retour dans mon cocon après le montage des tringles, et avec son air hilare que je connais très bien: "J’ai pas trouvé ton marteau, j’ai employé ton Larousse gastronomique". Au moins il a servi, parce que pour lui préparer un sandwich au roastbeef/ mayo, je n’en pas eu besoin … Après quelques recommandations concernant ma santé que j’ai écoutées à ma façon, du genre cause bien, ta voix m’enchante, nous devons déjà nous quitter. Merci pour ta présence ô ma Puce, on se revoit bientôt et je te promets une méga-guindaille !
Ce matin au réveil, ma première action, après être allée un bref instant sur ma terrasse (non Puce, je ne sors pas je m’aère seulement, il y a du vent mais il fait très doux), je soigne ce merveilleux bouquet avec une pensée émue et reconnaissante pour ma généreuse donatrice.
 Et puis, direction mon salon bleu-thé pour un petit déjeuner plein de nostalgie… Oranges pressées par mon mari, un délicieux Makaibari de la Magie du thé où j’ai dû renoncer à me rendre, mais ce n’est que partie remise… Vous me manquez les filles.
Et last but not least, cette délicieuse madeleine, un des cadeaux de ma chère Fabienne, je l’ai congelée et honnêtement, elle est aussi bonne que la fraîche. Il m’en reste une, ce sera pour le goûter... si je tiens jusque là!
Ce midi, j’avais envie d’un thé fumé mais il est en bas, ce sera donc un Houjicha de chez Tamayura.
 Je n’ai pas besoin de plonger mon nez dans le sachet pour que mes sens soient en éveil, mon odorat surtout, mais j’ai l’impression d’avoir déjà les saveurs en bouche...
 Infusé dans cette très élégante théière blanche que j’inaugure aujourd’hui, elle vient de la Maison de la Chine, merci à mon généreux donateur, je bois à toi, à ta générosité et à tout ce que tu es pour moi. J’aime cette saveur à la fois douce et sucrée avec ces notes de pain grillé et de caramel.
Les feuilles infusées me ramènent dans la cuisine de ma chère grand-mère, elle préparait le café à l’ancienne dans une chaussette avec de la chicorée, c’est exactement ce parfum qui envahit d’abord mes narines frétillantes et qui me font penser à cette marraine exceptionnelle, qui reste à jamais dans mon cœur. Chaque fois que je pense à elle, et cela m’arrive souvent, ne me viennent que de très bons souvenirs. Même quand elle me grondait, elle avait le don de le faire de telle manière que je recevais chacune de ses remarques comme des enseignements et non comme des leçons de morale. Avec elle, je n’avais pas besoin d’inventer mille et une excuses à mon comportement… Et Dieu sait pourtant si j’avais une imagination fertile !
Retour dans mon cocon. Fabienne ne s’est pas contentée des madeleines, elle m’a aussi offert deux thés. Et me voilà maintenant Au Fond du Jardin… Avant de choisir le thé, je me plonge avec envie dans le dépliant illustrant les créations de Laurent, ce magicien des saveurs. Scarabée rouge "cerise amarena et coque en chocolat noir, poudrée rubis" est de toutes les madeleines que j’ai déjà goûtées ma préférée. Le thé maintenant. Les deux m’inspirent.
C’est en lisant ce qu’en dit Frédéric, le magicien des mots, que je choisis Strasbourg Belle Epoque : "Ciel d’ambre aux reflets de grès, brumes légères et calèches enneigées, saveurs de pains d’épices et bois coupés, alors la Belle époque de Noël peut commencer. Strasbourg, le plus beau des hivers".
 Tout en savourant ces délices en écoutant ces chants de Noël, je me rappelle la découverte de ce lieu magique, et la rencontre avec Frédéric, il y a plus de 10 ans déjà. Je revenais d’une boutique Esprit ethnique, dont j’aimais le concept : à la fois vente de mobilier et d’objets asiatiques et aussi quelques thés évidemment. Cette maison n’existe plus malheureusement, dommage, je me souviendrai toujours de l’accueil chaleureux de Renaud qui m’a fait découvrir l’Amacha Buddha. Je ne me souviens plus du n° mais du nom de la rue… rue des Veaux, je me demande encore d’où vient ce nom saugrenu dans ce quartier… C’est en remontant vers la place Cathédrale que je suis tombée en arrêt devant cette boutique so English. Il faisait glacial mais dès la porte franchie, une douche chaleur m’envahit. Je ne savais pas où poser les yeux tellement tout était beau, très raffiné. C’est en achevant ma première madeleine que je me rappelle ce que j’ai mangé alors, il me semble qu’il n’y avait pas encore de madeleines mais de délicieux cakes.
 Et c’est là que j’ai vraiment fait connaissance avec Frédéric et son incroyable talent à décrire et ses thés et les gâteries qui les accompagnent. Je suis restée quasi jusqu’à la fermeture, je me sentais tellement bien. Après avoir griffonné quelques mots dans mon carnet de voyage, j’ai écouté avec délectation Frédéric décrire ce qu’il pouvait offrir à ces clients. Décrire ? Non, plutôt conter tellement on savourait ses mots avant même de goûter ce qu’ils recouvraient. Clients ? Non plus, hôtes tellement on se sent réellement accueillis, magique je vous dis.
 Cinq ans  plus tard, j’y suis retournée en disant à Frédéric que j’étais venue une première fois. Sa réponse m’a véritablement étonnée et fort émue aussi, il m’a dit qu’il s’en souvenait très bien et m’a montré la table où il m’avait installée ! Depuis c’est devenu un incontournable chaque fois que je séjourne à Strasbourg. Merci chère Fabienne pour toutes tes gâteries, j’ai bu à toi en espérant que tu ailles mieux pour Noël, j’espère vraiment que ce n’est pas moi qui t’ai refilé mes microbes !
C’est l’heure (officielle) du Five ‘o clock tea, il sera ancien et chinois. C’est le Lao Cha Wang, Wulong antique de chez Thés de Chine dont j’ai déjà parlé entre autres ici : http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2012/07/en-attendant-dy-etre.html
 Je me souviens qu’il m’a fallu l’apprivoiser, va-t-il me parler aujourd’hui ?
La réponse est : et comment ! Je retrouve ces saveurs pâtissières, douces et sucrées.
 Les infusions se poursuivent, les saveurs évoluent, ici ce sont des notes boisées qui dominent mais la douceur reste. Thé de méditation aussi, j’ai retrouvé cette sérénité que me procurent les gestes lents et précis du Gong Fu.
Un regard à l’intérieur de la théière, feuilles déjà bien épanouies.
La liqueur tire sur le brun orangé, les feuilles offrent maintenant des saveurs plus corsées, fumées même.
Plaisir de l’attente.
Après la méditation, la musique : instruments traditionnels pour interpréter ces poèmes de la dynastie Song.
Stop ou encore ? Encore évidemment.
Si la couleur a encore foncé, la saveur redevient sucrée…
Je ne sais pas si elles ont vraiment tout donné.
Mais je n’ai, très momentanément, plus soif. Je suis réconciliée avec moi-même, j’ai aimé ces longues heures consacrées au thé et à ce qu’il a évoqué aujourd’hui, cela m’a fait oublier que je suis cloîtrée jusqu’à mercredi au plus tôt (dixit le toubib) mais pour moi, c’est au plus tard ! Quand je pense qu’il m’a dit que dans mon cas, on hospitalise… Oui ma Puce, je sais (= message codé).

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